Des batteries en papier alimentées par des bactéries
Lors de la cinquantième édition du National Meeting & Exposition of the American Chemical Society qui s’est déroulée à Boston du 19 au 23 août dernier, le professeur Seokheun Choi et son équipe de chercheurs qui travaillent à l’université d’État de New York à Binghamton ont présenté un tout nouveau type de batterie qui n'a rien à envier à celles à base de silicium et graphite.
Du papier et des bactéries
L’idée est de créer une batterie en papier et d’utiliser les bactéries pour l’alimenter, c’est ce qu’explique le professeur Seokheun Choi, directeur du laboratoire bioélectronique et des microsystèmes à l’université, car les batteries classiques sont beaucoup trop onéreuses à fabriquer, demandent beaucoup de ressources et ont un réel impact sur l’environnement.
Le papier présente des avantages uniques en tant que matériau pour les biocapteurs [...] Il est peu coûteux, jetable, flexible et présente une grande surface. Cependant, les capteurs sophistiqués nécessitent une alimentation électrique. Les batteries commerciales sont trop coûteuses et gaspillent de l’énergie. De plus, elles ne peuvent pas utiliser le papier comme support. La meilleure des solutions est donc la biobatterie à base de papier.
La création de cette batterie est passée par la fabrication d’un papier un peu spécial où plusieurs couches de métal et autres matériaux ont été imprimées dessus. Ensuite, les chercheurs ont ajouté des bactéries exoélectrogènes lyophilisées qui se nourrissent des composés organiques en l’occurrence de l’eau ou de la salive. Plusieurs minutes plus tard, elles ont libéré suffisamment d’électrons pour alimenter une diode électroluminescente et une calculatrice.
Le point noir de cette innovation est l’oxygène qui passe à travers le papier et qui absorbe les électrons, mais le professeur nous assure que la perte de production d’énergie est infime grâce aux bactéries attachées au papier et envoyant les électrons rapidement dans l’anode.
En termes de spécifications, elle n’est utilisable qu’une seule fois et sa durée de vie est de 4 mois. C’est pour cela que l’équipe du professeur Choi travaille pour augmenter la durée de conservation et les performances énergétiques des bactéries. D’ailleurs, il déclare qu’il faut multiplier par 1000 sa production d’énergie pour pouvoir être utilisée. La solution pourrait être l’empilement de batteries papiers explique le professeur Seokheun Choi.
La demande de brevet a été réalisée et l’équipe de chercheurs recherche des partenaires industriels pour pouvoir la commercialiser.
Surtout si on le compare avec le lithium qui lui est rare, très polluant et très difficilement recyclable.
C'est comme pour les batteries au sucre ou aux nanotubes de carbone qui étaient très prometteuses en laboratoire et qu'on a jamais vu débarquer.
Faire ce genre de com très excitant c'est bon pour le financement, mais s'il suffisait de réussir à produire quelques volts en labo pour révolutionner le marché des batteries, ça fait des années qu'on aurait des patates dans nos téléphones.