Dossier : les légendes de Disney (partie 2)

7 janvier 2019 à 11h56 dans Cinéma

Dans la première partie de notre dossier sur les légendes du studio Disney, nous avons voulu rendre hommage à ces artisans de nos rêves d'enfants et d'adultes. Après Walt Disney, Ub Iwerks, Ben Sharpsteen, Floyd Gottfredson, Carl Barks, Wolfgang Reitherman, Don Rosa, le duo Alan Menken / Howard Ashman, George Lucas et John Lasseter. Nous vous proposons de rendre hommage à dix autres réalisateurs, animateurs, scénaristes de films et de BD, compositeurs, qui ont fait la gloire du studio Disney.

Dossier : les légendes de Disney (partie 2)

11. Romano Scarpa

Après avoir parlé, dans la première partie, de Floyd Gottfredson, Carl Barks et Don Rosa, c’est au tour de Romano Scarpa. Ce dessinateur et scénariste de génie, travaillant pour Topolino, le Journal de Mickey de nos voisins italiens, est considéré comme un des meilleurs raconteurs d’histoires de Disney. Son œuvre, publiée sous la forme d’intégrales chez Glénat (quatre magnifiques tomes sont parus à ce jour), couvre aussi bien l’univers de Donald et Picsou que celui de Mickey. Mais ce que je préfère de Romano Scarpa, ce sont les nombreuses suites à Blanche-Neige et les Sept Nains qu’il a racontées. Mettant en scène tous les personnages du premier long-métrage d’animation du studio, ces suites sont comme autant de déclarations d’amour à cet héritage magnifique laissé à la postérité par Walt Disney. Ces histoires montrent également toute la culture disneyenne de Romano Scarpa, puisqu’il fait intervenir des personnes issus d’autres grands classiques d’animation, de Jiminy Circket de Pinocchio (1940) au perroquet José Carioca des Trois Caballeros (1942). Nous vous recommandons vivement la lecture de son œuvre.

12. Les frères Sherman

Difficile d’imaginer le succès de certains classiques Disney des années 60/70 sans la musique des frères Sherman. Richard et Robert Sherman entrent au studio Disney au tout début des années 60, afin de composer quelques musiques pour les parcs d’attraction ainsi que quelques BO de films (tels que Monte là d’ssus et La fiancée de papa, tous deux sortis en 1961). Lorsque le compositeur Paul J. Smith quitte le studio, les frères Sherman le remplacent au pied-levé, et composent la musique du classique d’animation Merlin l’enchanteur (1963). Si à sa sortie le film n’est pas un franc succès pour le studio, les frères Sherman seront néanmoins nommés aux Oscars. En 1964, sort leur plus gros coup d’éclat, la comédie musicale adaptée des écrits de Pamela L. Travers : Mary Poppins. Bien que l’auteure était réticente au fait que le film soit une comédie musicale, il s’agit de sa plus grande force, car cela permet de prendre un recul suffisant pour accepter toutes les bizarreries du récit. Les frères Sherman, pour ce film, compose des chansons aujourd’hui cultes, telles que Supercalifragilisticexpialidocious et Chem cheminée. Le film gagnera d’ailleurs un Oscar pour cette chanson, ainsi qu’un autre pour l’ensemble de la bande-originale des frères Sherman (sans compter ceux pour la meilleure actrice, gagné par la lumineuse Julie Andrews, pour les meilleurs effets visuels et pour le meilleur montage). Face à cet immense succès, Walt Disney confie aux frères Sherman la bande-originale du prochain grand long-métrage d’animation du studio : Le Livre de la Jungle (1967), qui sortira un an après la mort de Walt. Le duo compose pour le film une BO jazzy à souhait, bourrée de chansons cultes, dont la très bonne Il en faut peu pour être heureux. Les frères Sherman seront une fois de plus nommés aux Oscars pour cette chanson. Avec Les Aristochats (1970), c’est une nouvelle partition jazzy, aussi splendide que culte, que composeront Robert et Richard. Si le film n’est pas nommé aux Oscars, dans aucune catégorie, difficile d’ignorer le génie de chansons telles que Tout le monde veut devenir un cat. On retrouvera les frères Sherman dans L’Apprentie Sorcière, film censé avoir le même succès que Mary Poppins, mais qui n’eut qu’un succès d’estime. En 1977, c’est Les Aventures de Winnie l’ourson qui marquera la dernière grande contribution des frères Sherman pour les films du studio, avec des titres tels que L’Univers de Jean-Christophe, qui ont contribué à faire rêver tant d’enfants à travers le monde. Les frères Sherman ont contribué à faire le succès de Disney pendant deux décennies.

