Un Américain se fait passer pour un médecin spécialiste du sexe et trompe de nombreux médias
En 2018, de nombreux médias américains se sont tournés vers un spécialiste du sexe du nom de Damian Jacob Markiewicz Sendler. Âgé de 28 ans, le jeune homme serait, à première vue, un intervenant de qualité, notamment doté d'un MD et d'un PhD de l'Harvard Medical School. Seulement, après avoir enquêté, Gizmodo est en mesure d'affirmer que Sendler est un menteur, mais un bon.
TEL est pris, qui croyait prendre
En quelques mois, de nombreux médias américains se sont reposés sur l'expertise d'un spécialiste du nom de Damian Jacob Markiewicz Sendler. Vice, Playboy, Savage Lovecast, Huffington Post, Insider, Bustle, Thrive Global, Women’s Health, ou encore Forbes, la liste est longue. Certains comme l'Insider ont enlevé les citations du soi-disant docteur, d'autres tel Forbes ont préféré supprimé leurs articles. Parmi les mensonges retrouvés sur le CV de Sendler, on retrouve un MD et un PhD de l'Harvard Medical School, le statut de plus jeune membre élu de l'American Psychiatric Association and the American Academy of Psychiatry and the Law, un poste de sexologue en chef d'une fondation à but non-lucratif basée à New-York, mais également une President’s Gold Service Award, remise par le Président Barack Obama en personne, pour sa contribution dans le domaine médical (une récompense qui n'existe pas). Un CV de qualité, etoffé par ses domaines d'études spécifiques et atypiques, comme la nécrophilie, la zoophilie, l'asphyxie érotique mortelle et les agressions sexuelles. Parmi ses études les plus populaires, l'une d'entre elles est intitulée "Mécanismes similaires de blessures rectales traumatiques chez des patients ayant pratiqué le sexe anal identiques à celles d'animaux fistés par des partenaires sexuels humains."
Un selfie publié par Damian Sandler en novembre 2018.
Sa notoriété grandissante lui permet notamment d'augmenter le nombre de visiteurs sur son site, via laquelle il propose des séances en ligne de psychothérapie et de thérapie sexuelle. L'enquête menée par Gizmodo n'est pas passée inaperçue et de nombreux médias, internautes et professionnels du monde médical se sont tournés vers Sendler en quête de réponse. Sur son site, l'américain annonce s'éloigner des réseaux sociaux, mais atteste que les médias sont en tort. Les différents reporters à qui il a eu affaire lui auraient assuré avoir pris compte de toutes les informations délivrées dans ses papiers. Un mensonge selon lui. Sendler ne revient pas sur son CV ou ses qualifications douteuses et indique "ignorer les commentaires à cet égard".
Avant de rencontrer Sendler, Jennings Brown, éditeur senior et reporter pour Gizmodo, a confronté ses qualifications prétendues avec des dizaines de sources issues d'universités et d'hôpitaux, démêlant le vrai du faux. Parmi elles, on retrouve le professeur Yi Zhang, qui enseigne la génétique à Harvard. Durant l'interview, Sendler lui a confié avoir revu Zhang à Boston en janvier dernier, et que ce dernier, qui ne croyait pas en lui au départ, lui avait confié être désormais fier de lui. Seulement, décrit comme l'un des mentors de Sendler, Zhang a toutefois assuré à Brown que son ancien élève avait quitté son laboratoire en 2014 et qu'il ne l'avait jamais revu depuis. "Il faisait une chose et prétendait en avoir fait dix. Il parlait beaucoup. Il peut vendre".
Du côté du Broad Institude, affilé au laboratoire de Zhang, un représentant de l'établissement a tout de même confirmé que Sendler avait travaillé de novembre 2012 à janvier 2013 via une mission non rémunérée. Il a ensuite continué à travailler avec le laboratoire de Zhang de juillet 2013 à avril 2014 au Boston Children’s Hospital en tant que technicien de recherche avant de devenir employé de l'Howard Hughes Medical Institute. Il a ensuite changé de laboratoire pour travailler en tant que technicien à plein temps de la moitié de 2014 jusqu'à la fin de l'été 2015, toujours au Broad Institute.
Sur son site, il était possible de poser sur la photo de remise des diplômes de Damien Sendler, devant l'Université d'Harvard. On y retrouve également le professeur Zhang. Seulement, cette photo n'est autre qu'une photo souvenir de Zhang et ses techniciens, alors que Sendler n'était alors même pas étudiant de l'établissement. Même s'il assure avoir été diplômé de son lycée de New-York à l'âge de 16 ans, avec deux ans d'avance, avant d'atterrir à l'université, son bachelor n'a été débuté qu'en 2008, alors qu'il est âgé de 18 ans. Questionné dessus au cours de l'interview, Sendler avoue ne pas se souvenir de son âge au moment de son entrée à l'université. Des vérifications douteuses, son CV en est plein et concernent plusieurs établissements comme le Columbia Vagelos College of Physicians and Surgeons ou la Medical University of Warsaw.
Brown a également demandé à des professionnels du milieu de regarder les études menées et publiées par Sendler afin de mettre en lumière leurs qualités et leurs défauts. Les thèmes abordés sont atypiques : nécrophilie, zoophilie ou encore suicide. Mais alors que les papiers publiés par Sendler manquent de professionnalisme, notamment dans les termes employés, incorrects ou très fortement déconseillés, ces derniers peuvent être utilisés par la justice assure Anna Randall, thérapeute sexuelle certifiée.
Malgré toutes les preuves apportées, Sendler a toujours indiqué que ces falsifications hypothétiques n'étaient que marketing ou une présentation déformée. "C'est subjectif en quelque sorte non ? Est-ce que tout le monde ne se représente pas faussement de toutes les manières possibles ?" a-t-il indiqué durant son interview dans les locaux de Gizmodo. "Vous devez comprendre que ce que les gens utilisent dans ce monde - même le Président de ce pays utilise Twitter et créer des mensonges chaque jour. Comment fait-on alors pour mesurer le degré d'accusation que l'on peut faire ? Parce que, vous voyez, si l'homme le plus puissant peut faire ça huit mille, neuf mille fois... et qu'il s'en fiche. Il continue et les gens le supportent toujours puisqu'ils croient dans ce qu'il fait. [...] Parfois, la manière dont vous vendez des choses et convainquez des gens a de l'importance. La réalité peut être gonflée et tout fait partie du jeu".
Parce que pour enc*ler tant de gens comme il a fait, faut vraiment être doué.
Et le mec est allé jusqu'à faire des missions NON REMUNEREES. En général, quand tu fais ce genre de truc, c'est pour l'argent, mais là...
C'est incompréhensible.
Est-ce que ça tient d'une pathologie mentale ?
Les médias sont responsables de leurs fake news.
On est bien dans du marketing ou une présentation déformée ... mais à un autre niveau ... et les pratiques nommées dans l'article , on les subis tous les jours ...