YouTube : une ascension fulgurante pour une décadence inarrêtable
En 2017, 1,5 milliard de personnes se rendent sur YouTube chaque mois. En France, ce sont 37,5 millions de Français qui vont sur YouTube chaque mois, représentant 81% de la population connectée. Ces chiffres, dévoilés à l'occasion du YouTube Brandcast de 2017, démontrent bien à quel point la plate-forme de visionnage est parvenue à s'ancrer dans notre quotidien. Au fil des années, notre consommation a également changé, passant du fixe au mobile. En moyenne, les utilisateurs de YouTube regardent des vidéos sur leur smartphone durant une heure par jour. Seulement, son public s'est élargi au fil des années, de même que ses créateurs. Son contenu y a alors changé, la quantité appelant la quantité.
Les origines de YouTube
YouTube a été créé en février 2005 par trois anciens employés de chez Paypal : Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim. La provenance de l'idée même de sa création change en fonction de l'orateur. Jawed Karim indique que les premières inspirations d'une plate-forme similaire leur sont parvenues suite à la difficulté de trouver des vidéos aisément sur le net, notamment suite à divers incidents médiatisés comme le tsunami de 2004 ou lorsque la poitrine de Janet Jackson s'est retrouvée à l'air libre lors d'une performance au Super Bowl la même année. Seulement, selon Chen et Hurley, l'idée originelle proviendrait d'une envie de réaliser une version vidéo d'un site de rencontre en ligne, avant que le projet soit influencé par le site Hot or Not, qui permet de noter des internautes selon leurs critères physiques.
La première vidéo uploadée sur YouTube provient de l'un de ses créateurs, Jawed Karim, qui a mis un ligne une vidéo intitulée "Me at the zoo". L'Américain se trouvait alors au zoo de San Antonio. La vidéo a été uploadée le 23 avril 2005, peu après 20 heures (heure locale). Comme son nom l'indique, on y retrouve l'un des créateurs de la plate-forme, dos à l'enclos des éléphants pour une courte vidéo explicative.
Son évolution rapide
En 2007, l'année suivant son rachat par Google pour 1,65 milliard de dollars, YouTube débute ses partenariats. Le principe est simple et repose sur la notion de donnant-donnant. Des publicités sont introduites avant, mais également dans la vidéo, et les revenus sont partagés entre les créateurs de contenu et la plate-forme. L'année d'après, des milliers de Youtubeurs sont désormais devenus des partenaires. En fonction de leurs vues et d'un bon nombre d'autres critères propres à YouTube ou autres comme le placement de produits, les partenariats et autres promotions extérieures, certains créateurs de contenu ont vu leurs revenus exploser, surpassant parfois leur activité principale. Car oui, avant ça, les vidéos YouTube étaient filmées, montées, éditées et publiées pour le plaisir. En 2008, certains Youtubeurs pouvaient prétendre à des chiffres d'affaires annuels à six chiffres.
Michael Buckley de la chaine BuckHollywood - Christopher Capozziello/The New York Times
Évidemment, il ne faut pas oublier que ces revenus sont partagés entre divers organismes avant d'arriver dans la poche du YouTubeur. La même année aux Etats-Unis, YouTube récupérait environ 45% des revenus publicitaires avant que les impôts ne viennent également prélever leur part. Et si la vidéo a nécessité un coût de production, il est à prendre en compte. Néanmoins, être rémunéré pour son dur labeur est agréable et a permis à certains créateurs de contenu comme Michael Buckley (985 000 abonnés) de quitter leur activité principale pour se concentrer intégralement sur YouTube. Plusieurs dizaines de ses vidéos ont dépassé le million de vues, voir la dizaine de millions.
PewDiePie dans sa vidéo intitulée ðCAREFUL. These Memes Are D E A D L Y !