13. Stan Lee

Comme pour George Lucas dans la partie 1 de ce dossier, la présence de Stan Lee pourra en dérouter certains, mais elle n’est pas sans raison. Tout d’abord, l’univers Marvel, auquel Stan Lee a très largement contribué en inventant des personnages tels que Spider-Man, Hulk ou Iron Man, est l’un des principaux atouts de la Walt Disney Company. Le Marvel Cinematic Universe est sans aucun doute une des licences les plus rentables de l’Histoire. À ce jour, avec vingt films en dix ans, le MCU a rapporté 17 530 156 134 ! Une somme astronomique. Mais là n’est pas l’unique raison de la présence de Lee dans ce dossier sur les légendes Disney. Tout d’abord, au-delà même de la création des personnages Marvel, il a contribué au MCU par ses caméos, humoristiques et mémorables. À n’en pas douter, sa mort nous prive d’un running gag récurrent et attendu par tous les fans de Marvel. Mais on peut également rapprocher l’icône Stan Lee de l’icône Walt Disney. Une ombre tutélaire, qui a insufflé un souffle de création inestimable pour les générations à venir. On peut également dire merci à Monsieur Stan Lee pour sa contribution indirecte à certaines des plus belles œuvres du studio Disney. On ne dira jamais à quel point Les Indestructibles et Les Indestructibles 2 de Brad Bird, fleurons de Pixar, ont une dette envers l’univers tissé par Stan Lee. Même chose pour Les Nouveaux Héros, cinquante-quatrième classique d’animation de Disney (un film particulièrement émouvant), qui est d’ailleurs une collaboration Disney / Marvel. Parler de Stan Lee dans ce dossier était pour nous l’occasion de lui rendre un nouvel hommage. À noter d’ailleurs que Panini Comics a sorti en décembre dernier une très belle anthologie appelée Je suis Stan Lee, dont nous vous recommandons très chaudement la lecture.

14. Ron Clements & John Musker

Ron Clements a fait ses débuts dans l’animation chez Hanna-Barbera Productions, et entrera chez Disney en 1976. L’année suivante, John Musker, fraîchement diplômé de CalArts, l’école d’animation fondée par Walt Disney en 1961, fera également ses débuts chez Disney. Si Ron Clements fait un début très prometteur, travaillant comme animateur sur des gros projets (Les Aventures de Bernard et Bianca et Peter et Elliott le Dragon, tous deux sortis en 1977), John Musker fait une carrière plus discrète (il sera animateur sur Le petit âne de Bethléem, un moyen-métrage réalisé en 1978 par Don Bluth, le futur réalisateur du Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles et d’Anastasia). Les deux animateurs se rencontrent en travaillant sur Rox et Rouky (1981), film sur lequel travaillèrent également Tim Burton et John Lasseter. Très vite, Ron Clements et John Musker deviennent amis, et sont promus scénaristes pour Taram et le Chaudron Magique (1985), un film d’animation de fantasy terriblement sombre pour un Disney, qui fut un gigantesque échec, mais qui est aujourd’hui considéré (à raison!) comme culte. Malgré cet échec, on leur confie le film d’animation suivant, qu’ils réaliseront : Basil, détective privé, adaptation des Aventures de Sherlock Holmes de sir Arthur Conan Doyle. Le film fit un meilleur score que Taram et le Chaudron magique, mais n’eut pas un succès fou (à cause d’une tonalité toujours assez sombre). Pourtant, chez Disney, on reconnaît à ces deux réalisateurs de véritables prises de risques artistiques. Le film est novateur et surprenant. Et puis confier le rôle du méchant Ratigan à Vincent Price (l’acteur qu’adulait enfant Tim Burton, et qui était l’acteur principal des adaptations des livres d’Edgar Allan Poe) tenait du génie.

