Focus sur Disney : de la traversée du désert au nouvel âge d'or (partie 2)
Dans la première partie de ce Focus sur Disney, nous avions vu comment une bande d’animateurs talentueux réunis autour d’un génie extraordinaire (Walt Disney) avaient changé à jamais la face du cinéma. Mais en 1966, c’est le drame : le créateur de Mickey, de Donald et de Dingo, celui-là même sans qui rien n’aurait été possible, meurt d’un cancer du poumon.
4- Que faire après la mort de Walt Disney ?
S’il est une chose sur laquelle tous les membres du studio Disney étaient d’accord, c’est que l’aventure devait continuer, et ce malgré la perte immense de leur chef légendaire. Mais, que faire ? Il fut d’abord évident qu’ils allaient exaucer les derniers souhaits de leur défunt maître, comme l’aurait fait la Fée Bleue dans Pinocchio. Sortant successivement donc Les Aristochats, Robin des bois et Les Aventures de Winnie l’ourson. Les Aristochats est un film extrêmement réussi. Le film est un succès à tous les niveaux. Il faut dire qu’il s’agit là d’un des meilleurs Disney sortis à cette période. Rien que Tout le monde veut devenir un cat vaut son pesant d’or. Poétique et jazzy, c’est un grand classique, emmené à devenir un film culte. Pour Robin des bois, les choses ne seront pas aussi simples. Le film est un échec. Non pas qu’il soit mauvais (c’est un film que j'ai vu et revu cent fois enfant), mais il semble quasi-anachronique. Robin des bois semble être, avec le recul, une sorte de réminiscence des films sortis pendant la période des Silly Symphonies et des courts-métrages Mickey : une succession de gags. Problème : les gags, ça va pour le format du court-métrage. Un film de plus d’une heure se doit, entre deux traits d’humour, ramener l’attention du spectateur avec un soubresaut narratif (comme un changement de tonalité). Or, il n’y en a pas dans Robin des bois. Beaucoup trop de caricature… Fort heureusement, le film suivant relève le niveau. Vous pouvez sourire, mais le fait est que Les Aventures de Winnie l’ourson est un Disney d’une très grande réussite. Ces trois courts-métrages mis bout à bout sont l’une des productions les plus audacieuses de Disney. Le personnage de Tigrou est extraordinaire. Touchant, il s’agit en vérité d’un film très nostalgique. Comme si ce Pays des Rêves Bleus était un de ces endroits où Walt continuait à vivre, lui qui par l’animation, avait ouvert plusieurs horizons, dont le Pays des Merveilles (Alice au Pays des Merveilles) et le Pays Imaginaire (Peter Pan). Un film adorable, trop mal jugé à mon goût.
Mais aucun de ces trois films n’aura le succès des Aventures de Bernard et Bianca. Une superbe adaptation des romans de Margery Sharp. Malheureusement pour Disney, ce sera son dernier grand succès avant quelques temps. Pourtant, les films suivants sont bourrés de qualité, mais Disney a perdu un public en route. Les enfants qui regardaient les films Disney sont devenus adultes, et commencent à mépriser le studio. C’est le succès vraiment mitigé de Rox et Rouky qui prouvera à Disney cette perte immense dans leur public. Ce film est pourtant une grande réussite : visuellement splendide, c’est un film incroyablement touchant. D’autant que de nombreux animateurs de génie ont travaillé sur ce film, dont un certain Tim Burton. Vient ensuite l’échec le plus cuisant de Disney : Taram et le chaudron magique. Il s’agit pourtant du film le plus novateur depuis longtemps pour le studio. Disney voulait, avec cette histoire de fantasy (un genre inexploré jusque là par le studio), conquérir un public plus adulte. Mais l’ambiance au studio est extrêmement difficile, Disney est sur le point de se scinder en deux : une bataille directionnelle sans précédent, que seule l’arrivée de Roy Disney (le neveu de Walt) au poste de Directeur de l’animation parviendra à calmer. Résultat : Taram et le chaudron magique est le film le plus sombre du studio. C’est à la suite de cette production houleuse, difficile, que Tim Burton claquera la porte de chez Disney.