Pour prendre l'exemple de Pewdiepie, le Youtubeur aux 58 millions d'abonnés a rejoint YouTube en décembre 2006 avant de changer de chaîne, pour se propulser lentement comme le créateur de contenu le plus populaire de la plate-forme. Les succès rapides et à l'apparence aisée ont très vite attiré l'oeil, que ce soit celui des médias ou du grand public. En mars 2010, ce sont 24 heures de vidéo qui sont uploadées chaque minute quand l'année suivante, le site compte 490 000 visiteurs uniques par mois. Le succès est exponentiel et les créateurs de contenu comme les visiteurs affluent. Les chiffres ne cessent de grimper et en 2012, la chanson Gangnam Style du chanteur sud-coréen Psy dépasse même le milliard de vues. Et même si la vidéo compte aujourd'hui un peu plus de 3,3 milliards de vues, le compteur a été explosé avec le hit latino du début d'année 2017 Despacito par Luis Fonsi & Daddy Yankee avec plus de 4,4 milliards de vues.
L'argent attire l'argent
La monétisation des vidéos couplée à la médiatisation de plus en plus présente de la plate-forme a servi de tremplin à bon nombre de créateurs. Certains sont devenus des stars et gagnent plusieurs dizaines de millions de dollars par an via leur contenu, promotionnel ou non. Seulement, dans son évolution, YouTube a suivi un schéma commun voir aisé à anticiper. Comme la TV, la presse et maintenant Internet, l'argent appelle l'argent. Les contenus à teneur éducative traitant de sujets culturels sont laissés en arrière-plan quand les vidéos plus légères sont mises en avant. C'est normal me direz-vous. Le peuple a, ce que le peuple veut. La télévision, quant à elle, a une mission d'utilité publique. L'Etat a toujours souhaité y contribuer tout en mettant la main à la poche pour subventionner des chaines du domaine public. En 2009, la ressource publique s'était élevée à 2,4 milliards d'euros rapporte Les Echos, permettant à des groupes comme France Télévisions de garder la tête hors de l'eau.
Même si la télé est divertissante, la télé doit également instruire. L'Etat, représenté par le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) impose un cahier des charges aux chaines publiques et privées pour ne pas leur laisser un champ trop libre. Certains programmes comme les émissions sur la santé ou les documentaires culturels sont obligatoires et nécessitent une présence sur la plage de programmation. Et même si l'Etat peut influencer la télé et sa diffusion quasi-exclusive en France, qu'en n'est-il de YouTube ? YouTube est géré par Google et ce sont ses conditions d'utilisation qui font la loi. Ce sont également ces dernières qui jugent si, oui ou non, votre contenu est suffisamment respectable pour intéresser les annonceurs. Et c'est là que la neutralité du net est censée intervenir. Adoptée fin 2015 dans l'Union européenne, la neutralité du net est "un principe devant garantir l'égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet, peu importe leur source, leur destination ou le contenu de l'information transmis."
Un changement forcé
Toutefois, ce principe se concentre davantage sur les fournisseurs d'accès et a tendance à délaisser les autres acteurs de la toile. Google est donc libre de gérer son entreprise comme il le sent. Le contenu qui y parvient reste filtré par des robots, permettant d'éviter les vidéos traitant d'exécutions de prisonniers ou encore les viols et autres atrocités. Ces robots ne sont pas infaillibles et il en va de la responsabilité de chacun de signaler ce genre de contenu. À côté de ça, YouTube est régi par un algorithme relativement critiqué ces derniers temps. En décembre dernier, les créateurs de contenu de la plate-forme se sont aperçus d'un changement : la perte d'abonnés et de vues sur leurs vidéos. De nombreuses vidéos ont été publiées analysant le problème, décrétant que YouTube souhaitait mettre des bâtons dans les roues de ses utilisateurs.
Miniature de la vidéo de Squeezie traitant du changement d'algorithme.
