Vikings : 6 clichés sur les guerriers brutaux du nord

Qu'on le veuille ou non, les Vikings font partie intégrante de la pop culture désormais. Les mythes les entourant sont nombreux, et la manière dont les séries et les autres oeuvres de fiction nous les présentent ne servent pas vraiment de références pour la véracité historique. Alors aujourd'hui, on va débunker 6 idées reçues sur les vikings et la manière dont ces guerriers sont vus aujourd'hui. Bien sûr, beaucoup des faits les concernant ne sont que des hypothèses, et il existe de multiples versions des récits à leurs sujets, nous essaierons donc d'être le plus objectifs possible et de prendre le maximum de distance par rapport aux faits rapportés. 

#1 ce sont uniquement des guerriers ?

Tous les Norsesmen ne sont pas Scandinaves et tous les Scandinaves ne sont pas des vikings. Dire que tous les scandinaves sont des vikings, ce serait comme dire que tous les français sont des boulangers. Viking n'étant ni plus ni moins qu'un métier, une branche de la population pratiquant donc le métier de viking. Mieux : issu du vieux norrois, "Vikingr" pourrait signifier "commerçant" ainsi que "Raider/pirate". Pour les scandinaves de l'époque, un Viking était quelqu'un qui quittait son domicile, embarquait sur l'un des nombreux navires et parcourait diverses distances -souvent assez longues- pour échanger des marchandises ou piller des endroits riches afin de revenir avec de nouvelles richesses. L'activité commerciale était presque aussi intense que celle des raids, tant les Vikings en dépendaient. La Suède n'était pas idéale pour l'agriculture, la plupart des Scandinaves menaient une vie de précarité alimentaire en raison d'un manque de terres arables.

#2 ils sont hyperviolents ?

L'hyperviolence Viking est l'une des hypothèses de base des universitaires depuis le premier raid viking sur une cible d'Europe Occidentale, le monastère sur l'île anglaise de Lindisfarne en 793 après JC. 1300 ans plus tard, cela reste encore d'actualité, certains estimant que c'est même pire que cela. Cela doit pourtant être nuancé. Bien que la violence soit monnaie courante durant les raids avec l'horreur des récits de survivants alimentant cette idée bien fondée, les études récentes prouvent que la Scandinavie possédait un taux de violence interpersonnelle chez les habitants bien plus faible que dans d'autres civilisations européennes... même contemporaines. Le taux de traumatismes crâniens étant bien inférieur à d'autres formes de décès, comme la vieillesse ou la maladie qu'ailleurs en Europe. La véritable violence était plutôt tournée vers les esclaves qu'ils ramenaient qui eux étaient à la fois le socle de leur civilisation, mais avaient aussi un statut d'objet et étaient souvent la cible des viols, violences et autres souffrances volontaires. 

#3 ils sont idiots ?

Comme expliqué plus haut, les Vikings étaient également de fins marchands. Mais la culture populaire a décidé d'en faire des barbares brutaux et stupides, armés de haches et ne connaissant que le combat. Cela est notamment due à la popularité du "Berserker", un mythe dont l'existence réelle reste à prouver, bien qu'il soit issu de plusieurs types de populations scandinaves. Dans les récits, avant l'arrivée du christianisme au sein des royaumes Vikings, le Berserker était un guerrier puissant, respecté et n'ayant pas besoin de protection pour se battre (d'où l'une des étymologies du nom "berserk" pouvant signifier "Sans protection/Poitrine nue". C'est après qu'il a dérivé vers la brute épaisse idiote vaincue facilement par les héros, plus rusés. C'était notamment le cas des récits islandais, écrits par un prêtre catholique deux siècles après les faits relatés.

#4 ils boivent dans des crânes

Un viking doit démontrer sa brutalité et sa force en buvant dans le crâne d'un humain vaincu au combat. La réalité est bien moins alléchante, puisqu'il s'agit... d'une erreur de traduction. Ce trope erroné a ses racines dans les textes nordiques étudiés par les européens. Le mot pour "bol/récipient" y était décrit comme "skål". Les premiers traducteurs ont donc cru à tort qu'il s'agissait du mot anglais "Skull", signifiant crâne. C'est plus sympathique d'imaginer un guerrier brutal boire dans un bol plutôt que dans un crâne...

#5 ils étaient sales ?

Toujours dans l'idée du guerrier brutal, sale et violent, les représentations européennes et idéalisées des récits nous les montrent -comme beaucoup d'autres populations du Moyen-Âge- comme des hommes n'ayant que faire de l'hygiène. Pourtant, c'était tout l'inverse. La chevelure et son entretien était un point important de la culture Scandinave, au point qu'il était possible de faire un procès à celui qui vous l'endommage. Ils prenaient régulièrement des bains et passaient beaucoup de temps aux saunas. L'hygiène était si importante pour eux qu'ils étaient régulièrement enterrés avec leurs outils de beauté, comme des peignes ou des brosses.

#6 ils sont LGBT friendly ?

Même si elle est très respectée dans la culture populaire, la représentation du viking est aujourd'hui reprise par de nombreuses mouvances d'extrême-droite, les identifiants comme l'apogée de l'homme blanc aryen violent et misogyne. Pourtant, la culture Scandinave était bien plus ouverte qu'ailleurs en Europe. Cela s'est dégradé quand le christianisme s'est répandu. Il était possible pour deux personnes du même sexe de s'aimer, les femmes avaient des droits importants (comme se défendre au tribunal seules, hériter ou posséder un commerce) et l'identité de genre était différente du sexe (le genre étant défini par des valeurs morales plutôt que par le sexe, comme l'honneur, la combativité, la lâcheté ou la fidélité) Mieux : Loki était présenté comme un dieu Pansexuel aux côtés de Frey, dieu de la fertilité dont les temples étaient régulièrement fréquentés pour du tourisme sexuel. Les homosexuels étaient non seulement tolérés mais invités et considérés comme des représentants directs de Loki. Divers objets peuvent servir de preuves, comme des "gullgubber", des pendentifs traditionnels placés dans la tombe des morts. Si la plupart représentent un dieu ou un animal, certains montrent le défunt et sa famille, et de nombreux représentent des couples homosexuels.