En 1989, Ron Clements et John Musker frappent un gigantesque coup avec La Petite Sirène, un chef d’oeuvre intemporel qui a conquis le coeur de tout le monde dès sa sortie. Que ce soit le personnage d’Ariel, de Sebastien, la beauté de l’animation et des décors, la superbe des musiques composées par le duo Alan Menken / Howard Ashman (voir la première partie du dossier), tout est grandiose, et a contribué à faire de La Petite Sirène un grand film, qui a amorcé le second âge d’or de Walt Disney Pictures. Les deux compères récidivent avec Aladdin (1992), autre claque cinématographique, qui pousse plus loin encore la perfection du point de vue de l’animation. Après avoir confié le rôle de Ratigan à Vincent Price, les deux réalisateurs confient le rôle du génie au prodigieux acteur Robin Williams. Williams mettra tout son talent d’improvisation, d’humoriste et d’acteur à contribution pour ce rôle taillé pour lui. Pour l’anecdote, Robin Williams, à qui on avait demandé d’improviser et de s’enregistrer pour des gags, donna plus de 16 heures d’improvisation. Le film est un succès immense, et gagna l’Oscar de la meilleure bande originale. Après avoir réalisé Aladdin et le Roi des voleurs (une suite de bonne facture, bien que moins réussie que l’original), Ron Clements et John Musker réalisent Hercule (1997). Moins bien accueilli que les autres films du second âge d’or de Disney, Hercule demeure excellent surtout grâce à son humour mordant, et le personnage d’Hadès, magistralement interprété James Wood (Casino), qui confiera que ce fut son rôle préféré. On saluera également la présence de l’acteur Danny DeVito (l’acteur du Pingouin dans Batman, le défi de Tim Burton). La musique d’Alan Menken est une fois encore très réussie. Leur réalisation suivante, La Planète au trésor (2002), est un des meilleurs Disney des années 2000, mais il fut accueilli très froidement, malgré ses très grandes qualités intrinsèques.

Refroidi par cet échec, Clements et Musker quitteront le studio Disney, avant de revenir en 2007, sollicités par le directeur de l’animation John Lasseter pour un retour aux sources de Disney, qui connaît alors une grande traversée du désert. La Princesse et la Grenouille (2009), leur nouveau film, est un chef d’oeuvre digne de ceux des années 90, et permet à Disney d’entrer dans son troisième âge d’or (ce que confirmera le film suivant, Raiponce). La Princesse et la Grenouille, non content de renouer avec l’animation 2D (après plusieurs films entièrement réalisés en 3D, souvent mal utilisée), renoue également avec les histoires de princesses (les deux dernières étant La Belle et la Bête et Aladdin, respectivement sortis en 1991 et 1992) et les chansons, abandonnées après Mulan sorti en 1998 (si des chansons sont bien présentes dans Tarzan, Lilo et Stitch, La Planète au trésor et Frère des ours, aucune d’entre elle n’est chantée par un personnage, exception faite de Toujours dans mon coeur dans Tarzan). En 2016, Ron Clements et John Musker réussiront leur pari de parfaitement mélanger animation 2D et animation 3D avec leur dernier chef d’oeuvre, Vaiana, la légende du bout du monde, qui confirmera à la fois que Disney connaît son nouvel âge d’or, mais aussi que les personnages qui chantent dans les Disney nous ont terriblement manqué ! Ron Clements et John Musker ont non seulement contribué aux films Disney pendant quatre décennies, mais ils sont également les artisans principaux des deux derniers âges d’or.

