Dossier : urbex, tout savoir sur l'ascension de l'exploration urbaine
Durant votre vie, vous avez certainement déjà aperçu un bâtiment abandonné, un chantier vide, un immeuble d'une rare splendeur. Et là, la curiosité vous frappe, que peut-il bien y avoir à l'intérieur ? Eh bien l'urbex vous permet de donner la parole à la curiosité qui vous habite. La visite de ces lieux vides, abandonnés, laissés à l'abandon est souvent remplie d'histoires. Autrefois un passe-temps basé presque uniquement sur le bouche à oreille, l'urbex a littéralement explosé avec l'arrivée d'Internet et notamment des réseaux sociaux, menés par Facebook.
Avant de débuter ce court dossier, petite présentation de ce qu'est l'urbex. L'urbex est l'abrégé d'exploration urbaine (urban exploration en anglais). Il consiste en une exploration de lieux construits ou aménagés par l'homme, à contrario des grottes, dont sont fadas les spéléologistes. Laissés à l'abandon depuis plus ou moins longtemps, ces lieux offrent une sensation toute propre aux visiteurs. En fonction de la bâtisse, la nature peut même avoir repris le contrôle des lieux, offrant un spectacle dans le registre post-apocalyptique. Cette découverte, voire redécouverte de ces lieux, parfois chargés d'histoire, est une des raisons principales qui poussent de plus en plus d'adeptes à se tourner vers l'Urbex.
L'urbex est aussi vaste que peut l'être un bâtiment abandonné. Elle se décline sous de nombreuses variantes, principalement axées sur le lieu visité. Cependant, rien n'empêche à un urbexeur de s'adonner à plusieurs spécialités :
- La toiturophilie
Comme son nom l'indique, la toiturophilie concerne les toits. Ses adeptes ("stégophiles") sont des aficionados des hauteurs et des vues en plongée. Généralement, l'accès aux toits se fait de façon illégale. Cependant, certaines visites peuvent se retrouver encadrées et donc, légales, et s'accompagnent souvent de reportages photo ou d'entretiens sanitaires. Certains ont fait de la toiturophilie leur marque de fabrique, comme l'américain Christopher Serrano aka heavy_minds sur Instagram, décédé l'année dernière en tentant de grimper sur le métro new-yorkais.
- Cataphilie
Après un séjour dans les hauteurs, il est temps de se tourner vers les profondeurs. La cataphilie parlera à tous les adeptes des catacombes, qu'elles se trouvent à Paris, Rome ou encore Naples. Seulement, la définition ne se limite pas qu'aux souterrains parisiens et vient finalement englober les carrières situées aux alentours de Paris. Etymologiquement, la cataphilie se distingue de la subterranologie ou l'étude des différents domaines relatifs aux souterrains, mines, carrières ou encore exploitation de roches. Le cataphilie va davantage explorer qu'étudier.
- les bâtiments non-abandonnés
Certes, parvenir à entrer dans certains bâtiments abandonnés constitue déjà un challenge de taille, certains uberxeurs vous le diront. Cependant, il existe une pratique qui consiste à visiter des bâtiments où l'activité perdure. Pour obtenir un accès dans les salles interdites au public, il faut user de stratégie. Il ne suffit plus de se frayer un chemin parmi les ronces, mais généralement à l'intérieur d'un lieu surveillé dû à son importance.
- les bâtiments abandonnés
Cette dernière catégorie contient, comme son nom l'indique, tous les bâtiments abandonnés ne possédant pas forcément une catégorie propre. On y retrouve, entre autres, les hôpitaux, les silos à grain ou de missiles, les abris anti-atomiques, les asiles, les écoles, les orphelinats ou encore les sanatoriums.
Les origines de l'urbex
L'urbex voit le jour publiquement aux débuts des années 1900 avec l'arrivée du métro new-yorkais. Certains explorateurs en deviennent accros et tentent d'en explorer les moindres recoins, même les plus déconseillés. De nombreux accidents surviennent, un mélange d'humains, de wagons et de rails. Le plus mémorable reste sans doute l'accident qui ôta la vie au new-yorkais Leidschmudel Dreispul qui fût percuté par un train alors qu'il explorait les nouveaux tunnels du métro.
Station de Colombus Circle en construction. Dessin de C.A. Vanderhoof.
