Le Seigneur des Anneaux : ce chant magnifique des Deux Tours témoigne du génie de Tolkien
Le chant bouleversant prononcé par Eowyn dans Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours n'a pas été écrit à la va-vite par Peter Jackson. Loin de là. Il puis son inspiration dans l'imaginaire sans fin de J.R.R. Tolkien, professeur de langues et linguiste chevronné.
Le magnifique chant d'Eowyn lors des funérailles dans Les Deux Tours
Les fans les plus assidus des films Le Seigneur des Anneaux se souviennent certainement du magnifique chant funéraire interprété par Eowyn aux funérailles de son cousin, le prince Théodred, fils du Roi du Rohan Théoden. Intitulé The Funeral of Théodred ou Lament for Théodred (Les Funérailles de Théodred, ou Lamentations pour Théodred en français), le chant est donc prononcé par l'actrice Mirando Otto, été écrit par Philippa Boyens, et composée par Howard Shore.
Pour la petite histoire, la scène est une pure création sur demande Peter Jackson. Dans le roman Les Deux Tours, Théodred n'a pas eu de funérailles de ce type. Il a demandé à être enterré sur le champ de bataille afin de pouvoir symboliquement protéger Rohan même dans la mort. Par hommage pour J.R.R Tolkien, et pour tenter d'immerger au maximum le spectateur dans le lore du Seigneur des Anneaux, ce qu'on peut plus communément appeler le chant d'Eowyn a été traduit en vieil anglais par David Salo. C'est pourquoi à l'écoute, il paraît si déroutant pour les spectateurs anglais.
Derrière le chant, l'inspiration de J.R.R Tolkien et l'importance de Beowulf
En effet, pour créer la langue des guerriers du Rohan, Tolkien s'est fortement inspiré de la culture Anglo-Saxonne du haut Moyen Âge, dont les membres parlaient le vieil anglais. Pour aller plus loin, les paroles de Lament for Théodred sont très proches d'un passage du poème Beowulf, écrit épique majeur de la littérature anglo-saxonne, dont les recherches avancent qu'il a probablement été composé entre la première moitié du VIIe siècle et la fin du premier millénaire. Il s'inspire de la tradition orale anglo-saxonne et retranscrit une épopée germanique en vers, contant les exploits du héros Beowulf, un puissant guerrier goth qui voyage au Danemark pour débarrasser la cour du roi Hrothgar d’un terrible monstre mangeur d’hommes nommé Grendel.
Comme le rappelle l'excellent site Tokiendil, «Beowulf est l'une des sources d'inspiration les plus souvent évoquées par Tolkien lui-même et par les spécialistes de son œuvre. Dans les années 1920, alors qu'il était en poste de professeur à l'université de Leeds, il commence une traduction partielle en vers allitératifs.» Plus tard, il a traduit le poème en prose, avant qu'il ne soit édité. Il lui consacre également un long essai, intitulé Beowulf, le monstre et les critiques (édité en 1936) dans lequel il défend la valeur artistique du poème, et dont il produira une traduction publiée de manière posthume en 2014, par son fils, Christopher.
Plus largement, Beowulf a été une énorme source d'inspiration pour le romancier britannique. Nombre d’épisodes et de personnages de ses romans s’en inspirent, comme l’arrivée dans le royaume des cavaliers du Rohan, ainsi que la confrontation des nains de Thorin et de Bilbo avec le dragon Smaug dans Le Hobbit. Dans le poème, après de nombreuses années de règne, Beowulf meurt en affrontant un dragon qui menace ses terres.
Dans le Film de Peter Jackson Les Deux Tours, Eowyn n'interprète que les quatre dernières strophes du poème (sur 10). Voici la traduction en français.
Maintenant Théodred repose dans les ténèbres,
Le plus loyal des combattants.
Le son de la harpe ne réveillera pas le guerrier;
et l'homme ne tiendra plus de coupe de vin dorée;
ni ne lancera un faucon dans la grande salle,
ni le bruit des sabots dans la cour.
Une mort maléfique à saisie le noble guerrier
Une chanson doit chanter la chagrin des ménestrel de Meduseld
Ce noble cousin qui m'a toujours aimé
Maintenant est retenu dans les ténèbres.
Le film d'animation La Guerre des Rohirrim de kenji kamiyama sorti à l'automne 2024, s'est inspiré du chant funéraire pour les funérailles du Roi Helm. Intitulé Lament for Helm, le poème reprend peu ou prou la même structure, tout en changeant plusieurs termes de l'original.