Rechercher Annuler

Après City of Darkness, huit chefs-d'oeuvre du cinéma hongkongais

De Gaetan Desrois - Posté le 18 août 2024 à 13h59 dans Cinéma

Chez Hitek, nous adorons le cinéma asiatique. Nous avons déjà dédié un top 15 des meilleurs films sud-coréens (que nous adorerions réactualiser) ainsi qu'un top 15 des meilleurs films japonais. La sortie récente de l'excellent City of Darkness de Soi Cheang nous donne l'occasion d'évoquer le cinéma hongkongais. Plutôt qu'un top, nous vous proposons une sélection de 8 chefs-d'oeuvre permettant d'établir les grandes tendance d'un cinéma passionnant !

#1 Police sTORY, DE jACKIE cHAN (1985)

Comptant parmi les plus grandes stars du cinéma asiatique, et plus particulièrement chinois et hongkongais, Jackie Chan est une véritable légende. Son nom évoque bien sûr de nombreux films d'action, tels que Le Maître Chinois (1978) de Yuen Woo-ping, le chorégraphe star des plus grands films d'action américains (MatrixKill Bill). Mais l'acteur casse-coût est également un réalisateur ambitieux, comme il l'a si brillamment démontré avec Le Marin des mers de Chine (1983) et Police Story (1985). Véritable film culte racontant les tribulations d'un inspecteur de police joué par Jackie Chan devant protéger la petite amie d'un mafieux et lutter contre ceux qui veulent sa peau, Police Story est un modèle de comédie d'action. 

police story

Le film tient à la fois par ses situations comiques, et par la générosité de Jackie Chan, qui se donne complètement dans les scènes d'action, en exécutant lui-même ses propres cascades au péril de sa vie. Au fil de sa carrière, l'acteur s'est cassé tous les os de son corps. L'action, particulièrement bien chorégraphiée et filmée en plan large, est satisfaisante à souhait ; tout le monde en prend plein la gueule, et on en redemande. Un classique !

#2 The Killer, de John Woo (1989)

Bien que la carrière de John Woo semble avoir pris du plomb dans l'aile depuis une vingtaine d'années - malgré quelques belles réussites comme Les Trois Royaumes (2008) -, le cinéaste demeure dans notre mémoire collective celui dont les innovations techniques ont révolutionné la conception des scènes d'action dans le cinéma hollywoodien. Avant même l'impressionnant Volte/Face (1997), qui mettait en scène Nicolas Cage et John Travolta, John Woo impressionnait les connaisseurs avec une série de films honkongais absolument dingue, avec notamment Le Syndicat du Crime (1986), The Killer (1989), Une balle dans la tête (1990) et À toute épreuve (1992)

The Killer

Jeff Chow (Chow Yun-fat) est un tueur à gages. Contraint d'accepter un dernier contrat, il est repéré par la police, menée par l'inspecteur Li. Pris entre deux feux, la police d'un côté et ses anciens commanditaires qui cherchent à l'assassiner, Jeff doit reprendre les armes pour survivre. Le cinéaste impressionne par l'exécution de ses scènes d'action, qui a inspiré de nombreux cinéaste américains, à commencer par Quentin Tarantino. À tel point que l'on se demande quel est l'intérêt pour John Woo de tourner un remake de ce chef-d'oeuvre avec Omar Sy et Nathalie Emmanuel (Game of Thrones).

#3 iL ÉTAIT UNE FOIS EN chINE, DE tSUI hARK (1991)

Comme pour de nombreux réalisateurs de cette sélection, nous avons eu du mal à choisir quel film de Tsui Hark choisir. Pour rappel, plus qu'un top, nous voulions établir une sélection de films en mesure de révéler les grandes tendances du cinéma hongkongais et ses plus grands représentants (cinéastes, acteurs, producteurs, etc). Aussi, bien que Time and Tide nous apparait comme un film plus percutant qu'Il était une fois en Chine dans la carrière de Tsui Hark, ce dernier nous permet à la fois d'évoquer à la fois les films de la Golden Harvest - qui règne en maître sur le cinéma d'action hongkongais depuis les années 1970 avec les films de Bruce Lee puis de Michael Hui - et Jet Li. 

il était une fois en chine

Surtout, Il était une fois en Chine, en se réappropriant la figure de Wong Fei-hung, maître des arts martiaux et médecin devenu révolutionnaire et héros populaire chinois au coeur d'une centaine de films, Tsui Hark lance les bases d'une saga de cinq films d'une très grande ambition, dont il a réalisé trois volets. À la fois épique et élégiaque, Il était une fois en Chine nous montre une autre facette du cinéma d'action hongkongais des années 1980 et 1990. 

