Pirates des Caraïbes : Gore Verbinski raconte l'enfer du tournage du 2ème et 3ème film

18 mars 2021 à 17h56 dans Cinéma

Les trois premiers films Pirates des Caraïbes nous ont marqué sur bien des points, à commencer par l'iconique trio composé de Jack Sparrow (Johnny Depp), Elizabeth Swann (Keira Knightley) et William Turner (Orlando Bloom). Gore Verbinski, réalisateur des trois premiers films, nous a offert des long-métrages de qualité, mêlant avec brio scènes d'action et humour. Force est de constater que la performance de Johnny Depp a su convaincre, en témoigne une récente pétition créée pour le faire revenir dans les films. En attendant son éventuel retour, on revient sur l'enfer qu'a vécu le réalisateur, qui s'est confié au média de référence Collider

un succès immédiat dès le premier film

Le tout premier opus de Pirates des Caraïbes a connu un succès qui n'était que peu escompté. En effet, les équipes de chez Disney se sont montrées plutôt frileuses quant à l'interprétation du personnage de Jack Sparrow que proposait Johnny Depp - qui n'était à ce propos, pas leur premier choix pour être l'égérie de cette nouvelle franchise. Toujours est-il que le film fut un véritable carton, ce qui a rassuré Disney mais les a surtout rendu gourmands. Très gourmands même, au point de vouloir deux suites, et ce, dans la foulée. Gore Verbinski, en charge des deuxième et troisième opus Pirates des Caraïbes: Le Secret du Coffre maudit et Pirates des Caraïbes: Jusqu'au bout du Monde (sortis respectivement en 2006 et 2007) a relevé le défi tant bien que mal. Ces derniers ont été filmés en même temps, et dans le cas du dernier opus, Verbinski n'a pu avoir que 10 semaines de post-production alors que certains films en demandent une année entière.

Une deadline pour les gouverner tous

Après le succès du premier film, les exigences de Disney se sont accrues, comme le mentionne le réalisateur :

A la suite de ce succès, Pirates des Caraïbes 2 et 3 ont été lancés et étaient véritablement conçus en fonction de leurs deadlines. Il y avait un calendrier très précis à respecter. 'On a besoin de deux de ces bébés, vous pouvez nous les faire pour quand ?' On n'avait pas de scénario, mais on faisait les films pour respecter la date de sortie. 

Il avoue également qu'au bout du troisième film, il devenait urgent de boucler l'histoire, qui avait été exploitée à son maximum selon lui :

Puis on a eu envie de tout exploser, de vraiment boucler cette histoire. Je fabriquais le troisième film en me répétant qu'il ne devrait pas y en avoir d'autres.

mode survivor activé

Un problème ne vient jamais seul, et c'est exactement ce que nous montre Verbinski à travers ces anecdotes de tournage :

On était au bout du rouleau, on n'a eu que dix semaines pour faire la post-production ! J'étais en surpoids, je ne dormais plus. Je me souviens que Dick Cook nous demandait : "C'est bon ? Vous pourrez respecter la date ?" On faisait en même temps le mixage, la couleur, le montage, les effets spéciaux … Les trucs habituels, sauf que là, on était épuisés à cause de cet agenda de post-prod intenable. On validait les VFX, puis on passait la nuit à faire du montage alors qu'on avait tourné de nouvelles scènes dans la journée ! On a été frappés par un ouragan, la moitié des décors s'est envolée. Notre bassin géant ne marchait pas. On a été obligé de ramener des trucs à Los Angeles. On était vraiment en mode survie sur le troisième film !

Tourner deux films à la suite est un défi impressionnant à relever. Malheureusement pour Verbinski, seul le respect de la deadline comptait, peu importe les moyens. Il fallait que le film sorte dans les temps :

Respecter la 'deadline', c'est la chose la plus importante. Plus c'est long, plus vous allez dépenser. Elle est aussi là pour nous rappeler qu'on doit s'arrêter.

d'une pierre deux coups

Dans l'urgence, il appartient à l'équipe de réalisation de faire des choix - lesquels impliquent de rentabiliser au maximum les lieux de tournage :

Ils voulaient les deux suites le plus vite possible et quand on tourne deux films en même temps, on essaie d'amortir les frais. Par exemple en profitant d'être à un certain endroit pour le 2 pour filmer au passage quelques plans du 3. On a ainsi mis en scène la fin du 3 au bout de cinq jours seulement du tournage du 2, car on savait qu'on allait bientôt quitter Port Royale, et ne plus y revenir. [...] Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à tourner la fin de Pirates des Caraïbes 3 au bout de cinq jours de prises de vue du deuxième film, sans connaître le script du troisième ! 

