Airbnb : il filme ses clients sous la douche avec cette méthode discrète et flippante

Une pratique de plus en plus répandue : filmer ses clients Airbnb sous leur douche ou plus généralement dans leur intimité à l'aide de petites caméras toujours mieux dissimulées. C'est la désagréable expérience qu'ont vécue deux jeunes femmes originaires du nord-est de la France lors d'un séjour dans un appartement en Haute-Savoie.

"je me retourne vers la machine à laver, et je capte que dans le réveil, il y a une caméra"

Glaçante découverte qu'ont faite ces deux touristes françaises dans l'appartement qu'elles ont loué sur Airbnb pour le week-end de l'Ascension. Dans ce logement situé à Dingy-Saint-Clair (Haute-Savoie), les deux jeunes femmes originaires de Meurthe-et-Moselle ont découvert une caméra dissimulée dans un radio-réveil, orientée vers la douche.

Dans une vidéo TikTok intitulée « J’ai loué un Airbnb et j’ai été filmée sous la douche » et qui cumule actuellement à plus de 2,3 millions de vues avec plus de 100.000 likes, l'une des deux victimes raconte sa mésaventure et a annoncé avoir porté plainte.

Elle révèle avoir choisi l'appartement en question en raison du nombre de commentaires (200), et n'avoir vu « aucun commentaire négatif. Au bout du deuxième jour, sous ma douche, je me retourne vers la machine à laver, et je capte que dans le réveil, il y a une caméra ». Les 2 logeuses décident de contacter le support Airbnb qui leur indique de quitter les lieux et leur propose un remboursement ou le paiement d'une chambre d'hôtel.

@maady_m J’ai loué un AirBnb a Annecy et j’ai ete filmée a mon insu sous la douche par un réveil caméra #foryoupage #airbnb #annecy #cameracachée #tiktok #tiktokfrance #filméasoninsu #fypシ #airbnbexperience #tiktokeur \u266c son original -

La caméra active depuis mars : 14 personnes filmées

L'auteure de la vidéo, Madison, décide d'embarquer la caméra et de se rendre au commissariat afin de porter plainte. La police leur indique après voir lu la carte de 32 Go que la caméra était active depuis le mois de mars, et que par conséquent, plusieurs personnes ont été filmées. 14 au total.

Contacté et interviewé par France Bleu Pays de Savoie, Madison poursuit en disant avoir vu les images qui correspondaient au moment où elle se douchait, avant de révéler que le propriétaire de l'appartement l'a appelé afin de la dissuader de porter plainte, après avoir avoué les faits : « il avait fait ça parce que sa compagne était partie, qu’il avait pété un plomb et qu’il faisait ça pour combler un vide », précise-t-elle.

Madison se dit traumatisé par l'évènement. « Ça m’a détruit, confie-t-elle. J’ai des séquelles dont je ne pourrai jamais parler. Quand j’entre dans une pièce, je regarde s’il y a des caméras… J’ai développé une espèce de parano, désormais je me sens observée. Ce que j’ai subi, c’est une agression sexuelle. Je suis traumatisée de ce qu’il m’est arrivé, de me voir sur une caméra, filmée à mon insu tout en sachant que quelqu’un voit les images ». Aujourd’hui, la jeune femme est suivie par une professionnelle de santé.

Un modèle à revoir ? 

La plateforme de réservation de logements en ligne a également été contactée par France Bleu Pays de Savoie. Elle explique avoir retiré l'annonce de cette maison. Cependant, « Nous n'avons jamais été dédommagées en dehors du remboursement de la location par Airbnb, je trouve ça irrespectueux après ce qui s'est passé », développe Madison.

Néanmoins, l'annonce du bien en question aurait été vu sur d'autres plateformes : « On a pris contact avec ces sites, mais leur réponse c'est de dire que ce n'était pas sur leur plateforme, donc il n'y a aucun problème. Le message envoyé c'est "ce que vous avez fait, ce n'est pas bien, mais continuez à le faire en toute impunité", je ne comprends pas que la justice n'avance pas plus vite. » De son côté, la plateforme se défend par une réponse transmise par un communiqué au site de France Bleu. « Le compte de l’hôte a été définitivement supprimé de la plateforme dès lors que cet incident nous a été signalé pour la première fois il y a six mois, et nous collaborons avec la police dans son enquête.»

Actuellement, l'enquête se poursuit. La police tente de recueillir les témoignages des autres victimes, et « Une perquisition a été réalisée au domicile du mis en cause. La caméra a été saisie et a fait l’objet d’une exploitation. Des images d’une dizaine de personnes, potentiellement victimes des mêmes agissements que les plaignantes, ont été mises en évidence ».

Ces cas de locataires ayant découvert des caméras dissimulées dans des logements réservés sur Airbnb se sont multipliés ces dernières années. Phénomène qui est à recontextualiser avec le système et le modèle même de la location d'hébergements de particuliers en ligne, qu'incarne Airbnb. Des cas repérés depuis 2017 avec 857 infractions de ce type enregistrées sur cette seule année. On imagine — par manque de donnés — ces chiffres encore plus élevés aujourd'hui. Les techniques de ce type espionnage sont diverses, entre le détecteur de fumée, la lampe de chevet, le miroir ou le réveil donc. Un véritable fléau selon certains, qui pourrait s'accentuer, à mesure de l'évolution de la technologie.