Le film suivant, Basil, détective privé fut mieux accueilli, même si les chiffres au box-office ne furent pas mirobolants. Pourtant, Basil, détective privé est un grand film. La scène du combat finale est un moment d’anthologie qui justifie, à lui seul, tout l’amour profond que je porte pour Disney. Mais peut-être que cette adaptation des Aventures de Sherlock Holmes est-elle trop sombre pour, cette fois, plaire aux plus jeunes enfants. Oliver et Compagnie a eu plus de succès, et pourtant, il s’agit d’un des moins bons Disney. D’autant qu’il fût éclipsé, le jour de sa sortie, par l’excellentissime Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles, un chef d’oeuvre signé Don Bluth, qui avait claqué, lui aussi, la porte de chez Disney. Cependant, le film de Disney gagna au box-office contre le film de Bluth.
5- Le Nouvel Âge d’Or
Revigoré par ses derniers films, qui ont (dans une certaine mesure) éclipsé le manque de confiance qui résultait de l’échec cuisant de Taram et le Chaudron magique, Disney sort en 1989 La Petite Sirène, adaptation du célébrissime conte de Hans Christian Andersen. Le film est l’une des plus grandes réussites de Disney, qui a su conquérir tous les publics. Tout le monde tombe instantanément amoureux du personnage d’Ariel. Des décors splendides, une histoire sublime, des personnages incroyables, et des chansons qui font partie des meilleures écrites par le studio : tout est là pour faire de La Petite Sirène le chef d’oeuvre transgénérationnel qu’il est. Autre grande réussite : le personnage de Sébastien, le crabe-chef d’orchestre-rasta. On ne le sait pas à l’époque, mais Disney vient de mettre les deux pieds dans sa période la plus glorieuse depuis Blanche-Neige. La Petite Sirène signe le renouveau de Disney. Le film suivant, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous est aussi une grande réussite, qui fait le lien avec l’ancienne période du studio. Cependant, le succès de ce film n’atteindra pas celui, démentiel, de La Bête et la Belle. L’adaptation par Disney du chef d’oeuvre de Villeneuve était une telle évidence que le moindre raté aurait eu (très certainement) des répercutions sans précédent. Car toute la quintessence de Disney, de son esprit, se trouve dans cette histoire. Belle n’est-elle pas le parfait reflet de ce que les héroïnes Disney ont été avant et seront après ce chef d’oeuvre ? Dans Belle, on peut voir une Blanche-Neige plus belle encore (tellement belle que sa beauté transparait dans son prénom), une Cendrillon (son sens des responsabilités), une Ariel (son envie d’aventures et d’évasion, même si elles sont avant tout littéraires), une Mulan (dans son sacrifice providentiel). La Bête quand à elle est la quintessence du motif de la transformation, que Disney a exploré depuis sa création (transformation de la Méchante Reine dans Blanche-Neige et les sept nains, transformation de Pinocchio, transformation de Cendrillon en princesse, transformation d’Ariel en humaine dans La Petite Sirène, transformation de Tiana et du Prince Naveen dans La Princesse et la Grenouille). Les chansons sont sublimes, l’animation est extraordinaire. Viendra ensuite Aladdin, et Disney signe une fois encore un de ses meilleurs films ! C’est un succès immense, qui supplante celui de La Belle et la Bête. Cette adaptation de ce conte des 1001 et une nuits est un voyage au coeur de la magie. Le studio signe ici son film le plus drôle : le Génie est très certainement le personnage le plus fun depuis Donald. Aladdin prouve que depuis Oliver et Compagnie, Disney ne se contente pas d’adapter : il modernise. Ces films trouvent alors un intérêt nouveau, passionnant.