D'après Gore Verbinski, les scènes du troisième opus s'écrivaient au fur et à mesure du tournage : un véritable marathon.

D'ordinaire, on prépare entre 60% et 80% des jours de tournage. En nous lançant sur ces suites, on avait bien avancé sur le 2e film, on avait environ 80% de préparatifs, c'était bien. Mais pour le 3, c'était une autre histoire : il n'y avait rien, pas de pages de scénario validées, juste les grandes lignes. Ca se passait tout le temps comme ça : "On s'apprête à quitter l'île, on a besoin de filmer quoi pour Les Pirates 3 ?" Alors on revenait à nos notes : "On aura certainement besoin d'une séquence entre ces deux personnages." "Ok, ben on ferait mieux de l'écrire maintenant, alors."

un rythme à donner un mal de mer

Durant son interview, Verbinski reconnaît que les pratiques évoquées précédemment sont monnaie courante pour tout réalisateur avec une deadline aussi serrée. Il n'empêche, découvrir l'envers du décor lorsqu'on ne connaît que peu de choses de l'industrie est pour le moins impressionnant :

 Parlez à n'importe quel réalisateur qui a une centaine de jours de tournage, il vous dira qu'il avait préparé correctement les 60 premiers, et qu'il en reste une quarantaine à gérer au fil du tournage. Sinon, vous ne démarrez jamais ! Vous restez éternellement en pré-production. C'est une simple équation. […] Bref, quand vous avez 300 jours de tournage, qui correspondent à deux films coup sur coup, vous savez que vous allez galoper. L'équipe va vous demander : 'Alors, on fait quoi aujourd'hui ?' On va en mer, préparez vos sandwichs. Et une fois sur le bateau, une partie se met à vomir son déjeuner, mais on doit absolument tourner ces quatre pages de script à bord du Pearl, alors on avance. Cette équipe était d'ailleurs la meilleure de tout le business.

Questionné par Collider sur les éventuels films de pirates qu'il aurait visionnés, le réalisateur a répondu ceci :

Je n'ai pas trouvé le temps, pour être honnête avec vous. Je n'ai ressenti aucune envie. J'imagine que s'ils passaient à la télévision, je les regarderais, mais je reste très occupé à travailler sur mes projets futurs … je suis sûr qu'à un moment ce sera fait.

L'interview ne nous dit pas si Gore Verbinski a regardé One Piece

Olivier, 26 ans, originaire de Nice. Après deux années passées en Angleterre, je suis actuellement étudiant en Master 2 Information-Communication, spécialisation rédaction journalistique. Passionné depuis toujours par l’univers du manga et de l’animation japonaise, j’ai également une grande appétence pour la musique électronique et la culture rave qui en découle. Mon plat favori : le ramen, évidemment !

Articles de Olivier Ghezal
Source(s) : Collider
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Commentaires (3)
C'est bien mignon tout ça mais … le Roi des Pirates, ce sera MOI !!!
photo de profil de Luffy Par Luffy, il y a 4 ans Répondre
Sauf qu'il a signé en connaissance de cause et qu'il a dû revoir son salaire en conséquence. Donc j'ai beaucoup moins de pitié pour ce pauvre petit chou que pour tout le reste de l'équipe technique. Surtout en voyant le résultat.
photo de profil de Tao paille paille Par Tao paille paille, il y a 4 ans Répondre
LOL Ayant lu l'interview originel, il n'a absolument pas parlé d'un "enfer" mais simplement de la difficulté de respecter le délai et de tourner tout en écrivant le scenario du troisième. Encore un titre pute à clic, qui déforme complètement les propos du mec.
photo de profil de Biscornu Par Biscornu, il y a 4 ans Répondre
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