15. Gary Trousdale & Kirk Wise

Après le succès de La Petite Sirène de Ron Clements et John Musker, c’est au tour d’un autre duo de réalisateurs de triompher, et de devenir l’un des duos phares de Disney : Gary Trousdale et Kirk Wise. Gary Trousdale commence sa carrière chez Disney en devenant intervalliste sur le film mal-aimé à sa sortie, en 1985 (et devenu culte par la suite) Taram et le Chaudron magique. Très vite remarqué pour son imagination débordante et son talent, Trousdale est ensuite promu scénariste sur Oliver et Cie, avec son ami Kirk Wise, avec qui il ne cessera jamais de collaborer. Les deux compères écrivent donc un classique Disney, certes pas inoubliable, mais qui sera plus apprécié que Taram et le Chaudron magique et Basil, détective privé. La force du duo Gary Trousdale, c’est de s’approprier complètement une œuvre et s’en amuser, comme le faisait Walt Disney. Après avoir signé les storyboard de La Petite Sirène (1989), premier chef d’oeuvre du second âge d’or de Disney, de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous (1990), suite des Aventures de Bernard et Bianca (1977) et Le Prince et le Pauvre (une très belle adaptation d’un conte datant de 1990 mettant en scène Mickey Mouse), Trousdale et Wise deviennent réalisateurs de La Belle et la Bête (1991), premier film d’animation de l’Histoire à être nommé à l’Oscar du meilleur film. Le film gagnera d’ailleurs deux statuettes (pour sa bande originale et pour la chanson La Belle et la Bête). Il faut dire que ce film possède de nombreux atouts : l’animation est splendide, l’histoire dans la continuité des premiers chefs d’oeuvre de Walt Disney, les chansons magnifiques. Le film est par ailleurs le premier à utiliser la technologie du CAPS (l’ordinateur pour animation 3D développé par Disney et Pixar, perfectionnant le modèle inventé par George Lucas, comme nous l’avions expliqué dans la première partie de ce dossier).

Le succès de La Belle et la Bête confirme que Disney connaît son nouvel âge d’or. Gary Trousdale et Kirk Wise participent ensuite à l’écriture du scénario d’Aladdin (1992), réalisé par Ron Clements et John Musker, et du Roi Lion (1994), de Roger Allers et Rob Minkoff (qui deviendra le plus grand succès de Disney dans le domaine de l’animation jusqu’à la sortie de La Reine des Neiges en 2013). Le Bossu de Notre-Dame (1996), leur film suivant, et dont ils sont les réalisateurs, connut un peu moins de succès. Pourtant, il s’agit selon moi de leur meilleur film (bon, il faut dire que Le Bossu de Notre-Dame est mon Disney préféré). Perfection de l’image, de la musique, de la réalisation, de l’histoire, des personnages. Le siège de Notre-Dame enflammée est de toute beauté, et les deux réalisateurs nous ont offert un gigantesque moment de cinéma.

Par la suite, Gary Trousdale et Kirk Wise vont se montrer plus discrets, et reviendront à la réalisation pour Atlantide, l’empire perdu (2001). Le film n’eut pas le succès escompté (et fut même considéré comme un échec), pourtant, il s’agit d’un des meilleurs Disney des années 2000. Ce grand film d’aventure, dont la thématique rappellerait presque un autre grand film du deuxième âge d’or de Disney (Pocahontas), était pourtant novateur pour Disney : non seulement il allait à l’encontre de la formule Disney (puisqu’il n’y avait aucune chanson), mais en plus il s’agissait d’un film aux embruns de SF, genre inexploré par le studio (comme la Fantasy avec Taram et le chaudron magique, qui fut on le rappelle un échec à sa sortie). La raison de cet échec tient sans doute au fait que le public avait commencé à se désintéresser du studio aux grandes oreilles, et commençait à s’intéresser un peu plus sérieusement à ce que proposaient d’autres studios, comme Pixar (dont Disney n’était à l’époque que le distributeur), Ghibli (dont Disney était, et reste encore à ce jour le distributeur occidental) et DreamWorks. C’est sans doute pour cette raison que Gary Trousdale quittera le studio pour leur concurrent DreamWorks, chez qui il fit une carrière plus anecdotique. Gary Trousdale et Kirk Wise seront à nouveau réunis en tant que consultants pour l’adaptation par Disney d’un de leurs chefs d’oeuvre : La Belle et la Bête, sorti en 2017. On se souviendra de ces deux réalisateurs surdoués comme étant les principaux architectes, avec Ron Clements et John Musker, du second âge d’or de Disney.

