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Blizzard au coeur d'une polémique intense après une enquête pour harcèlement et homophobie

De Alix Odorico - Posté le 17 novembre 2021 à 14h49 dans Jeux vidéo

Alors que le monde du jeu vidéo, et en particulier les gros studios de développement et éditeurs sont secoués par des enquêtes liées à de nombreuses plaintes de harcèlements et d'agressions sexuelles, voici qu'une enquête d'envergure cible l'un des plus gros d'entre eux : Activision Blizzard et son PDG Robert Kotick.

des femmes légèrement vêtues ont dansé sur des poteaux de strip-teaseuse

En début de mois, nous vous évoquions le départ de la co-directrice d'Activision Blizzard après seulement 3 mois de prise de poste, pour des raisons plutôt obscures, si ce n'était en raison d'un virage vers Women In Games International, une association qui vise à garantir l'égalité et la diversité dans l'industrie du jeu vidéo. Dans un courrier électronique, elle exprimait déjà son manque de confiance dans la direction pour changer la culture de la société. Bizarre quand on sait que Blizzard annonçait vouloir apporter davantage de diversité dans ses locaux.

Aujourd'hui, on en sait un peu plus sur les raisons de ce départ. Dans une enquête réalisée par le célèbre Wall Street Journal, on apprend les raisons de ce départ précipité de Jennifer Oneal. À travers une série de mails récupérés par le WSJ (Wall Street Journal, ndr.), l'ex co-directrice, gay et d'origine asiatique, victime d'une culture d'entreprise toxique et délétère, a annoncé avoir été harcelée durant sa carrière. Pire, elle dit ceci : "J'ai été utilisée, marginalisée et discriminée". Elle affirme aussi avoir été moins bien payée à son nouveau poste que son collègue masculin Mike Ybarra, avec qui elle assurait la présidence.

L'enquête évoque également une fête à laquelle Oneal a assisté en 2007, avec le PDG d'Activision Blizzard Robert Kotick, à laquelle "des femmes légèrement vêtues ont dansé sur des poteaux de strip-teaseuse", tandis qu'un DJ "encourageait les participantes à boire plus pour que les hommes passent un meilleur moment". Le WSJ ajoute qu'un représentant de Kotick affirme que ce dernier "ne se souvenait pas d'avoir assisté à une telle fête".

Les masques tombent

Un mea-culpa lourd de conséquences. À travers ce témoignage, l'enquête révèle que Kotick aurait couvert plusieurs faits d'agressions et de harcèlements sexuels, et de ne pas les avoir fait remonter au conseil d’administration. En effet, le rapport allègue également que Kotick était déjà au courant de plusieurs allégations d'agression sexuelle dans l'entreprise et que le PDG était lui-même impliqué dans des incidents de harcèlement contre des travailleuses.

Citons cette ancienne employée de Sledgehammer Games (studio appartenant à Activision) qui déclarait dans un mail envoyé à Kotick en 2018 avoir été violée par son supérieur hiérarchique, Javier Panameno, en 2016 et 2017. Conséquence ? Aucune réponse d'Activision, donc aucune poursuite, et la salariée concernée a fini par être mise à la porte.

Autre cas, celui d'Eduard Roehrich, ancien développeur de Sledgehammer, visé par une enquête pour des faits de harcèlement au cours d'une soirée au bureau, en 2017. Conséquence ? Une retenue de deux semaines sur son salaire. Les ressources humaines du groupe lui demandaient dans une lettre de garder cette affaire sous silence.

Parlons aussi de Dan Bunting, co-directeur de Treyarch, autre gros studio d'Activision Blizzard, qui aurait été accusé de harcèlement sexuel à la suite d'une soirée alcoolisée en 2017. Conséquence ? Malgré une enquête lancée en interne en 2019, qui recommandait son licenciement, Kotick serait intervenu pour le garder, et lui aurait imposer quelques mesures disciplinaires. Bunting aurait démissionné de son poste dès l'arrivée de leurs premières questions.

Kotick dans l’œil du cyclone

Kotick est lui-même accusé d’avoir harcelé une de ses assistantes en 2006 et de l’avoir menacée de mort dans un message laissé sur son répondeur. Un porte-parole d’Activision a indiqué qu’il s’était excusé il y a 16 ans pour « ce message hyperbolique et inapproprié ».

Dans la tourmente, alors qu'il doit désormais éteindre un énorme incendie provoqué par l'enquête du WSJ, Kotick se voit désormais ciblé par 150 salariés d’Activision Blizzard, qui clame pour sa démission.

Activision Blizzard  : plus de 500 signalements de cas de harcèlement

Déjà, cet été le Department of Fair Employment and Housing de Californie, qui chasse "la discrimination illégale à l'emploi, au logement, dans les entreprises et les programmes financés par l'État, ainsi que la violence motivée par les préjugés et la traite des êtres humains", avait déposé une plainte contre Activision Blizzard visant à dénoncer un "harcèlement sexuel constant, y compris des attouchements, des commentaires et des avances liés à une certaine culture d'entreprise". On pouvait y relever un environnement qui serait particulièrement hostile aux femmes de couleur, une inégalité salariale selon les sexes, ou le suicide d'un employé qui serait lié à du harcèlement d'entreprise.

Et déjà, à l'époque, les complaintes des employés transmises aux ressources humaines étaient restées sans suite. Aujourd'hui, Activision Blizzard a reçu plus de 500 signalements de cas de harcèlement, d’agression sexuelle et de discrimination.

Voici donc une enquête édifiante qui fait écho a de nombreuses plaintes dont sont accusés d'autres studios de développement, comme Ubisoft ou CD Projekt pour ne citer qu'eux. Mais celle-ci participe aussi à une forme de libéralisation de la parole de ces victimes de harcèlements, qui permet de faire tomber les masques.

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Mots-Clés : enquêteActivision Blizzardjeux vidéoblizzard

Enfant des nineties qui a grandit avec DBZ, Ocarina of Time et Malcolm, et depuis devenu expert en armes à feu sur Resident Evil. Voue un culte à James Bond et ses smokings.

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Commentaires (5)

Par Xmattks, il y a 2 ans :

Cela est dû en partie à une culture d'entreprise à majorité masculine et très jeune. Espérons que cette enquête en amène d'autres, et qu'il y aura des poursuites

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Par Alineo, il y a 2 ans (en réponse à Xmattks):

C'est dû à une culture d'entreprise de connards. Je bosse dans une boite d'informatique avec pas mal de jeunes, et on sait se comporter comme des personnes décentes.

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Par lolsncf, il y a 2 ans (en réponse à Alineo):

"on sait se comporter comme des personnes décentes."
Bah du haut de mon expérience, c'est rare dans le domaine de l'info, entre ceux qui pète au téléphone, ceux qui te prend pour leur pote, les vidéos d'usul sur le sujet et les forums de dev où y'a un peine 1 dev sur 10, qui a pas l'air d'un sociopathe... ça a pas l'air courant.

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Par Putride, il y a 2 ans :

Bordel le gars sur la photo avec la pancarte. Fragiulous maximus.

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Par abcd, il y a 2 ans :

"des femmes légèrement vêtues ont dansé sur des poteaux de strip-teaseuse"

C'est un problème ?

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