Dans un rapport accablant, La Fondation des Femmes note que les vidéos les plus vues sur YouTube offrent une vision dégradante des femmes. On décortique ensemble ce rapport.
Un rapport accablant
Depuis son lancement, YouTube connait un succès extraordinaire. Que ce soit pour regarder les dernières nouveautés de nos vidéastes préférés ou pour regarder des clips musicaux, la plateforme fait entièrement partie de nos vies. Mais son immense succès aurait un revers embarrassant.
Dans le sillage d'un rapport du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), datant de 2018, la Fondation des Femmes a établi un rapport encore plus accablant, en collaboration avec Sciences-Po. Le procédé de l'étude est simple : une analyse des 200 vidéos les plus vues entre 2019 et 2020. Et le constat est âpre : les vidéos les plus vues sur la plateforme mettraient en avant une image dégradante de la femme.
Dans son rapport, la Fondation précise que 73,3% des 200 vidéos les plus vues sur YouTube sont des clips musicaux ; suivent ensuite l'animation (8,6%), le divertissement (5,1%), les tutoriels (3,5%), les jeux vidéo (2%) et les contenus humoristiques (2%).
Des stéréotypes genrés
Selon La Fondation des femmes, 39% des 200 vidéos visionnées mettraient en avant des clichés féminins. Les femmes y sont "vénales" (8,5%), des "séductrices" (12,5%), des "poupées" (13%) de grandes "sentimentales" (15%). Le rapport précise :
Lorsque l’on envisage de plus près les vidéos répertoriées comme présentant un contenu stéréotypé associé au genre féminin, on constate que la majorité d’entre elles (81,7%) ont également été classées dans la catégorie « plusieurs ».
La Fondation des femmes met également en avant le fait que, là où les femmes sont plus régulièrement représentées avec plusieurs stéréotypes associés que les hommes. L'homme est "hyper-viril" (35,5%), "protecteur" (21,5%), "macho" (19%), "séducteur" (10%), "coureur de jupons" (6,5%), "courageux" (6,5%).
Une surreprésentation des hommes
Les auteurs du rapport notent également un autre problème : "les hommes demeurent surreprésentés par rapport aux femmes". Ainsi, les hommes sont privilégiés pour occuper les premiers rôles : 62,2% pour les hommes, 16,3% pour les femmes. Viennent ensuite plusieurs catégories : "non applicable" (14,3%), "autre" (0,5%), "mixte" (6,6%).
Si la Fondation des femmes "relève la même tendance que celle notée par le CSA" en 2018 (73% de premiers rôles pour les hommes, 27% pour les femmes), notons néanmoins que le rapport du CSA ne comportait pas de catégorie "mixte", "autre" et "non-applicable". S'il existe donc un véritable fossé entre les premiers rôles masculins et féminins, on ne peut néanmoins dire s'il y a eu une amélioration ou non dans ce ratio.
Une hyper-sexualisation des femmes
Comme on pouvait s'y attendre, la Fondation des femmes a également étudié la sexualisation des personnages, masculins et féminins, et en vient à ce constat : 20% des vidéos présentaient un contenu sexualisé.
Ces personnages sexualisés sont, pour la totalité, des femmes. Nous avons noté que bien souvent, ces femmes ne sont pas nues ni partiellement ni totalement, mais leur corps est objectifié par des procédés bien plus insidieux, les plus récurrents étant les jeux de caméra dirigés de façon à montrer les différents attributs féminins (68,3%) ainsi que leurs mouvements érotiques et poses lascives (31,7%).
Dans son rapport, La fondation des femmes analyse ensuite les types de rapports entre hommes et femmes. 39% des relations hommes-femmes sont ainsi des rapports de séduction, 26,7% des "rapports neutres", 12,8% des rapports amicaux, 11,7% des rapports conjugaux stéréotypés, 4,4% des rapports de soumission, 3,9% des rapports de subordination, 1,1% des rapports basés sur la violence. La fondation des femmes précise :
Nous avons classé comme "rapport de soumission" ou "rapport basé sur la violence" et non comme "rapport basé sur la séduction" des situations, qui revenaient de manière récurrente, où la "drague" en direction des femmes ne faisait l'objet d'aucun retour de la part de ces dernières.
Une hausse des images dégradantes des femmes ?
Pour finir, la Fondation des femmes note une "hausse des contenus présentant une image dégradante des femmes". Les auteurs des études ont observé 35% de contenus problématiques, contre 15,5% dans l'étude du CSA en 2018. Cette hausse s'explique par une gradation de "l'échelle dégradante", créée par la Fondation des femmes.
La dégradation la plus commune est ainsi l'image dévalorisante des femmes, que nous avons définie comme la présence de rôles secondaires féminins esthétiques ou inactifs avec des femmes globalement objectifiés. L'image de mépris passe notamment par des rôles genrés stéréotypés, dans les personnages et les propos tenus. L'image humiliante est visible lorsque les propos ou les images renvoient à une dimension de subordination des femmes aux hommes et lorsque les propos tenus sont à caractère sexuel ou sexiste. L'image dégradante correspond à la dimension d'objectification et de dégradation la plus violente, lorsque le contenu présente notamment des éléments de violence sexuelle et sexiste. [...] On remarque ainsi que sur 69 contenus sur l'échelle "dégradante", 21 sont dévalorisants, 14 sont méprisants, 15 sont humiliants et 19 sont dégradants.
On notera que les auteurs du rapport n'ont pas nommé les auteurs des vidéos, préférant dénoncer un système global.
Par Old Yoda, il y a 3 ans :
J'ai lu le rapport, et je le trouve problématique à plusieurs niveaux. Tout d'abord, à un moment, le rapport donne des chiffres en pourcentage pour les femmes et en nombre de contenus pour les hommes. Du coup, faut faire une règle de trois (ici en l'occurence il suffit de diviser par 2), mais on sent qu'ils donnent des chiffres qui ne sont pas immédiatement comparables. Ensuite, je veux bien reconnaître qu'il y ait des problèmes dans la représentation des femmes (j'en suis d'ailleurs persuadé), mais je trouve que pas mal de choix des auteurs de l'étude posent problème. D'abord : est-ce qu'on peut vraiment regrouper en violence la drague ? Quand bien même elle est insistante, chiante, tout ce que vous voulez, il aurait fallu à la limite créer une autre catégorie appelée "tentatives de séduction relou". Ça aurait été plus honnête. Ensuite, je suis désolé, mais cette échelle "dégradante" n'a AUCUNE signification. Tout est confondu : sous-représentation, rapports hommes / femmes, violences. C'est un gigantesque pot-pourri de données statistiques sans lien entre elles. Enfin, quel est le problème avec le fait que les rapports hommes / femmes soient majoritairement basés sur la séduction ? D'autant que visiblement, les deux autres rapports privilégiés sont les rapports neutres (rapports qui ne sont d'ailleurs pas définis) et les rapports amicaux. Bref, un rapport bidon !
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