16. Tim Burton

L’histoire entre Tim Burton et le studio Disney, c’est une gigantesque histoire de « Je t’aime ! - Moi non plus ! ». Enfant solitaire, passionné par les vieux films de monstres, surtout ceux réalisés en stop-motion par Don Chaffey (Jason et les Argonautes), Tim Burton intègre Cal Arts, l’école d’animation créée par Walt Disney. Là-bas, il fait la rencontre de nombreux génies, dont il sera le camarade et l’ami, dont John Lasseter (avec qui il entrera chez Disney) et Brad Bird. Il travaille en tant qu’animateur sur Rox et Rouky (1981), mais avouera avoir beaucoup souffert de devoir dessiner chaque jour des chiens et des renards tout mignons. On lui laisse l’opportunité de réaliser un court-métrage qui lui ressemble, en stop-motion, et rendant hommage à son acteur préféré, Vincent Price (qui sera d’ailleurs le narrateur du court-métrage) et à son auteur favori, Edgar Allan Poe. Entièrement rédigé en vers, réalisé en noir et blanc, Vincent est un petit bijou, très apprécié aujourd’hui, mais qui n’a pas été distribué à l’époque, car jugé trop sombre pour un public enfantin. Burton réalise ensuite un moyen-métrage, Hansel et Gretel, une adaptation du conte popularisé par les frères Grimm, mettant en scène uniquement des acteurs japonais. Le film rend d’ailleurs hommageç à la culture asiatique, tant par son esthétique que par les combats de kung-fu. Jugé trop dérangeant pour les enfants, le film ne fut diffusé qu’une seule fois sur Disney Chanel, le 31 octobre 1982, avant de sombrer dans l’oubli. Ensuite, on lui demande des dessins pour des décors, des personnages et des monstres pour Taram et le Chaudron magique (1985), mais aucune de ses idées n’est retenue. Tim Burton réalise en 1984 son meilleur moyen-métrage : Frankenweenie, tourné en noir et blanc en prises de vues réelles est un sublime hommage aux films de Frankenstein et La Fiancée de Frankenstein. Mais là encore, à cause de la Commission de Classification des Films, le film est jugé trop sombre, et Disney renonce à sa diffusion, alors qu’il devait être diffusé en première partie de la réédition de Pinocchio. Las, Tim Burton quitte le studio Disney… pour mieux y revenir.

Tim Burton retrouvera le studio Disney pour L’étrange Noël de Monsieur Jack, sorti en 1993. Disney avait retrouvé un poème de Burton, intitulé The Nightmare Before Christmas, avec une écriture proche de celle du Dr Seuss, et voit tout le potentiel pour en faire un film. Tim Burton étoffe son histoire, produit le film, mais renonce à sa réalisation, qu’il confie à son ami Henry Selick, qui se fera un expert en animation post-motion (on doit à Selick les adaptations de James et la Grosse Pêche et Coraline). Bien que Burton ne réalise pas le film (il était trop occupé à réaliser Batman, le défi), il est très présent sur le plateau, s’occupe du design des personnages, et choisit même Danny Elfman, son alter ego musical, pour la musique et les chansons. À tel point que le film est considéré comme un film de Tim Burton. Disney cible d’ailleurs sur le nom de Burton pour promouvoir le film, qui sera très vite considéré comme culte. En 1994, Touchstone, la maison de prodution de Disney pour des films plus adultes, diffuse le nouveau film de Tim Burton en prises de vues réelles : Ed Wood, un biopic du réalisateur homonyme, considéré comme étant le pire réalisateur de l’Histoire. Entièrement réalisé en noir et blanc, le film est magnifique, mais ne rencontre pas un grand succès, la faute revenant à une promotion désastreuse.

