Si Kaizen, le documentaire retraçant l'ascension de l'Everest par Inoxtag a vivement été salué par le public, il n'en a pas été de même pour cet alpiniste chevronné, qui a déjà gravi le plus haut sommer du monde situé sur la chaîne de l'Himalaya.
Inoxtag à l'acension de l'Everest dans Kaizen
Après un an de hiatus, Inoxtag a enfin mis fin au suspense. Au Grand Rex à Paris ce vendredi 13 septembre, le youtubeur aux 8 millions d'abonnés sur YouTube est venu présenter Kaizen, un an pour gravir l'Everest, film-documentaire de 2h40 qui retrace son ascension du plus haut sommet du monde. Il y est apparu en pleurs avec ses sherpas, où il a salué chaudement ses fans après une unique séance (ainsi que dans plus de 500 salles dans le monde), avant sa sortie gratuite ce jour sur YouTube à 14 h 30.
Comme on pouvait s'y attendre le film a fait salle comble, les préventes se sont écoulées en quelques minutes. Les petits chanceux qui ont pu obtenir leurs billets n'ont pas manqué d'encenser le film et le vidéaste, pour avoir réussi le challenge qu'il s'était donné un an plus tôt.
Cet alpiniste critique la performance d'Inoxtag
Mais tout le monde n'est pas du même avis. Invité par Mathis Dumas, le guide d'Inoxtag, l'alpiniste et photographe Pascal Tournaire qui a gravi l'Everest en 1990 n'a pas mâché ses mots sur le documentaire et sur la performance du youtubeur, qu'il juge accessible.
«À son annonce, j'avais dit que ça n'avait pas d'intérêt et que c'était une catastrophe, confie-t-il à L'Équipe. Après avoir vu le film, je n'ai absolument pas changé d'avis. Inoxtag a du talent, du charisme, il ne triche pas mais il faut rappeler qu'un gamin et une gamine de 14 ans, un papi japonais de 83 ans ont aussi réussi à monter là-haut. Si on se donne les moyens, c'est accessible à n'importe quelle personne en bonne santé qui se botte un peu les fesses. Là, je ne vois pas où est l'exploit. Et puis c'est très égocentré. Les trois quarts du film, c'est : ''Regardez mon nombril'', ça ne va pas plus loin.»
L'alpiniste dénonce aussi l'impact d'un tel projet par une star du web aux 8 millions d'abonnés sur YouTube, 5,9 millions sur TikTok et 5,2 millions sur Instagram, sur un site déjà surfréquenté et pollué, qualifié de«vraie décharge» par plusieurs scientifiques. Kanchha Sherpa, l'un des tous premiers alpinistes à avoir gravi son sommet parle d'un site jonché de déchets. «L’Everest est très sale désormais. Les gens jettent des boites et des emballages après avoir mangé. Mais qui va les récupérer ?», s'interrogeait t'il en mars dernier à The Guardian.
«L'Everest, c'est le Mont Saint-Michel à 8 800 m, Inoxtag dénonce bien cette surfréquentation mais il y participe aussi, c'est schizophrène. Son film ne va faire que développer cet engouement stupide.» Enfin, Pascal Tournaire conteste l'idée d'un tel exploit réalisé avec une bouteille d'oxygène. «Lors de mon ascension, j'avais passé cinq nuits à 8 000 m sans oxygène, j'avais trouvé ça extraordinaire. Avec l'oxygène, au débit max, au sommet de l'Everest, c'est comme si vous n'étiez qu'à 6 000 m... Benjamin Vedrines (alpiniste français) le dit :''Aujourd'hui, gravir l'Everest avec de l'oxygène, c'est comme faire le Tour de France avec un vélo électrique.'' »
Par Brigitte Fardeau, il y a 3 semaines :
c'est sur que ça risque d'inciter encore plus de gens à y aller. Aux autorités népalaises de gérer le flux et appeler au respect du site.
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