Après Parasite et Old Boy, sept chefs-d'oeuvre coréens moins connus
Devenu un véritable El Dorado pour les cinéphiles, le cinéma sud-coréen est sans doute l'un des plus passionnants au monde. Il y a quelques années, nous vous proposions un top 15 des films sud-coréens. On vous propose aujourd'hui sept films moins connus, mais tout aussi maitrisés, qu'il faut absolument voir.
#1 Foul King, de Kim Jee-woon (2000)
Aujourd'hui devenue une star internationale grâce au succès mondial de Parasite (2019) de Bong Joon-ho, Song Kang-ho est assurément le plus grand acteur sud-coréen. Acteur fétiche de Park Chan-wook (Joint Security Area, Sympathy for Mister Vengeance, Thirst) et Bong Joon-ho (Memories of Murder, The Host, Snowpiercer, Parasite), il est aussi la muse du grand Kim Jee-woon. C'est d'ailleurs le réalisateur de A Bittersweet Life et J'ai rencontré le Diable qui lui a donné son premier grand rôle principal avec Fool King.
Le film, récemment distribué pour la première fois en France grâce à The Jokers à l'occasion d'un cycle Kim Jee-woon, est une brillante comédie sociale et de sport, racontant l'histoire d'un employé de banque non-productif, qui pour échapper à son patron qui le déteste et lui fait des clés de bras, devient catcheur. En plus de faire la démonstration - pour qui l'ignorait encore - du génie comique de Song Kang-ho, Fool King nous montre son implication, puisqu'il a appris à faire des prises d'une grande complexité, afin de les réaliser sans doublure. La naissance d'un génie du cinéma !
#2 Thirst, de Park Chan-wook (2009)
Véritable chef de file du cinéma de la Nouvelle Vague sud-coréenne, Park Chan-wook est un véritable génie, dont la maîtrise de la mise en scène a de quoi décourager de toucher un jour à une caméra. Après Joint Security Area, La Trilogie de la Vengeance et la comédie Je suis un cyborg, le cinéaste remet le couvert avec Thirst, un film de vampires inspiré de Thérèse Raquin d'Émile Zola. Un prêtre sud-coréen - décédé après avoir servi de cobaye pour un vaccin - ressuscite, suite à une transfusion sanguine d'origine inconnue, et se transforme en vampire. Il fera la rencontre d'une belle jeune femme, avec qui il partagera certains appétits.
En plus de rappeler l'ingéniosité de Park Chan-wook en tant que metteur en scène, Thirst confirme tout son talent de scénariste. Le réalisateur coréen profite en effet d'adapter le roman de Zola pour questionner notre rapport aux désirs sexuels masculins et féminins. Song Kang-ho y est comme d'habitude brillant, et sa partenaire de jeu, Kim Ok-vin, est époustouflante de beauté et de charme vénéneux.
#3 Mother, de Bong Joon-ho (2009)
Après les chefs-d'oeuvre Memories of Murder (2003) et The Host (2006) et avant de se lancer à la conquête d'Hollywood avec Snowpiercer (2013) et Okja (2016), le grand Bong Joon-ho a réalisé une petite pépite, malheureusement trop souvent oubliée : Mother. Le film raconte le combat d'une femme de famille pour innocenter son fils handicapé, accusé du meurtre d'une jeune fille. Comme à son habitude, Bong Joon-ho mélange brillamment plusieurs genres ; ici, le film policier, la chronique sociale et la comédie.
Si le rythme est plus lent que dans ses autres films, Mother n'en demeure pas moins un grand film coréen, qui parvient à créer un certain malaise notamment avec son final profondément immoral. Surtout, Bong Joon-ho parvient à jouer avec l'image de l'actrice Kim Hye-ja, impériale dans le film, grande habituée des rôles de mères pour la télévision sud-coréenne.
#4 The Murderer, de Na hONG-JIN (2010)
Avec trois films seulement, Na Hong-jin s'est hissé parmi les plus grands cinéastes au monde. Dès son premier film choc, l'implacable thriller The Chaser (2008) - inspiré du tueur en série Yoo Young-chul -, le cinéaste a fait la démonstration de sa maîtrise ébouriffante de son art. En 2010, Na Hong-jin a fait son grand retour avec The Murderer (aussi connu sous son titre anglais, The Yellow Sea), dans lequel il confirme l'essai. Le film nous raconte l'histoire d'un joseonjok - un coréen de Chine - endetté jusqu'au cou, contraint d'accepter de tuer un homme à Séoul pour le compte d'un mafieux local.