Avec Le Roi Lion, le studio signe son chef d’oeuvre absolu, celui qui a mis tout le monde d’accord. Ce mix aussi étonnant que judicieux du Roi Léo d’Osamu Tezuka et de Hamlet de William Shakespeare montre tout le savoir-faire scénaristique de Disney. Ce film est parfait : humour, émotion, poésie. Tout y est. Tous, nous connaissons par coeur les paroles du Cercle de la vie, Hakuna Matata, L’Amour brille sous les étoiles ou de Can You Feel The Love Tonight ?, chanté de manière magistrale par sir Elton John. De même, nous avons tous été traumatisés par la mort du Mufasa, le père de Simba. Plus important encore, Le Roi Lion est le film le plus politique de Disney. Pas étonnant qu’il adapte une tragédie : la tragédie, à la Renaissance, avait toujours un motif politique, sorte de réponse au Prince de Machiavel. Ici, Disney fait une critique des monarchies africaines. La clé pour le comprendre se trouve dans la chanson Je voudrais déjà être roi. Dans cette chanson, Pazu, l’oiseau-conseiller, dit à Simba : "Si tu confonds la Monarchie avec la Tyrannie, Vive la République, Adieu l’Afrique, je ferme la boutique". Le Roi Lion est donc avant tout un film brillant, intelligent. Le film suivant, Pocahontas, sera également l’un des films les plus politique de Disney : une leçon de tolérance, avec une animation magnifique et des chansons vraiment très belles. Si le film n’a pas la valeur des trois films précédents, il reste représentatif de ce Second Âge d’Or. Mais (et c’est là mon humble avis), le talent de Disney trouvera sa forme paroxystique avec Le Bossu de Notre-Dame, leur meilleur film (une fois encore, il s’agit de mon avis personnel). Tout est irréprochable dans ce film. Esmeralda est la plus belle héroïne Disney, Quasimodo le plus touchant, Frollo le plus intéressant, Clopin le plus classe. L’animation est parfaite (le siège de Notre-Dame en flammes est absolument magique !), l’humour est toujours juste, et les musiques sont les plus belles jamais écrites pour un film Disney. Combien de fois ai-je chanté (parce que je les connais toutes par coeur) Les Cloches de Notre-Dame, Rien qu’un jour, Les Bannis ont droit d’amour ou bien sûr Infernale. Le mélange avec les musiques sacrées est saisissant de beauté, et chaque passage est riche en interprétations multiples. Par exemple, dans la scène d’introduction (la plus belle jamais faite pour un film d’animation, jusqu’à Là-haut de Pixar, qui vaut aussi son pesant d’or), Clopin Trouillefou chante Les Cloches de Notre-Dame. Lorsque Frollo poursuit la mère de Quasimodo, qui parce qu’elle est bohémienne est son ennemie, on entend un magnifique Dies Irae, qui joue sur une certaine polysémie due à la situation narrée. Explications : Frollo (qui d’ailleurs est un homme d’église dans le chef d’oeuvre de Victor Hugo) fait régner la loi chrétienne dans Paris, comme le dit Clopin dans sa chanson (il "combat le vice et le péché"). Alors qui est l’objet de ce Dies Irae, cette colère divine ? Est-ce la Bohémienne, symbole du vice et du péché aux yeux de ce fou de Dieu ? Ou du fou de Dieu en question qui, au nom de sa foi, enlève une vie sans le moindre regrets ? La musique révèle toute l’ambiguité du personnage de Frollo. Cependant, on note que Disney a changé de public, et ce depuis Pocahontas : la monstruosité de Quasimodo (certes très édulcorée si on la compare au roman de Hugo) le rend (au premier abord du moins) antipathique aux enfants.
Hercule sera moins bon. Une animation super, beaucoup de bonnes idées (le choeur gospel est vraiment classe), un humour toujours efficace (Hadès me fait mourir de rire), mais malheureusement, à trop vouloir moderniser, on ne rend pas l’hommage exceptionnel qu’on voulait donner : Déjanyre s’appelle Meg, vous vous rendez-compte ? Il n’empêche que Hercule m’a accompagné toute mon enfance, et que je le regarde toujours avec un plaisir immense. Fort heureusement, ce succès en demi-teinte sera éclipsé par le brillantissime Mulan, un des plus beaux films de Disney (il est dans mon top 5). L’excellence du scénario n’a d’égale que la beauté des dessins et des chansons. Qui n’a pas chanté à tue-tête Comme un homme ? Oui, les années 90 furent une décennie particulièrement prolixe en chefs d’oeuvre pour le studio aux longues oreilles.