Tim Burton reclaque la porte de Disney, et y reviendra une fois encore en 2010 pour la réalisation de l’adaptation en prises de vue réelle d’Alice au Pays des Merveilles. Le film connaît un grand succès, dépassant le milliard de dollars au box-office mondial. Si le film est un film Disney, là encore, le studio a tablé sur le fait que c’était avant tout un film de Tim Burton, et ont mis l’accent sur la prestation de Johnny Depp, alors au sommet de sa gloire. Le film est également un des premiers films réalisés en 3D, expliquant en partie son immense succès. Alice au Pays des Merveilles amorce une longue liste d’adaptations de grands classiques Disney (Maléfique, Cendrillon, Le Livre de la Jungle, La Belle et la Bête). En 2012, Tim Burton adapte son propre film, Frankenweenie, en stop-motion. Ce film magnifique, entièrement réalisé en noir et blanc, coûte 39 millions de dollars au studio, et lui en rapporte presque 70 millions. Tim Burton reviendra en 2019 avec une nouvelle adaptation d’un classique Disney : Dumbo, qui sortira courant mars.

17. Hans Zimmer

Si le nom de Hans Zimmer n’est pas intimement lié à celui du studio Disney (on l’associe plus facilement à celui de Christopher Nolan ou du studio DreamWorks, dont il a signé la majorité des BO), les rares bandes-originales qu’il a composées pour le studio aux grandes oreilles sont aujourd’hui considérées comme cultes. La première collaboration entre Zimmer et Disney, ce fut la BO du Roi Lion, co-composée avec le chanteur anglais Elton John. Que ce soient les chansons (L’Histoire de la vie, L’Amour sous les étoiles) ou les musiques (Terres interdites, Sur le rocher des lions), toute la BO est d’une splendeur absolue. Il s’agit d’ailleurs d’une des meilleures BO pour un film Disney, mais aussi un des meilleurs travaux de Hans Zimmer. Il a d’ailleurs gagné, pour Le Roi Lion, son seul et unique Oscar. Hans Zimmer retrouvera le studio Disney en 2003 pour la saga des Pirates des Caraïbes. Si pour La Malédiction du Black Pearl, il ne se contente que de composer les thèmes principaux (le reste du travail étant signé Klaus Badelt), il signera les musiques du Secret du coffre maudit, Jusqu’au bout du monde et La Fontaine de Jouvence. Là encore, avec ses orgues puissantes, les envolées des cordes et la force des percutions, la musique de Zimmer habite tout le film. Difficile de résister aux musiques The Kraken, Davy Jones ou Up is Down. Après avoir signé l’anecdotique musique du film The Lone Ranger de Gore Verbinski (le réalisateur des trois premiers Pirates des Caraïbes), qui fut un échec pour le studio, le compositeur retrouve en 2019 l’univers de Simba, puisqu’il compose et supervise la musique de l’adaptation, prévue pour juillet prochain.

18. Pete Docter

Autre grand génie de l’animation Pixar, Pete Docter a rejoint Cal Arts, après avoir fait des études de philosophie. Il participe à l’écriture du premier film de Pixar, Toy Story (1995), avant de dessiner les story-board de 1001 Pattes (1998). Il intégrera à nouveau l’équipe scénaristique de Toy Story 2 (1999), et écrira et réalisera son premier long-métrage : Monstres et Cie (2001), qui connut un immense succès critique et publique. Si le film ne gagne pas l’Oscar du Meilleur film d’animation (remporté par Shrek du studio DreamWorks) ni même celui de la Meilleure Musique de film (que remporta Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau de Peter Jackson), il remporte celui de la Meilleure Chanson originale pour la chanson If I Didn’t Have You. Il participe ensuite à l’écriture du magnifique WALL-E (2008), qui gagna l’Oscar du Meilleur film d’animation, avant d’écrire et réaliser Là-haut (2009), qui, par son génie, par sa beauté, par son intelligence, a ému petits et grands. Le film sera un immense succès, et gagnera l’Oscar du Meilleur film d’animation. Après avoir produit Monstres Academy, le prequel (raté pour la critique) de Monstres et Cie, il écrit et réalise son plus grand chef d’oeuvre, Vice-versa (2015), qui prouve une fois encore toute l’intelligence et l’émotion des films de Pete Docter. Le film sera encore une fois un immense succès, et remportera l’Oscar du Meilleur film d’animation. Cet artisan du succès de Pixar, collaborateur de toujours de John Lasseter, a co-signé le scénario de Toy Story 4, qui s’annonce déjà comme étant un des grands succès de l’année 2019. Il est également annoncé comme producteur de Onward, la prochaine merveille de Disney / Pixar, qui devrait se dérouler dans un monde de Fantasy, et qui est prévue pour 2020.

