Aujourd'hui -et je ne dis pas ça de manière arrogante parce qu'il m'arrive de le faire aussi-, on s'est habitué à vivre avec le téléchargement illégal. Et je ne parle pas du streaming. Si on veut regarder un film, on tape son nom suivi de "streaming" sur Google et hop, plus qu'à sortir le pop-corn et on économise 20 € d'un DVD qu'on n'aurait regardé qu'une ou deux fois. Il y a de ça quelques années c'était tout de même très différent : la plateforme principale de téléchargement illégal était eMule, et on vivait bloqué par la peur de recevoir une lettre d'Hadopi. Rappelons-nous.
eMule nous paraît si vieux
eMule c'était quand même quelque chose... C'était une plateforme qui paraissait révolutionnaire, mais qui à l'heure actuelle semble tellement ridicule ! En somme, pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'un logiciel comme il en existe de moins en moins aujourd'hui. Vous savez ces logiciels qui offrent la possibilité de télécharger n'importe quoi sur le web ? Aujourd'hui ils sont vus d'un très mauvais œil parce qu'ils sont souvent des nids à virus, et surtout si le logiciel venait à se faire fermer par la justice, les utilisateurs sont très rapidement repérables, et les amendes pour téléchargement illégal, ça peut vite devenir très, très chères.
Donc eMule était la première plateforme ultra populaire d'illégalité. Mais attention, ici, il ne s'agit pas de télécharger trois/quatre films par jour ou une saison d'une série dans son intégralité pour nous faire la semaine. Pas dut tout ! Vu qu'il y a une dizaine d'années, les lignes Internet étaient encore très mal développées, le téléchargement d'un film pouvait prendre un bon mois. Et surtout, vous n'étiez pas sûr du tout de recevoir vraiment ce que vous espériez... Vu que les contenus étaient mis en ligne par des utilisateurs, beaucoup d'entre eux s'amusaient à remplacer le film que vous comptiez télécharger par un film pornographique. J'espère que personne n'avait téléchargé Toy Story pour ses gosses...
Hadopi et la cyber-police
Avec l'expansion titanesque d'Internet, le développement quasi infini du streaming et des sites de téléchargements illégaux, il est aujourd'hui devenu impossible de pister ceux qui ne respectent pas ces lois. A l'époque, on se rendait déjà bien compte du risque potentiel qu'allait être Internet au sujet des copyright et droits d'auteur. Et au delà d'Internet, les progrès informatiques dans leur ensemble étaient dangereux. De grandes campagnes contre la gravure de CD/DVD étaient menées.
C'est Hadopi (haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) qui avait en quelque sorte la lourde tâche de faire la police contre le piratage et les téléchargements illégaux. Une justice qui aujourd'hui traque principalement les plateformes et les sources de piratage. Mais à sa création, Hadopi s'intéressait aussi et surtout aux "petits" pirates du coin, qui usent des téléchargements de manière limitée mais qui, aux yeux de la loi, sont quand même coupables. Dés lors, Hadopi est quand même relativement clément et ne transmet pas directement une amende à l'utilisateur. On reçoit d'abord une lettre qui nous conseille gentiment, mais avec fermeté d'éviter les téléchargements illégaux. Celle-ci pourrait sembler ridicule aujourd'hui, mais quand on apprend les tarifs des amendes, on déchante rapidement.
Choc de génération et d'éthique
A savoir qu'encore une fois, eMule en France était utilisé par des utilisateurs très jeunes, et les parents n'en avaient pas forcément connaissance. Quand ils se connectaient sur l'ordi et voyaient une icône avec une tête de mule, ils pensaient à un jeu ou quelque chose de drôle, mais à aucun moment à quelque chose d'entièrement illégal. Et même après eMule, quand ils nous disaient vouloir regarder un film et qu'on leur téléchargait sur Internet pour leur faire plaisir on était fier. On avait l'impression d'être à la pointe technologique, au summum de la connexion. Mais eux étaient plus sceptiques à la réception du film ou de la série, se demandant s'ils étaient à ce point en perdition technologique ou si leur fils embrassait l'illégalité.
Alors, à la réception d'une lettre Hadopi (je ne parle pas en connaissance de cause, des gens de mon entourage l'ont reçu, mais moi, jamais), je vous assure que les discussions étaient très animées. Si les lettres démotivaient à télécharger, les jeunes ne les prenaient que très peu au sérieux. Mais les parents eux, et fort heureusement, à travers une question de moral et d'éthique comprenaient beaucoup mieux l'enjeu du problème. Donc on se disait que si on recommençait et qu'on recevait une deuxième lettre, ça pouvait vraiment chauffer pour nous.
A l'époque, je considérais juste ce choc de génération comme un choc "technologique", les parents n'étant pas forcément habitués aux téléchargements. Aujourd'hui, je me rends compte que c'est la question d'éthique qui prime, que nos jeunes générations -et je m'inclus dedans- n'ont pas forcément conscience que ces téléchargements constituent un vol pur et simple. Et ça, nos parents en avaient parfaitement conscience.
Par jeanLucasec, il y a 8 ans :
Vive les films que tu téléchargeais sur eMule et qui au final étaient des pornos
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