Le Seigneur des Anneaux : 4 raisons qui expliquent l'échec du Hobbit
Neuf ans après Le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson rempile. Cette fois-ci, c'est au tour du Hobbit de J.R.R Tolkien de passer sous l'angle du réalisateur néo-zélandais. Le succès colossal des pérégrinations de Frodon a été tel qu'il fallait combler l'appétit des fans qui redemandait une dose de Fantasy. Mais en se tournant vers un conte pour enfants écrit en un seul volume, les studios se sont cassés les dents. De plus, l'épopée de Bilbon n'aura pas autant marqué les esprits que celle de son neveu, sa qualité étant bien inférieure.
Les problèmes financiers de la mgm
Lorsque la MGM s'occupe du projet, le mythique studio de cinéma est alors criblé de dettes, et à deux doigts de déposer son bilan pour mieux se vendre. La Metro-Goldwyn-Mayer ne peut donner son feu vert au réalisateur de l'époque Guillermo del Toro, soutenu par Peter Jackson. S'ensuit un retard conséquent dans la production et le tournage. "Il n’y aura aucun tournage tant que la situation de la MGM ne sera pas résolue. Tout reste prêt pour démarrer dès que possible, mais pour le moment, nous sommes dans des négociations des plus complexes" déclaraient Jackson et Del Toro à l'époque. Mais alors que la situation traîne, le second jette l'éponge, et quitte le projet en 2010. Coup dur pour la MGM qui perd un véritable passionné des écrits de J.R.R. Tolkien.
Le départ de Del Toro, Peter Jackson propulsé à la barre du navire
Le départ de Del Toro intervient au pire moment. Alors que la MGM donne enfin son accord peu de temps après. C'est donc Peter Jackson qui reprend les choses en main. Il faut donc tout refaire, car pendant leur collaboration, Del Toro, Jackson et leurs équipes avaient plusieurs fois réécrit le script pour qu'il colle à l'univers établi par Peter Jackson dans sa première trilogie mais aussi à la vision qu'en avait Guillermo del Toro, qui souhaitait y apposer une touche de conte de fées inédite dans la saga, et ce en seulement deux volets.
Guillermo Del Toro étant parti, j'ai dû débarquer et prendre les choses en main mais je ne pouvais remonter le temps, récupérer un an et demi de pré-production pour faire mon film, très différent de ce qu'il avait prévu, raconte Jackson. C'était impossible, et comme c'était impossible j'ai commencé à tourner le film alors qu'il n'était pas bien préparé.
Tu vas sur le tournage et tu bâcles le boulot, tu as ces scènes extrêmement compliquées, pas de storyboards et tu te retrouves à improviser..., poursuit-il. J'ai passé le tournage du Hobbit à sentir que je n'étais pas à fond dedans... Du point de vue du scénario, Fran Walsh, Philippa Boyens et moi n'avons pas pu écrire les scripts de façon satisfaisante. On était donc sous pression au moment de tourner."
des films surchargés en CGI
C'est l'un des gros points noirs relevés par les spectateurs comme la presse. Les trois films sont surchargés de CGI et fonds verts, diminuant l'esthétique du film. Cette utilisation à outrance n'est sans doute pas étrangère au budget conséquent des films contrairement à celui alloué pour Le Seigneur des Anneaux, qui maximisait sur les effets pratiques. Un changement que regrettait à l'époque Ian McKellen, l'interprète de Gandalf. "Tourner devant un fond vert était la partie la plus misérable du tournage (...) J’ai cette impression, bien que je ne m’en rappelle plus trop, qu’il n’y avait aucun fond vert durant le tournage du Seigneur des anneaux. Si Gandalf avait dû se trouver en haut d’une montagne, je serais allé en haut de cette montagne."
Même son de cloche pour Viggo Mortensen (Aragorn), qui est même allé jusqu'à critiquer Peter Jackson, le taxant de "cinéaste industriel" qui userait avec abus des effets spéciaux. "Peter a toujours été un geek en termes de technologie, mais une fois qu'il a eu les moyens de faire ce qu'il voulait, quand la technologie a vraiment décollé, il n'a jamais regardé en arrière. Maintenant, avec Le Hobbit et la suite, c'est ça puissance 10."
l'ajout de scènes et personnages dispensables
La trilogie a vivement été critiquée pour sa longueur jugée inutile, et donc l'ajout de certaines scènes et personnages plus que dispensables. Peter Jackson a par exemple pioché dans le Silmarillon, véritable bible qui raconte toute l'Histoire de la Terre du milieu. On pense par exemple à l'histoire mystérieuse autour du Nécromancien (Sauron). Parmi les critiques les plus virulentes faites à la trilogie, notons la création de l'Elfe Tauriel, résultat d'un pur produit marketing, afin de donner plus de poids aux personnages féminins, trop peu présents. En découle un triangle amoureux (donc inventé) avec le nain Kili et Legolas, là aussi fustigé. D'ailleurs, l'archer du Royaume Sylvestre n'est mentionné qu'à quelques reprises dans le livre de Tolkien, alors qu'il est omniprésent dans la trilogie cinématographique.
Concernant Azog, le grand méchant des films, il n'est pas non plus présent dans l'œuvre originelle. Il est censé être mort depuis 141 ans, lors de la bataille d'Azanulbizar, la dernière de la guerre entre les orques et les nains, celle qu'on voit au tout début du film, au cours de laquelle il est tué Thorïn Ecu-de-Chène. Peter Jackson a modifié le récit en choisissant de lui couper un bras, et de le faire revenir avec une prothèse, façon Planète Terreur de Robert Rodriguez version Moyen-Âge. De même que Radagast, l'un des cinq Istari, qui permet un ressort comique aux films, alors qu'il n'est que brièvement mentionné dans Le Seigneur des Anneaux et dans le Silmarillion. Peter Jackson a dû faire du bricolage en rattachant au Hobbit des passages du Silmarillon ou en inventant des personnages et scènes pour en augmenter la durée.
En voulant pondre une trilogie et se rapprocher à tout prix du format du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson s'est certainement tiré une balle dans le pied. On rappelle que le réalisateur néo-zélandais n'avait pas franchement envie de réaliser ce triptyque cinématographique. Quoi qu'il en soit, si Le Hobbit a divisé la communauté, il a rapporté un joli tas d'or, avec 1,9 milliard de dollars dans le monde tout en ayant coûté 745 millions de dollars, mais tout de même loin des 3 milliards de son aîné et son budget de 281 millions de dollars.
"On rappelle que le réalisateur néo-zélandais n'avait pas franchement envie de réaliser ce triptyque cinématographique"
Les 2 phrases ne vont pas ensemble
Je suis plutôt d'avis de prendre les choses comme elles sont, sans distribuer les étoiles bonus à celui qui a rencontré le plus de galères.