19. Brad Bird

Si on attribue le plus généralement le succès de Pixar au génial John Lasseter, qui en a été le directeur artistique pendant de nombreuses années, d’autres réalisateurs ont contribué à faire de Pixar le fleuron de l’animation numérique doublé d’une indiscutable marque de qualité. On peut compter parmi eux Brad Bird. Comme Tim Burton, Bird n’a cessé de venir et partir de Disney. Comme tant de réalisateurs avant lui, Brad Bird fait ses débuts à l’école de Disney, Cal Arts. C’est là-bas qu’il rencontrera Lasseter, le futur directeur artistique de Pixar. Mais plutôt que de faire carrière chez Disney, il quitte le studio très rapidement pour réaliser plusieurs épisodes des Simpsons. Ensuite, il réalise son premier long-métrage pour Warner Bros., Le Géant de fer, un film magnifique, émouvant, très apprécié par la critique, mais qui fut un échec au box-office (aujourd’hui, le film est considéré comme culte). En 2000, il entre chez Pixar, après avoir proposé un film de super-héros à John Lasseter. Ce film sortira en 2004, et s’intitulera Les Indestructibles. Intelligent, drôle, coloré, dynamique, ce film gagnera deux Oscars, dont celui du Meilleur film d’animation.

Face à cet immense succès, on ne peut s’étonner du fait que John Lasseter ait fait appel à Brad Bird pour qu’il apporte tout son génie à Ratatouille. Né d’une idée de Jon Pinkava (qui co-réalisera le film), la production de Ratatouille patine. Le scénario est trop complexe, car comporte trop de personnages secondaires. Brad Bird, arrivé à la rescousse, décidera de se concentrer sur la relation entre Rémy et Alfredo, le rat et le jeune cuisinier. Ensuite, choisira des rats réalistes, et non anthropomorphes. Le travail de Brad Bird sur Ratatouille s’avérera payant, le film étant un chef d’oeuvre du cinéma d’animation, qui gagnera un nouvel Oscar du meilleur film d’animation. Après avoir réalisé son premier film en prises de vues réelles, Mission Impossible : Protocole Fantôme (2011) pour Paramount Pictures (qui fera gagner au studio à peu près 700 000 000 de dollars), Brad Bird réalise pour Disney A la poursuite de demain (2015), un deuxième film en prises de vues réelles. Ce film de SF, emmené par George Clooney, et adapté d’une attraction des parcs DisneyLand, est un échec cuisant au box-office, puisqu’il rapporte à peine plus de 200 millions de dollars au studio. Le film sera même une perte, très vite compensée par les autres licences de Disney. La raison de cet échec s’explique avant tout par une très mauvaise communication autour de la sortie du film. Brad Bird reviendra ensuite à l’animation en 2018, avec la sortie du nouveau film du studio Pixar : Les Indestructibles 2. Toujours aussi ahurissant, beau, fun et intelligent, ce nouveau film d’animation est un très grand succès, et rapportera 1,2 milliards de dollars. On peut même présager du fait qu’il gagnera début 2019 l’Oscar du meilleur film d’animation !