Avec une violence inouïe, sublimée par une réalisation enragée, The Murderer est un véritable chef-d'oeuvre. Na Hong-jin retrouve le duo d'acteurs principaux de The Chaser et en inverse les rôles. Si Kim Yoon-seok impressionne par son charisme menaçant, Ha Jeong-woo (Mademoiselle) prouve une fois encore qu'il est l'un des plus grands acteurs sud-coréens, aux côtés de Song Kang-ho et Choi Min-sik. Après l'extraordinaire The Strangers et son impressionnante séquence de double rituel chamanique, nous avons hâte de découvrir son prochain film prévu pour 2025.
#5 Burning, de Lee Chang-dong (2018)
Si l'on peut s'étonner que si peu d'oeuvres du légendaire romancier japonais Haruki Murakami ont été adaptées au cinéma, on peut se satisfaire que quelques-unes de ces adaptations sont des grands films. Avant Drive My Car (2021) de Ryūsuke Hamaguchi, le sud-coréen Lee Chang-dong adaptait la nouvelle Les Granges brûlées, dont il transposait l'action en Corée du Sud, pour dire le malaise de la jeunesse coréenne.
Le film, qui raconte le triangle amoureux entre Jong-soo, jeune livreur introverti, Hae-mi, séduisante jeune femme qui disparaît mystérieusement, et Ben, riche jeune homme charismatique qui brûle des granges, est une adaptation admirable de l'oeuvre de Murakami, dont il arrive parfaitement à capter la poésie, la mélancolie et l'étrangeté. Un grand film !
#6 About Kim Sohee, de July Jung (2022)
Huit ans après la sortie de son premier film, A Girl At My Door (2014), July Jung est revenu en 2022 avec About Kim Sohee, qui revient sur un fait divers qui a choqué la société sud-coréenne. Une lycéenne au caractère bien trempé intègre un centre Korea Telecom pour son stage de fin d'études. Quelques mois plus tard, elle se suicide. Une inspectrice de police enquête sur les circonstances de ce drame.
Pointant les dysfonctionnements et les aberrations du néo-libéralisme et de la société sud-coréenne, ce drame est un film essentiel, porté par une toujours excellente Bae Doo-na (Sympathy for Mister Vengeance, Cloud Atlas). Le film marque aussi les débuts d'une grande actrice - la jeune Kim Si-eun - dont on a hâte de découvrir la suite de la carrière.
#7 Les Bonnes étoiles, de Hirokazu Kore-eda (2022)
Comptant parmi les cinéastes japonais les plus réputés, Hirokazu Kore-eda a posé ses caméras en Corée du Sud le temps d'un film passionnant : Les Bonnes Étoiles. Racontant l'histoire de courtiers qui volent des bébés abandonnés par leurs parents pour les vendre au marché noir de l'adoption, le film poursuit les réflexions de Kore-eda sur la famille. Plein de grâce et de délicatesse, le film mélange comédie sociale, drame social et film policier.
Les Bonnes Étoiles est un nouveau sommet dans la carrière de Hirokazu Kore-eda, porté par deux légendes du cinéma sud-coréen, Song Kang-ho et Bae Doo-na. Le film est reparti du Festival de Cannes 2022 avec deux prix sous le bras : le Prix du jury œcuménique et le Prix d'interprétation masculine pour Song Kang-ho. La même année, le dernier chef-d'oeuvre de Park Chan-wook, Decision to Leave, remportait le Prix cannois de la mise en scène. Le cinéma sud-coréen a décidément de grands jours devant lui !
C'est probablement parce que seul la crème de la crème traverse le monde pour arrivé jusqu'à nous mais c'est aussi parce que le gouvernement coréen a une politique culturelle ambitieuse.
C'est exemplaire la façon dont les coréens montrent qu'avec une politique de soutient vif à la culture on peut étendre un soft-power efficace.
La droite et l'extrême droite considèrent que c'est du fric foutus en l'air, ces génies.