#4 Tigre et Dragon, d'Ang Lee (2000)

Véritable classique réalisé par le cinéaste taïwanais Ang Lee, Tigre et Dragon est une co-production hongkongaise, taïwanaise, chinoise et américaine. Le film nous plonge dans la Chine du XIXème siècle et nous raconte les aventures de Li Mu Bai (Chow Yun-Fat) et Shu Lien (Michelle Yeoh), deux as des arts martiaux qui se lancent à la recherche de Jen (Zhang Ziyi), une jeune femme promise à un homme qu'elle n'aime pas et qui a volé une épée aux grandes vertus magiques, travaillant de concert avec Jade La Hyène, l'ennemie de Li Mu Bai. En plus d'une mise en scène d'une grande élégance, le film marque par le charisme de ses acteurs (mention spéciale à Michelle Yeoh) et par la beauté de ses combats, chorégraphiés par le génial Yuen Woo-ping (MatrixKill Bill). 

tigre et dragon

Nous aurions adoré pouvoir cité le film éritico-historique Lust, Caution d'Ang Lee, qui nous plonge dans l'Histoire de Hong Kong pendant l'occupation de la Chine par les Japonais, ne serait-ce que pour l'interprétation de magnétique Tang Wei, que le gouvernement chinois a mise au placard suite au scandale du film, et que l'on a eu le bonheur de retrouver dans le magnifique film sud-coréen Decision to Leave de Park Chan-wook (2022). Malheureusement, bien que se déroulant à Hong Kong et qu'ayant dans son casting plusieurs grands noms du cinéma hongkongais (dont Tony Leung Chiu-wai), le long-métrage n'est pas une production hongkongaise.

#5 In the Mood for Love, de Wong Kar-Wai (2000)

Il est difficile de choisir un film dans la filmographie d'une richesse inouïe de Wong Kar-wai. Si nombre de ses films mériteraient une place dans cette sélection - on songe notamment à As Tears Go By (1988), Nos années sauvages (1990), Chungking Express (1994) ou encore The Grandmaster (2013) -, In the Mood for Love a fini par s'imposer. Racontant l'histoire de deux voisins de palier, M. Chow (Tony Leung) et Mme Chan (Maggie Cheung), qui découvrent que leurs époux respectifs sont amants avant de développer une liaison, est sans doute l'un des plus beaux films d'amour de tous les temps. 

In the Mood for Love

Accouché dans la douleur, In the Mood for Love est un poème magnifique sur les amours contrariés, d'une finesse et d'une pudeur qui continuent d'émouvoir. "Il se souvient de ces années révolues. Il ne cesse d'y penser. Comme s'il regardait à travers une vitre poussiéreuse, il peut voir le passé, mais ne peut le toucher. S'il parvenait à la briser, il courrait retrouver ces jours anciens." Unanimement salué, In the Mood for Love est à la fois l'un des plus beaux films asiatiques, mais également un des meilleurs films du XXIème siècle. On se réjouit d'ailleurs que les Daniels lui aient rendu un si bel hommage dans Everything, Everywhere, All At Once (2022). Le film a eu une suite avec 2046, et une suite spirituelle avec la série Blossoms Shanghai (2023-2024), qui a marqué le grand retour de Wong Kar-wai aux affaires, dix ans après le sublime The Grandmaster. Le réalisateur travaille actuellement sur son prochain film, et on peine à masquer notre impatience. 

#6 Infernal Affairs, d'Andrew Lau et Alan Mak (2002-2003)

De John Woo à Johnnie To, en passant par Ringo Lam et Tsui Hark, les films sur les triades asiatiques occupent une grande place dans la production hongkongaise. Si des films tels que The KillerLe Syndicat du Crime ou Time and Tide sont indéniablement des chefs-d'oeuvre, la trilogie Infernal Affairs d'Andrew Lau et Alan Mak est un tournant majeur. Privilégiant la psychologie des personnages aux gunfights chorégraphiés caractéristiques du cinéma hongkongais, le film raconte le portrait croisé de deux infiltrés : un flic dans la mafia et un mafieux chez les flics. Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Rien de plus normal, puisque le légendaire cinéaste italo-américain Martin Scorsese (Les AffranchisCasino) a adapté Infernal Affairs avec Les Infiltrés (2006), qui lui a permis de remporter son seul et unique Oscar du meilleur réalisateur à ce jour. (Scandaleux, tout à fait !)

