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L'incroyable destin de l'homme qui a mis sa tête par accident dans un accélérateur de particules

De Tiphaine Elsener - Posté le 4 mai 2021 à 15h21 dans Science

Avez-vous déjà entendu parler du scientifique Anatoli Bugorski ? Si la réponse est non, nous nous devons de vous raconter l'histoire passionnante de ce chercheur en physique, qui a réalisé une expérience hors du commun, et ce, bien malgré lui.

Le contexte historique

Nous sommes en pleine Guerre Froide, et l'Union Soviétique investit beaucoup dans le domaine de la recherche et de l'énergie nucléaire. À cette époque, dans le domaine de la recherche scientifique, nous savons déjà que lorsque deux protons entrent en collision dans un accélérateur de particules, ces derniers se transforment en muons, et en différentes autres particules.

En 1978 précisément, Anatoli Bugorski, un chercheur et physicien russe de 36 ans, observe une expérience au sein de l'accélérateur de particules le plus puissant de Russie. En voulant vérifier l'état d'une pièce de l'accélérateur qui avait mal fonctionné, le chercheur russe verra sa vie prendre un tout nouveau tournant.

L'accident de Anatoli Bugorski 

M. Bugorski passe sa tête à l'endroit-même où le faisceau de protons était projeté au sein de l'accélérateur de particules, et ce, dans le but de vérifier l'état de la pièce défectueuse. