Mein Kampf : le retour du livre rédigé par Hitler

Le célèbre livre d’Hitler écrit en prison est tombé dans le domaine public le 1er janvier 2016 en Allemagne et cette réédition n’est pas du goût de tout le monde. En effet, le livre Mein Kampf est actuellement en réédition en Allemagne, mais pas dans sa forme originale, plutôt dans une version plus expliquée de l’œuvre du führer. 

Tombé dans le domaine public 

C’est le 1er janvier que l’œuvre d’Adolf Hitler (un petit moustachu énervé) est tombé dans le domaine public, c’est-à-dire que 70 ans après la mort de l’auteur il n’est plus nécessaire de demander la permission pour d’exploitation d’une œuvre quelconque, même si l’on reconnait toujours la paternité de l’œuvre à son auteur. Enfin sauf si on reconnait la théorie complotiste comme quoi Hitler ne serait pas mort dans son bunker le 30 avril 1945, mais mort à 95 ans en Amérique du Sud etc… Sinon, c’était le Land de Bavière qui détenait les droits reçus des forces d’occupations américaines et qui vient de les perdre. 

L’œuvre 

Mein Kampf (Mon Combat) comme nous le savons tous est l’œuvre en 2 volumes d’Hitler qu’il écrivit, pour le premier en prison entre 1924 et 1926 après le putsch échoué de Munich en 1923 et le second dans son refuge de Berchtesgaden après sa libération (Libérééééé, Délivréééé !). L’œuvre se résume assez bien par la théorisation de l’idéologie nazisme avec le discours que nous connaissons malheureusement bien de l’envie de l’élimination de tout ce qui n’est pas "pure", donc les Juifs, les homosexuels et autres. Sans oublier la domination du monde (toute idée de base des grands méchants). 

Une diffusion massive

A noter que même si l’œuvre était avant le 1er janvier 2016 interdite de parution, en France il n’y a jamais eu cette interdiction, François Sorlot, fils de Fernand Sorlot, qui était le premier éditeur français à publier l’œuvre en 1934, explique : "Nous avons cessé de l'imprimer en 1938, mais nous avons repris en 1955. Mais depuis, il est vendu au compte-gouttes. Dans les années 80, il y a eu un procès avec la Licra et des associations qui réclamaient son interdiction : puis, au nom de la liberté d'expression, elles ont préféré que l'on publie avec l'ouvrage un encart de huit pages, avertissant de la nocivité de l'ouvrage. C'est ce qui est fait depuis." Il explique que des livres sont toujours parus essentiellement pour les universités. Mais cette fois-ci l’encart de 8 pages est remplacé par 3 500 notes historiques.

Pour l’Histoire 

En effet, cette réédition n’est pas purement commerciale (on imagine mal une campagne de pub pour ce genre d’ouvrage), mais à des fins historiques, de mémoires, de regard critique. Car de nombreux historiens ont répondu face aux critiques qu'"Il faut montrer en pleine lumière qu'Hitler fut le révélateur d'une immense crise politique non seulement allemande, mais européenne. Ni psychopathe halluciné, ni magicien manipulant les foules, Hitler dicta un essai besogneux qu'il faut montrer comme tel." 

Josef Kraus, président d’association d'enseignants allemands, nous explique sa vision pédagogique de cette nouvelle œuvre : "Je trouve qu’il est juste de publier cette édition avec des commentaires éclairés, c’est de cette manière, que quelque chose qui était caché, qu’un mythe peut être détruit. Pour moi, c’est un devoir de faire comprendre aux jeunes, pas aux 12-13 ans, mais aux 16-18 ans, qu’un tel pamphlet atroce peut au final conduire à une catastrophe mondiale."

Pour Frank Baasner, directeur de l’Institut franco-allemand (DFI), l’œuvre est très importante : "C'est la première fois que les chercheurs se sont donnés la peine de vraiment commenter largement, avec beaucoup de preuves […]. Donc c'est bien d'avoir la possibilité d'étudier cette œuvre avec un regard historique" et surtout l’inscrire seulement dans l’histoire politique du XXème siècle et non dans l’idée d’une œuvre idéologique.

L’opinion publique

Elle est divisée. Autre que les sympathisants de l’idéologie et ceux qui s’en foutent (comme beaucoup de monde en fait), beaucoup d’Allemands se posent la question de la nocivité de l’œuvre. Nous savons que l’opposition à cette réédition va faire appel à la Cours de justice (allemande) pour faire interdire ce livre avec le motif : "pour incitation à a haine raciale." Mais là encore, F. Baasner se veut rassurant : "Mais ce texte est très éloigné de nous, historiquement. Je ne sais pas si vous en avez lu quelques pages, c'est d'un style complètement daté aujourd'hui. Ce n'est pas un texte qui peut attirer, je ne pense vraiment pas. Et ceux qui ont cette nostalgie néo-nazie, et il y en a malheureusement, en Allemagne et ailleurs, ceux-là ont toujours eu ce livre." Eh oui tout juste, ceux que Mein Kampf intéresse juste pour son idéologie ont déjà l’œuvre en leur possession, surtout que depuis un moment l’œuvre se retrouve en version gratuite sur internet, donc accessible par tous dont les plus jeunes (ou les plus stupides), et sans le travail de destruction de la propagande, le risque de tomber dans l’idéologie néo-nazie devient grande. 

A noter qu’en Allemagne la version originale est toujours interdite à la publication et que depuis 2010, la Russie interdit Mein Kampf avec ou sans travail d’historiens.