A Paris, le 2 novembre 1955, un arrêté préfectoral interdit la visite et l'exploration des carrières souterraines. De ce fait, parvenir à organiser une incursion dans les carrières parisiennes se décline comme un défi alléchant. Cependant, comme l'interdit attire, nombreux sont les nouveaux visiteurs, généralement amateurs, à se jeter dans le bain. Pour veiller à leur sécurité, l'équipe de recherche et d'intervention en carrière (ERIC) est fondée en 1983. Ils ont pour objectif de patrouiller dans les catacombes et éventuellement, intervenir lorsqu'un disparu est signalé.
Crânes et ossements empilés dans les catacombes de Paris (PATRICK KOVARIK/AFP)
Il faudra attendre les années 1990 et s'aventurer jusqu'au Canada pour découvrir la première ascension publique de l'Urbex. Jeff Chapman aka Ninjalicious est celui qui a popularisé l'expression "exploration urbaine" ainsi que sa pratique. Il est également le fondateur d'Infiltration, un magazine spécialisé sur l'urbex. Chapman écrit également. En 2005, il publie Access All Areas : a user’s guide to the art of urban exploration, un ouvrage contenant les règles basiques et de bon sens de tout urbexeur. Grâce à Ninjalicious et les réseaux sociaux, l'urbex a désormais pris d'assaut le web et notamment, Instagram, Snapchat, Facebook et YouTube.
L'urbex en France
En France, l'urbex a débuté comme pratique liée au bouche à oreilles. Cependant, l'exploration urbaine s'est démocratisée et s'est popularisée. Sur YouTube, les chaines continuent d'affluer, accompagnées de comptes Instagram et Snapchat, plus pratique pour communiquer sur la pratique. En France, la chaîne la plus connue restant celle de Mamytwink, avec plus de 500 000 abonnés. Hôpitaux, forts et même navires de guerre abandonnés ont vu ses pas défier leur sol. Hitek s'est rendu à Metz pour aller à la rencontre de ce passionné d'histoire.
L'urbex a également pris ses marques sur Instagram. Certains comptes français sont parvenus à se faire leur place parmi les géants de l'international.
L'urbex à l'international
Autour du globe, l'urbex est encore plus présent. En première place, on retrouve naturellement les Etats-Unis. Les chaînes YouTube sont d'une ampleur encore plus importante, la plus connue étant certainement Exploring with Josh et ses 2 255 000 abonnés. D'autres tirent également leur épingle du jeu comme The Proper People, This is Dan Bell. ou encore TikiTrex. Si l'on se tourne vers Instagram, ce sont les comptes urbexpeople, insighting, vincentchapters, neji_maki_dori ou encore akusepp qui ressortent le plus.
Les dangers de l'urbex et les questions de légalité
L'urbex n'est pas le hobby le moins dangereux du monde. Et pour cause, les lieux visités sont souvent difficiles d'accès, non entretenus et emplis de vécus. Le sol et les murs peuvent se retrouver abîmés, fragilisés, par le temps et le climat. Il faut alors toujours veiller à regarder ou on met les pieds, et à deux fois. Blessez-vous dans des canalisations ou dans un hôpital du fin fond de la Sarthe et personne ne vous entendra crier à l'aide.
Asile de Cane Hill, Croydon, Londres (Cane Hill, Flickr)
C'est pour cela qu'il faut toujours prévenir quelqu'un de sa destination, histoire que les secours soient envoyés si vous ne donnez plus signe de vie après quelques temps. Les accidents mortels sont également de la partie, chutes, rencontres inattendues avec un train, une voiture ou même un animal sauvage peuvent s'avérer malencontreuses.
Sanglier à Tchernobyl (Reuters)
En soi, l'urbex est illégale puisque la notion de propriété privée est présente. Cependant, si vous vous faites attraper sur les lieux par les forces de l'ordre, vous ne risquez qu'une amende et/ou jusqu'à 48 heures de garde à vue, en France du moins. Car oui, aux Etats-Unis, où les armes sont présentes, l'urbex présente également son lot de dangers. Cependant, vous êtes à même d'être jugés si vous entrez dans les lieux par effraction, si vous dégradez ou si vous commettez des violences sous n'importe quelle forme. Veillez donc à respecter les règles de bonne conduite de tout bon urbexeur et vos explorations se déroulent sans accroc. Mais ça, vous le saviez déjà.
si jamais vous en faites, je recommande d'emmener avec vous un pote froussard ou qui croit aux fantomes, il y a la matiere à se marrer^^
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