Revenge porn : un ex-patron condamné à deux ans de prison avec sursis
Ce lundi, à Paris, un homme a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour avoir envoyé des photos dénudées de son ancienne DRH à des milliers de personnes travaillant dans la nouvelle entreprise de cette dernière. La victime souhaitait que la justice reconnaisse les faits comme du harcèlement. Malheureusement, le tribunal n'a pas retenu cette requalification dans cette affaire de revenge porn.
Des milliers d'e-mails envoyés pendant plusieurs semaines
Entre 2017 et 2019, une directrice des ressources humaines d'une entreprise entretient une relation extra-conjugale avec son patron. Elle décide de quitter son poste pour une autre entreprise. C'est alors qu'en juin 2019, son mari et son entourage reçoivent un appel anonyme ainsi que des e-mails qui dévoilent la relation qu'elle entretenait avec son ancien patron. Entre temps, elle avait déjà averti son mari de son adultère.
L'affaire ne s'arrête pas là car quelques mois plus tard, ce sont près de 2000 personnes qui reçoivent d'autres mails contenant des photos dénudées de la victime et des messages qui racontent la relation adultère qu'elle avait avec son ex-patron. Parmi les destinataires, des anciens collègues de la DRH mais aussi ses nouveaux collègues et même des parents des élèves de l'école de ses enfants. Dans les messages, on peut lire que se seraient les enfants du couple qui en sont les expéditeurs et accusent le père de famille d'avoir un comportement violent. Pendant plusieurs semaines, jusqu'à trois mails sont envoyés quotidiennement.
L'enquête montrera que l'auteur de ces messages n'est autre que l'ancien amant et patron de la jeune femme.
Deux ans de prison avec sursis, mais le tribunal ne reconnaît pas le harcèlement
En janvier, le parquet requiert trente mois de prison avec sursis contre le prévenu. Lors de son procès, ce dernier plaide la "crise de folie dépressive" suite à sa rupture avec la victime. Il voulait tout simplement qu'elle souffre tout autant que lui. De son côté, la victime affirme qu'il n'avait pour but que de la "détruire personnellement et professionnellement". Pour elle, ce n'est pas uniquement du revenge porn, mais bel et bien du harcèlement. En tant que DRH, elle connaît parfaitement la définition juridique.
Malheureusement, le tribunal n'a pas voulu requalifier les faits en harcèlement et ce, même si la victime a expliqué avoir voulu mettre fin à ses jours à plusieurs reprises. L'homme a été reconnu coupable des faits et condamné à deux ans de prison avec sursis.
Cependant, la DRH, qui peut compter sur le soutien de son mari et de son actuel patron, ne va pas en rester là. Comme l'a affirmé l'avocat du couple, le coupable a commis plusieurs infractions comme la violation de correspondance ou encore l'intrusion dans un système automatique de données. Ses clients estiment que la justice n'a pas achevé son travail. C'est pourquoi la victime et son avocat vont réfléchir à d'autres procédures pour que la justice reconnaisse, même de façon symbolique, qu'elle a subit du harcèlement.