6- La traversée du désert
Beaucoup considèrent que Mulan est le dernier grand Disney. Pourtant, il y a eu quelques perles sorties après. Tarzan est une très grande réussite, un grand succès au box-office. La musique signée Phil Collins est merveilleuse. Le film a ceci d’intéressant qu’il me paraît comme étant la troisième branche d’une trinité, formée avec Bambi et Le Livre de la Jungle. Bambi : l’Homme pénètre dans la forêt, et détruit la quiétude des animaux. Le Livre de la Jungle : l’Homme quitte la forêt, et rentre parmi les siens. Tarzan : l’Homme est à nouveau de retour dans la forêt, mais, comme Mowgli, il est en paix avec elle-même, et ne la quittera plus. Fantasia 2000 est aussi une très grande réussite, et il est aussi obsédant que le Fantasia de 1940. Plus court, on regrette néanmoins que L’Apprenti Sorcier y soit à nouveau, comme si le succès du film ne pouvait reposer que sur cette partie, alors que toutes les autres sont efficaces. Dinosaure est novateur pour le studio, puisqu’il mélange images de synthèse et prises de vues réelles. Un film impressionnant, mais qui sera vite oublié. Kuzco, l’empereur mégalo, est peut-être le film de Disney le plus drôle depuis Aladdin. Cependant, l’humour absurde ne parvient pas à sauver un scénario trop prévisible. Kuzco repose en vérité sur le même principe qu’Hercule : la modernité. Cependant, cette même modernité qui marchait avec Hercule rencontre ici quelques écueils : si Kuzco est vraiment drôle, les anachronismes rendent parfois le film lourdingue, et n’est sauvé que par le personnage de Kronk, ce grand débile qui nous fait toujours rire. Atlantide, l’empire perdu est à mes yeux un des meilleurs Disney des années 2000 : le scénario est très bon, les dessins sont excellents. En un sens, le thème rappelle celui de Pocahontas. Ne repose-t-il pas d’ailleurs sur le même principe : un groupe d’étrangers civilisés qui envahissent un Nouveau Monde à exploiter ? Un film que j’aime particulièrement, mais qui n’eut pas le succès escompté. Ce fut d’ailleurs, en un sens, un échec. En effet, le film de Disney est sorti en même temps qu’un autre film (Shrek), d’un autre studio d’animation créé sept ans auparavant, et qui triomphe avec le numérique : DreamWorks. Si Pixar faisait déjà du numérique, le rapide rachat par Disney n’en a pas fait l’adversaire redoutable tel que le sera DreamWorks tout au long des années 2000. Le film qui suit, Lilo et Stitch, est un film particulièrement drôle, qui connut un grand succès au box-office. Surprenant et inspiré, ce Disney est une véritable bouffée d’air, où le studio fait de la SF, genre qu’il n’avait jamais exploré dans un film d’animation. D’ailleurs, cette SF, il ne va pas la lâcher de si tôt ! La Planète au trésor, un nouvel univers est une adaptation SF d’un grand classique de la littérature britannique (L’île au trésor de Stevenson). À mon humble avis, si le film n’a pas la même qualité que les chefs d’oeuvre des années 90, il n’en demeure pas moins un des Disney les plus surprenants, et à fortiori, un des meilleurs films de Disney des années 2000. Mais le film est un des plus gros flops de l’histoire. Frère des ours eut des critiques mitigées. Pourtant, il s’agit à mes yeux de la meilleure trouvaille du studio depuis Mulan. L’histoire de Kenai et Koda m’a ému aux larmes. L’animation est splendide, la musique de Phil Colins sublime, l’humour prenant. Ce semi-échec n’a jamais cessé de m’étonner. On peut cependant spéculer sur les raisons de l’échec du film : comme avant La Petite Sirène, le nom de Disney recommence à être détesté.