Infernal Affairs

Mettant en scène le charismatique Tony Leung Chiu-wai, acteur fétiche de Wong Kar Wai, et Andy Lau, grand chanteur de cantopop devenu l'une des figures du cinéma hongkongais, Infernal Affairs est un thriller d'une intensité folle. Son succès a permis à Andrew Lau et Alan Mak de produire deux suites, Infernal Affairs II et Infernal Affairs III. Si le deuxième volet, qui prend la forme d'un prequel, est un film meilleur que le premier, Infernal Affairs III paraît plus obsolète, même s'il demeure un vrai plaisir de fans. Quoi qu'il en soit, on remercie chaleureusement le distributeur français The Jokers Films, qui propose dans son catalogue cette trilogie hongkongaise qui s'impose comme l'une des plus intenses du cinéma de gangsters, aux côtés du Parrain de Francis Ford Coppola. 

#7 iP man, de Wilson Yip (2008)

Grand maître du Kung Fu, Yip Man est un momument de la culture chinoise. Si l'on aurait pu citer le monumental The Grandmaster (2013) de Wong Kar-wai, la tétralogie Ip Man de Wilson Yip nous permet d'évoquer l'immense talent de l'acteur Donnie Yen. En nous racontant la vie du célèbre maître des arts martiaux, la saga nous raconte tout un pan de l'Histoire de la Chine : l'occupation japonaise dans les années 1930, les relations entre Hong Kong et la Chine à la fin des années 1940, jusqu'au début des années 1970. 

ip man

Si la mise en scène des scènes d'action d'Ip Man doit beaucoup à l'efficacité de son metteur en scène Wilson Yip, la véritable star de la saga est Donnie Yen, dont le charisme explosif et l'habilité au combat lui a permis d'occuper la place de Jet Li après que ce dernier se soit retiré du monde du cinéma. Si le visage de Donnie Yen vous dit quelque chose, rien de plus normal : vous l'avez vu en guerrier aveugle dans Rogue One : a Star Wars story et dans John Wick 4

#8 City of Darkness, de Soi Cheang (2024)

Tandis que le cinéma hongkongais semble moribond depuis quelques années, le cinéaste Soi Cheang semble tout faire pour le remettre sur ses deux pieds pour un dernier tour de piste. Après le polar poisseux Limbo (2021), le metteur en scène renoue dans City of Darkness avec le film d'arts martiaux qui tabasse fort. Le film nous raconte l'histoire de Chan Lok-kwun, un clandestin qui entre dans la Citadelle de Kowloon pour échapper à des gangsters qui veulent lui faire la peau et se place sous la protection et le mentorat de Cyclope, le chef charismatique de la Citadelle. Alors que les gangs de Hong Kong veulent toujours mettre la main sur Cho Lok-kwun et que la Rétrocession à la Chine annoncée dans les années 1980 signifie la fin de Kowloon, le jeune homme apprendra le vrai sens de l'amitié et du devoir. 

City of Darkness

Si son histoire peut sembler on ne peut plus classique, City of Darkness s'impose comme le meilleur film d'action de l'année 2024. Produit par Wilson Yip (Ip Man), City of Darkness s'impose par les meilleures scènes d'action depuis The Grandmaster de Wong Kar-wai, servies par une mise en scène énergique et pleine d'inventivité, mise en valeur par une photographie splendide. Pour cette dernière danse, Soi Cheang convoque, au milieu d'une bande de jeunes acteurs talentueux, deux légendes du cinéma hongkongais : l'exceptionnel Sammo Hung (Le Marin des mers de ChineSPLIp Man 2) et Louis Koo (ElectionFlashpoint). On vous le recommande vivement !

Bien évidemment, nous aurions pu citer de nombreux autres films. N'hésitez pas à citer vos premiers dans l'espace commentaires. Et si cet article vous a intéressé, et que vous appréciez le cinéma asiatique, n'hésitez pas à découvrir le nouveau projet du légendaire cinéaste sud-coréen Park Chan-wook (OldboyDecision to Leave), avec la star de J'ai rencontré le Diable et Squid Game.

Une erreur ?

Mots-Clés : hong-kongmartin scorseseMichelle YeohThe KillerJackie Chan

Salut, c'est Gaëtan. Diplômé d'un Master en Langues Modernes, je suis un grand passionné de Culture Pop. J'ai une affection toute particulière pour la culture des années 80/90. Grand lecteur, je suis aussi cinéphage et sérivore (un régime alimentaire des plus équilibrés !). Passionné par le Moyen-Âge, je suis un grand fan de Fantasy. Sinon, j'adore le cinéma coréen, la littérature japonaise, les séries et les comics britanniques. Ah, j'oubliais : pour savoir s'il y a du vent, faut mettre son doigt dans le cul du coq.

Cliquez sur une phrase de l'article pour proposer une correction.

J'ai compris !

Commentaires (1)
photo de profil de <strong>Nagato</strong>

Par Nagato, il y a 9 heures :

Excellente sélection même si ça manque de Johnnie To pour moi !

Répondre à ce commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas visible. Pour avoir une image de profil, utilisez le service gravatar.