Non, cette espèce de loup éteinte depuis 10 000 ans n'a pas été ressuscitée
Depuis le 7 avril dernier, Colossal Biosciences, une entreprise texane qui cherche à recréer des espèces éteintes depuis des milliers d'années, annonce partout avoir ressuscité le célèbre "dire wolf". Mais cette espèce de loup préhistorique n'est pas pour autant de retour au sens propre du terme, puisqu'il ne s'agit là que d'une espèce hybride née de la manipulation génétique. Le "canis dirus" est mort et enterré, et toujours disparu depuis plus de 10 000 ans.
Non, le "dire wolf" n'a pas été ressuscité
Voilà des années que Colossal Biosciences se présente comme comme le InGen de demain, les dinosaures en moins, les mammifères et oiseaux disparus en plus. La start-up lancée en 2021 et déjà valorisée à plus de 1 milliard de dollars compte fait revenir des créatures cultes que l'on ne connaît que via des vidéos en noir et en blanc ou de simples reproductions. Tigre de Tasmanie, mammouth laineux, dodo, Colossal Biosciences souhaite ressusciter des espèces parfois disparues la main de l'Homme. Pas de parc d'attraction à la clef, pour le moment, mais l'envie de se focaliser sur un secteur qui fait grand bruit, alors que la nature a grand besoin d'aide.
Pour autant, faire avancer la science n'est pas une mince affaire, et il est plaisant de voir l'entreprise tenter de percer à jour les secrets de la modification génétique. Et ce 7 avril 2025, Colossal Biosciences annonce en grandes pompes que le célèbre dire wolf, popularisé par la série Game of Thrones et les louveteaux des Stark, est revenu d'entre les morts après plus de 10 000 ans.
SOUND ON. You’re hearing the first howl of a dire wolf in over 10,000 years. Meet Romulus and Remus—the world’s first de-extinct animals, born on October 1, 2024.
— Colossal Biosciences® (@colossal) April 7, 2025
The dire wolf has been extinct for over 10,000 years. These two wolves were brought back from extinction using… pic.twitter.com/wY4rdOVFRH
Baptisés Romulus et Remus, ces louveteaux visibles en vidéo vivront dans une réserve écologique. L'affaire fait grand bruit, en particulier aux Etats-Unis, où l'avancée scientifique fait l'Une du TIME. Pour parvenir à ce résultat, Colossal Biosciences a utilisé l'ADN d'une dent vieille de 13 000 ans et d'un crâne vieux de 72 000 années. Leurs équipes ont prélevé les cellules sanguines d'un loup gris, plus proche parent vivant du canis dirus, avant de les modifier génétiquement à 20 endroits différents.
TIME's new cover: The dire wolf is back after over 10,000 years. Here's what that means for other extinct species https://t.co/LQtosdfiEf pic.twitter.com/bv8EbeefuW
— TIME (@TIME) April 7, 2025
Des chiennes porteuses ont ensuite été élevées pour donner naissances aux louveteaux. Mais comme l'expliquent des scientifiques sceptiques, ces louveteaux possèdent un génome extrêmement proche de celui du loup gris, entre 99,5 % et 99,9 %. Les différences génétiques entre les deux espèces se comptent par millions, seules 20 modifications ont été effectuées, dans le but de leur donner une taille plus grande, une fourrure blanche plus épaisse ou encore des caractéristiques crâniennes spécifiques.
Mais pour rappel, l'Homme et le chimpanzé ont entre 98 % et 96 % de leur ADN en commun. La création de Colossal Biosciences n'en reste pas moins une avancée majeure, mais pour autant les louveteaux nés de cette expérience reste des hybrides, au même titre que de nombreuses espèces de chiens disponibles sur le marché. Colossal Biosciences reste une entreprise qui cherche à se faire un nom, s'entourant notamment de célébrités comme George R.R. Martin, Paris Hilton, Tiger Woods ou encore Peter Jackson, pour faire sa renommée. Malgré tout, le canis dirus reste une espèce éteinte, et bien éteinte. Cependant, les hybrides de Colossal Biosciences sont potentiellement les créatures les plus proches du canis dirus que nous n'aurons jamais.