YouTube a simplement communiqué un changement dans l'algorithme, modifiant la façon dont étaient calculés les abonnés. Avec ça, le contenu qui parvient jusque dans les Tendances de YouTube a également évolué pour laisser place à des créations plus homogènes et plus représentatives de ce que les internautes regardent. En effet, le nombre de vues a baissé chez certains créateurs de contenus et une bonne partie de la plate-forme a dû s'adapter pour ne pas se faire marcher dessus. Ainsi, les émissions tirées de médias y ont fait leur apparition, parfois suivies de Vlogs et autres vidéos axées gaming.
La TV bientôt remplacée par YouTube ?
Cette évolution a également été ressentie du côté des annonceurs. Les visions ainsi que les mentalités ont changé. Le net n'est plus considéré comme le vilain petit canard et son audience jeune qui ne cesse de croître est relativement intéressante.
"Nombreuses sont les marques qui adaptent leurs spots TV pour les publier sur YouTube. Jamais vous ne penseriez à publier l’affiche publicitaire d’un bus dans un magazine. Vous ne prendriez pas non plus le texte d’un spot radio pour le publier dans un journal. C’est un média différent. Je pense qu’il est très important que les marques en soient pleinement conscientes." indique Dan’l Hewitt, directeur général pour le Royaume-Uni chez Maker Studios, à thinkwithgoogle.com.
Peu à peu, YouTube évolue. Délaissant les contenus éducatifs pour se caler sur les émissions types dignes d'émissions de TV grand public dont ce même public raffole. Malgré cette évolution rapide et la mise en avant de vidéos différentes, YouTube reste une plate-forme sur laquelle chaque jour, 600 000 heures de vidéo sont uploadées. Et même si certains contenus d'une qualité ahurissante se cachent sous la masse de rediffusions vidéos, ils sont là. Trouver un contenu considéré comme éducatif est toujours possible via la barre de recherche. Néanmoins, n'attendez pas après la plate-forme pour vous le suggérer. Les cinq catégories les plus visionnées sur YouTube le prouvent : Musique, Lifestyle, Sport, Bricolage, Comédie.
1. Tu confonds "suggestions" et "tendances"
2. L'algorithme de Youtube (comme celui de Google) est beaucoup plus complexe que juste "basée sur vos recherches". Exemple : je suis connecté à mon compte Google / Youtube sur mon ordinateur, je suis allé lire un article sur un site et il y avait une vidéo Youtube qui s'est démarré... juste après les propositions sur le site Youtube ont changé pourtant cet article n'est en rien basé sur mes recherches ou mes passions, car j'ai cliqué car un pote l'avait partagé sur FB. J'ai eu également des changements quand je suis partie en voyage à l'étranger, Youtube m'a proposé des vidéos différentes... enfin bref tout ça pour dire que l'algo de Youtube est assez complexe et te pousse de plus en plus à regarder le contenu que lui choisi selon des critères d'efficacité.
Mais visiblement tu sembles travailler chez Google et tu connais leur algo par coeur :)
P.S : merci pour ce dossier Hitek !
Si on veut s'instruire il y en a bien d'autres, bon plus sérieuses mais il y en a tellement. Top Factory, Doc Seven pour la culture gé... etc
Si vous êtes friands de culture g et de tops, Wikipédia et ses liens sont là pour vous. D'ailleurs vous n'avez qu'a faire un tour sur la pages "articles insolites" (ici https://fr.m.wikipedia.org/wiki/…) pour trouver le contenu facile qu'utilisent la plupart de ces chaines
La langue de bois libérale est désormais en vous
J'ai appris énormément sur photoshop Lightroom grace à Youtube ça a permis de découvrir des artistes du monde entier et oui aussi d'augmenter sa culture G . Er ca continue aujourd'hui malgré les youtubeurs qui passent plus de temps à faire des vlogs inutiles ( pleonasmes ) des AW qui font de l'ASMR, des SJW qui combattent bravement derrière leur PC et sur Twitter ( LA poubelle du net ) etc etc ...
il y a Dtube comme alternative, mais est elle au niveaux ...?