20. Byron Howard & Rich Moore

C’est en 1994 que Byron Howard débarque à Disney. Intervalliste d’abord sur Pocahontas, il devient ensuite animateur sur Mulan, que beaucoup considèrent comme étant le dernier grand film du second âge d’or de Disney. Il travaillera ensuite, en tant que designer sur Lilo et Stitch, un des plus grands succès de Walt Disney Pictures pendant les années 2000, puis travaillera sur le très beau Frère des ours en tant que superviseur des équipes d’animateurs. Seule ombre au tableau à ce début de carrière prometteur : il est scénariste de Chicken Little, qui non content d’être un échec, est également un des moins bons films d’animation Disney (je le trouve personnellement profondément laid). En 2006, lors du rachat de Pixar par Disney, John Lasseter (voir partie 1), le directeur artistique de Pixar, se voit confier la lourde mission de sauver le studio Disney de la faillite, en tant que directeur de l’animation. Il produit Volt, star malgré lui, film prometteur mais dont le scénario et la direction artistique sont trop bancales à ce stade de la production. Il demande alors à Byron Howard de reprendre en main le film, qui sera un succès. S’il ne s’agit pas du meilleur Disney des années 2000, force est de constater qu’il reste de bonne facture, et tout le mérite revient à Lasseter et Howard. En 2010, alors que La Princesse et la Grenouille de Ron Clements et John Musker, Byron Howard frappe un gros coup avec sa nouvelle réalisation (co-réalisée Nathan Greno) : Raiponce. Le film est une réussite à tous les niveaux, et confirmera que depuis l’arrivée de John Lasseter, Disney connaît son troisième âge d’or. Byron Howard est tellement impliqué dans le film qu’il ira même jusqu’à doubler plusieurs personnages secondaires.

En 2012, Rich Moore, lui aussi rodé dans l’animation (il a étudié comme beaucoup d’animateurs et de réalisateurs de Disney à Cal Arts, puis a travaillé pour la 21st Century Fox, avant d’être invité par John Lasseter à venir chez Disney) frappe lui aussi très fort avec son premier film en tant que réalisateur : Les Mondes de Ralph. Ce film geek très iconoclaste devient très vite l’un des plus grands succès du studio. Et on comprend pourquoi ! Les années passent, Disney présente coup sur coup La Reine des Neiges, dont on connaît l’immense succès (mérité, bien que beaucoup disent le contraire) et le magnifique Les Nouveaux Héros. En 2016, sort un véritable OVNI, réalisé par… Byron Howard et Rich Moore ! Son titre : Zootopie ! Le film est extraordinaire. Aussi iconoclaste que Les Mondes de Ralph, ce film-somme rend hommage à de nombreux genres cinématographiques (polar, gangsters, etc), tout en étant dans la continuité de tout ce que Disney a entrepris depuis sa création, le studio se réconciliant avec les animaux anthropomorphes, ce qui n’était pas arrivé depuis Robin des Bois, si l’on exclue le mauvais Chicken Little (d’ailleurs, un des personnages principaux de Zootopie est un renard, et ressemble énormément, dans son design, au personnage de Robin). Grâce à Zootopie, le doute n’est plus permis : Disney connaît son nouvel âge d’or. Et il ne fait aucun doute que Byron Howard et Rich Moore en sont deux des principaux artisants.

Salut, c'est Gaëtan. Diplômé d'un Master en Langues Modernes, je suis un grand passionné de Culture Pop. J'ai une affection toute particulière pour la culture des années 80/90. Grand lecteur, je suis aussi cinéphage et sérivore (un régime alimentaire des plus équilibrés !). Passionné par le Moyen-Âge, je suis un grand fan de Fantasy. Sinon, j'adore le cinéma coréen, la littérature japonaise, les séries et les comics britanniques. Ah, j'oubliais : pour savoir s'il y a du vent, faut mettre son doigt dans le cul du coq.

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Commentaires (3)
Un dossier qui fait voyager en enfance
photo de profil de jeanLucasec Par jeanLucasec, il y a 6 ans Répondre
Un dossier travaillé et intéressant :D
photo de profil de Comprendre Interstellar en 4 leçons Par Comprendre Interstellar en 4 leçons, il y a 6 ans (en réponse à jeanLucasec) Répondre
Sacré dossier ! Beau boulot !J’ai appris bcp de choses c’est vraiment intéressant
photo de profil de Arsenic Par Arsenic, il y a 6 ans Répondre
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