Sorti le 19 juin dernier, Vice Versa 2 est déjà en train de cartonner au box-office. Pourtant, le film est actuellement au cœur d’une polémique qui ne cesse de grandir, et qui devrait ravir l’extrême droite.
Vice versa 2 : déjà un succès
Presque dix ans après le premier volet, les émotions de Vice Versa sont de retour au cinéma dans un deuxième opus réalisé par Kelsey Mann. Les retours presses et spectateurs sont majoritairement positifs. Actuellement, le film enregistre le meilleur démarrage sur le sol français de l’année 2023 (devant Dune 2) avec plus de 1,6 millions d’entrées en seulement 5 jours. En à peine une semaine d’exploitation, Vice Versa 2 a déjà engrangé 729 millions de dollars de recette au box-office.
Une polémique qui pourrait entacher son succès ?
Depuis quelques jours, Vice Versa 2 a été projeté au cœur d’une polémique inattendue. En effet, le film est pointé du doigt pour faire l’apologie de l’Islam. Effectivement, le long-métrage de Kesley Mann met en scène une jeune femme voilée. Un personnage secondaire totalement inoffensif mais qui a suffit à énerver une partie de la population. Certaines voix se sont levées contre le film Pixar pour dénoncer la présence de ce signe religieux dans un film à destination du jeune public. Une controverse symptomatique des tensions autour de la représentation de l’Islam dans la pop culture contemporaine.
Les détracteurs soulignent la présence du hijab, même de manière aussi discrète que dans Vice Versa 2. Ils estiment qu’il s’agit là d’une banalisation de cet attribut religieux et de son idéologie. Surtout auprès d’un public aussi influençable que des enfants.
De nombreuses personnalités politiques et médiatiques ont réagit à cette polémique. Par exemple, l’essayiste Samuel Athlan a déclaré sur Twitter :
Je sors du cinéma et je suis choqué.
June 22, 2024
J’amène mes enfants voir un film sur leurs émotions.
Elles attendaient ce film avec impatience : Vice Versa 2.
Et dès les premiers plans, que vois-je ?
Une jeune fille voilée.
Quel est le rapport avec un film enfantin qui vise à faire… pic.twitter.com/F5XkE7DIzz
Le politicien d’extrême droite Gilbert Collard a également déclaré qu’il s’agit là d’un :
« Cheval de Troie islamiste ».
Disney contre-attaque
Évidemment, Disney n’a pas laissé passer cette polémique. Le studio s’est défendu en prônant la diversité et l’inclusivité dans ses œuvres :
Nos histoires sont le reflet de la diversité du monde dans lequel nous vivons. Vice-Versa 2 ne fait pas exception, il met en scène une galerie de personnages représentatifs de la société actuelle.
L’entreprise précise également que la présence de ce voile n’est en aucun cas à but politique ou pour faire l’apologie d’une quelconque idée religieuse, mais qu’il s’agit d’un élément scénaristique et esthétique comme un autre.
Mais le sujet reste à controverse. D’un point de vue de la représentation, c’est normal et logique de voir une jeune fille voilée dans un film qui cherche à englober le plus grand nombre. Surtout en 2024. Mais d’un point de vue de la laïcité, cela pose quelques problèmes idéologiques puisque le voile demeure être un signe religieux distinctif. C’est en tout cas le point de vu du philosophe Henri Desroche, spécialiste de la laïcité, au micro de Viral Mag :
Montrer la réalité du fait musulman est une chose, mais il faut être vigilant à ne pas tomber dans une forme de propagande, surtout en direction des enfants. Le voile reste un marqueur religieux fort et controversé, son apparition au détour d’un dessin animé est loin d’être anodine.
Le réalisateur John Brill, lui, s’inquiète d’une sur-représentation de personnages compatibles avec l’Islam dans le cinéma hollywoodien, au risque de censurer les artistes :
On en arrive à une situation absurde où la moindre production sans personnage musulman devient suspecte, comme s’il y avait un quota à remplir. Cela bride la liberté des artistes.
Une idée qui est tout de suite temporisée par la sociologue Emilie Franck :
Les temps changent, les mentalités aussi. L’inclusion de l’Islam dans la pop culture était inévitable. Cela ne veut pas dire qu’Hollywood est devenu une officine islamiste ! Il faut raison garder
La réalisatrice Annelise Michot a quant à elle un point de vue plus tranché sur la question, et estime que c’est important de représenter toutes les communautés, quelque que soit leur religion :
On ne peut pas d’un côté appeler à davantage de diversité à l’écran et de l’autre s’offusquer dès qu’un personnage s’écarte de la norme «neutre» implicitement blanche et chrétienne. Les musulmans font partie de notre société, il est normal que les œuvres en tiennent compte sans que cela vire au militantisme.
Un débat qui n'a donc pas fini de faire couler de l'encre et qui devrait être de plus en plus ancré dans les discussions politiques et artistiques de notre ère.
Par Cinéphile94, il y a 3 mois :
N'importe quoi. On peut même pas mettre en scène une femme voilée sans que ça parte en sucette.
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