Cette "détestation" du nom Disney coïncide avec une lourde campagne expansionniste de la part du studio, qui aurait commencé au milieu des années 90. 1995 : débuts des coproductions Disney/Pixar, avant le rachat total de la société en 2006. 1996 : acquisition par Disney des droits de distribution à l’étranger des films produits par le Studio Ghibli. 2009 : rachat de Marvel Entertainment, et donc acquisition de Marvel Studios. 2012 : rachat de LucasFilms. Beaucoup ont jugé ces différentes acquisitions comme étant dégueulasses. Je pense qu’il est très important de nuancer certains propos, et d’expliquer les dessous de ces achats successifs. Tout d’abord, si vous pensez que Disney est un studio qui ne fait que de l’animation, vous faites une grossière erreur. Depuis 1941, Walt Disney produisait des films en prises de vues réelles. Il y eut de très gros succès, comme le mythique Mary Poppins, adapté du roman éponyme de Pamela L. Travers. Vraiment, la liste est énorme. Parmi les plus récents, on peut citer bien sûr les excellents Pirates des Caraïbes, Alice au Pays des Merveilles, Maléfique, Saving Mr. Banks, etc. D’ailleurs, peut-être l’ignorez-vous, mais derrière La Couleur de l’argent et À tombeau ouvert de Martin Scorsese, Good Morning Vietnam de Barry Levinson, Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir, Ed Wood de Tim Burton, Ennemi d’état de Tony Scott, Ladykillers des frères Coen, La Couleur des sentiments de Tate Taylor, la majorité des films de Steven Spielberg, il y a la société Touchstone Television, créée par Walt Disney Studios Entertainment, qui aujourd’hui encore est la société-mère, afin de créer des films plus adultes. Autrement dit, nombreux sont les chefs d’oeuvre du cinéma de ces trente dernières années qui ont été faits sous la houlette de Disney. Il ne s’agit nullement d’une société opportuniste, qui se reposerait sur les succès d’autres sociétés rachetées (LucasFilms, Marvel, Pixar), mais d’une immense mine à chefs d’oeuvre, qui cherche à agrandir son activité. La vérité la voici : The Walt Disney Company est concurrence depuis toujours avec la Time Warner. Souvenez-vous des Silly Symphonies de Walt Disney, dont le concept a été repris par la Warner pour ses Looney Toons et ses Merry Melodies. Depuis toujours, les deux sociétés se scrutent l’une l’autre, et sont engagées dans une rivalité extraordinaire, qui semble presque motiver leur création. La Warner acquiert les droits d’adaptation de l’univers DC Comics, Disney se débrouille pour obtenir ceux de Marvel. Disney crée à partir de ce terreau le MCU (Marvel Cinematic Universe), réponse de la Warner : la création du DCU (DC Cinematic Universe). Marvel a fait un gros coup avec la saga Harry Potter, Disney prend la tête dans la course aux blockbusters en achetant LucasFilms, se gardant sous le coude deux grandes licences oscarisées : Star Wars et Indiana Jones. Chose étonnante : on critique l’omniprésence de Disney sans même parler de celle, plus importante, de la Warner. Bref, revenons à nos moutons.
Après l’échec relatif de Frères des ours, le studio Disney se lance dans la production de La ferme se rebelle. Le film ne sera pas un franc succès. Pour être honnête, moi-même qui suis un fervent admirateur du studio, je n’ai pas trouvé beaucoup de qualités à ce film. Son humour (vraiment bon) ne parvient pas cependant à capter assez longuement l’attention du public adulte. Dommage, parce que le concept était intéressant. Si la première semaine de distribution de Chicken Little semblait souligner la résurrection du studio aux yeux du public, le film est une totale déception. Cet essai dans le monde de la 3D est un échec total. Bienvenue chez les Robinson et Volt — Star malgré lui eurent tous deux plus de succès. Cependant, aussi fun puissent-ils paraître, on arrive à une époque où le studio commençait à me lasser. J’avais hâte de retrouver le Disney des années 90… De revoir des films qui avaient la qualité du Bossu de Notre-Dame, du Roi Lion ou de Mulan. Heureusement, Disney n’avait pas dit son dernier mot.
