Le Seigneur des Anneaux : l'inspiration folle de Tolkien pour créer le Marais des Morts
Légendes scandinaves, la révolution industrielle, connaissances en linguistiques, J.R.R. Tolkien s'est inspiré de nombreuses œuvres et de sa vie pour construire son univers florissant du Seigneur des Anneaux et lui donner toute cette authenticité. Penchons-nous aujourd'hui sur son inspiration derrière l'effroyable Marais des Morts.
L'histoire du marais des morts, de la Guerre de la Dernière Alliance au passage de frodon
Parmi les endroits les plus hostiles que traversent les membres de la Communauté de l'Anneau au cours de leur périple dans Les Terres du Milieu, figure le Marais des Morts. Vaste région marécageuse située au nord-ouest du Mordor, l'énorme étendue lugubre doit son nom à l'affrontement des armées d'Elendil et Gil-galad face aux forces de Sauron dans la plaine de Dagorlad lors de la célèbre Guerre de la Dernière Alliance, qui mit fin au 2ème Âge. Les innombrables corps qui jonchèrent la plaine furent engloutis au fil des ans par les marécages.
À la fin du Troisième Âge, il fut le théâtre de phénomènes inexplicables : « des lumières flottaient dans l'air au-dessus des étangs où apparaissaient les visages des victimes ». Ce qui nous amène en mars 3019, lorsque Frodon Sam et Gollum décidèrent de le traverser, afin de gagner plus rapidement le Mordor. Surveillés par les Nazgûl, le groupe doit se cacher, alors que Frodon subit de plus en plus le poids de l'Anneau Unique. Le Hobbit tombe alors dans le marécage, et l'horreur atteint son apogée lorsqu'il aperçoit « ces faces pâles au plus profond de ces eaux sombres. De fiers et beaux visages en grand nombre, avec des algues dans leur chevelure d'argent. Mais tous immondes, pourrissants, tous morts ».
Cet évènement traumatisant qui a inspiré Tolkien dans l'imagination du marais des morts
Ce passage effroyable, fidèlement mis en pellicule par Peter Jackson dans Les Deux Tours est une référence directe par Tolkien à la Première Guerre mondiale. L'écrivain britannique fut envoyé sur le front français en 1916, il fut témoin des horreurs du conflit alors qu'il servait comme officier de transmission lors du carnage de la bataille de la Somme (dans le département du même nom), où plus d'un million de vies furent perdues, dont ses trois meilleurs amis. Il en sortit vivant lorsqu'il fut hospitalisé au mois d'octobre après avoir contracté la « fièvre des tranchées ».
Hanté, Tolkien s'est inspiré des paysages décimés et des cratères formés par les obus pour imaginer Le Marais des Morts. L’image obsédante des soldats tombés au combat, submergés dans la boue et l’eau, rappelle les victimes Naines, Elfes, Hommes et Orcs emprisonnés dans les eaux lugubres de l'étendue sauvage.
« Les marais des Morts et les abords du Morannon ont une dette envers le nord de la France après la bataille de la Somme […] ils doivent quelque chose au nord de la France après la bataille de la Somme. Peut-être était-ce vraiment le jour, […] mais les Hobbits ne voyaient guère de différence, sinon que le ciel lourd était peut-être moins totalement noir, ressemblant à une grande voûte de fumée », détaille Tolkien.
L'horreur vécue par Tolkien lors de la Grande Guerre est telle que le romancier a choisi de faire du Marais des Morts un lieu où les défunts demeurent éternellement, défiant l'ordre naturel des choses, à la différence des restes du champ de bataille de la Somme. Leurs esprits hantent perpétuellement les lieux, une façon de cristalliser l'affrontement titanesque qui a eu lieu plus tôt entre Sauron et les peuples libres de la Terre du Milieu.
Mais l'inspiration de la Première Guerre mondiale qu'a voulu insuffler Tolkien à son récit va au-delà du Marais des Morts. Il est mentionné que La Comté, est une sorte d'Angleterre bucolique de l'avant-guerre sentant arriver la menace de l'ennemi. Celle du Mordor, région calcinée qui évoque directement le champ de bataille et ses tranchées. « C'est la guerre qui a aiguisé mon goût pour le conte de fées jusqu'à lui donner pleine vie » a-t-il avoué dans les années 50.