7- Vers un Nouvel Âge d’Or
En 2009, Disney revient à la 2D, et c’est tant mieux, parce que ce sera pour son meilleur film depuis longtemps : La Princesse et la Grenouille. Si (à mes yeux) il n’a pas le niveau des films suivants, il n’en demeure pas moins que ce fut un gros succès, qui a réconcilié Disney avec son public (dont moi). Les dessins sont magnifiques, l’histoire est prenante, les chansons jazzy sont extraordinaires. Je tiens d’ailleurs à noter que la couleur de peau des personnages de ce film n’est pas aussi révolutionnaire que ce que certaines personnes veulent penser : depuis Pocahontas, Disney donnait un discours de tolérance. De plus, souvenez-vous d’Esmeralda ! Touchant, le film ne parvient pas cependant à nous faire oublier les échecs cuisants des dernières années. La peur continue à rôder quant à l’avenir du studio. Raiponce sera la réponse que nous attendions tous ! Si le retour à l’animation 3D et par ordinateur a rebuté certaines personnes, cela n’a pas empêché pour le studio de connaître un succès gigantesque. Plein d’humour et de fraîcheur, c’est aussi un film qui montre le renouvellement de Disney. (Voir notre article Et si Disney était entré dans une nouvelle phase depuis Raiponce). Il s’agit du quatrième plus gros succès de l’histoire de Disney. Le studio s’amuse à casser certains clichés qu’il avait lui même instaurés : ici, la Princesse n’attend pas qu’on vienne la délivrer, elle s’évade toute seule (bien qu’accompagnée de Flynn, c’est elle qui le sauve de certaines situations). Comme d’habitude, à chaque nouvelle ère, pour le second film, Disney produit un film qui fait le lien avec les époques précédentes. Regardez par vous même : Bernard et Bianca au Pays des Kangourous et Fantasia 2000. Cette fois ce sera Winnie l’ourson. Encore une fois, c’est une très grande réussite, même si la sortie a été plutôt discrète (c’est un échec au box-office…). On retrouve tous les personnages du premier long-métrage, avec toujours autant d’humour. Les Mondes de Ralph est une pépite d’or, un film touchant, fun, poétique, geek. Ce sera également le cinquième plus gros succès de l’histoire de Disney. Le studio sort ensuite La Reine des Neiges, qui connut lui aussi un succès immense (il est à ce jour le plus gros succès de l’histoire du studio). Les Nouveaux Héros eut un succès presque équivalent, atteignant la troisième place du podium. Cette association Disney/Marvel est un chef d’oeuvre absolu. Leur dernier film, Zootopie, est un autre chef d’oeuvre, et un autre franc succès au box-office. Après moins de deux semaines d’exploitation, le film a déjà engendré plus de 80 millions de dollars au box-office. Assurément, les années 2010 sont un nouvel âge d’or pour le studio. Espérons que les prochaines productions Disney seront de ce niveau !
Pour aller plus loin
Si l’histoire de Disney vous intéresse, je ne peux que vous conseiller la lecture de L’Art de Walt Disney - de Mickey à Mulan, de Christopher Finch (publié en France aux éditions La Martinière). C’est un livre incroyablement complet, très agréable à lire. Malheureusement, le livre est en rupture de stock chez l’éditeur. En attendant une nouvelle édition, il vous est toujours possible de l’emprunter en bibliothèque ou de l’acheter d’occasion. Je vous conseille aussi de visionner le documentaire Waking Sleeping Beauty, signé Don Hahn, réalisateur et producteur ultraprolifique pour le studio Disney. Le documentaire raconte comment, après La Belle au Bois Dormant, Disney s’est battu pour retrouver l’inspiration. C’est un documentaire, très riche, qui est même proposé sur le catalogue de Netflix France. Les abonnés à Netflix peuvent également bénéficier du documentaire L’Histoire de Pixar, réalisé par Leslie Iwerks, petite fille de Ub Iwerks, qui fut le co-créateur des Aventures d’Oswald, le lapin chanceux et Mickey. Leslie Iwerks a également réalisé un autre documentaire, intitulé La main derrière Mickey Mouse : l'histoire d'Ub Iwerks. Elle a aussi écrit un livre : Ub Iwerks, et l'Homme créa la Souris, aux Éditions Bazaar&Co. Je vous conseille également de lire les chapitres consacrés à Disney dans le livre Burton on Burton (traduit en français par Tim Burton - Entretiens avec Mark Salisbury), où le réalisateur surdoué raconte sa vie au studio, et donne une autre vision du studio. Je vous conseille aussi de regarder les multiples reportages que recèlent les DVD des films d’animation Disney, et plus particulièrement ceux contenus dans les 11 coffrets Les Trésors de Walt Disney. Enfin, derniers conseils : lisez le livre Walt Disney présente Mark Davis — anatomie d’une oeuvre (merveilleux livre publié chez Urban Comics) et regardez le film Saving Mr. Banks (en français Dans l’ombre de Mary : le triomphe de Disney).
je n'étais pas au courant que Harry et ses amis faisait partit du MCU.
Sinon très bon dossier.
Merci pour ces infos concernant les Disney, les infos sur "Touchtone Télévisions" sont d'ailleur parmi les plus étonnantes pour ma bibine
en effet bien que j'adore la majorité des productions disney (hors winnie & co, ferme se rebelle et 2-3 autres) j'avais adopter l'idée d'un Disney Neo-colonialiste qui accaparait tout (comme google ou apple, j'attend d’ailleurs l'article là dessus, s'ils n'existent déjà) donc bah du tout, je révise mes position à se sujet (enfin en grande partie)
Merci
Tu rends là un bel hommage à Disney.
On voit que tu es passionné, que tu as écrit cet article par passion et non pas par devoir.
Tu m'as fait voir un nouvel aspect de Disney (même si je connaissait déjà l'histoire de l'échec de Taram etc...).
En attente de tes prochains articles très enrichissants!
Je peux te dire que c'est le genre d'expérience qui fait dire "plus jamais Disney". Même quand les cauchemars commencent à s'espacer…
Personnellement j'aurais un peu plus parlé du lien entre Disney et Pixar.
Je pense que ce dernier est pour beaucoup dans les deux renaissances de Disney et surtout la deuxième.
En effet, par le biais de Pixar, Disney à compris qu'il pouvait oser plus de choses qu'au paravent et donc se moderniser.
Pour moi les deux sont vraiment indissociables, l'un entrainant l'autre pour s'améliorer continuellement. .
Par exemple, si on demande si Nemo, Up ou même plus récemment Vice Versa c'est Disney et beaucoup de monde te dira oui.
D'autant que le style des graphismes sont quasiment identiques à peu de détails près.
Je termine sur un note personnelle : je n'ai pas vraiment aimé Zootopie, mes filles (6 et 16 ans, ça couvre plusieurs tranches d'age ^^ ) n'ont pas halluciné dessus non plus et pourtant on est très films d'animation dans la famille.
Pour moi ce film manque de magie. Pas au sens Reine des Neiges ou Cendrillon mais plutôt dans le côté rêve. Il est trop encré dans des choses existantes même si les personnages sont des animaux.
Même l'humour (assez sympa par moments) n'est pas au niveau d'autres films (Hercule, Kuzco ou même de Lilo et Stitch qui est pour moi fabuleux).
Zootopie n'est pas une bouse hein, loin de moi cette idée mais il a beaucoup moins marché sur ma famille et moi que Vice Versa par exemple.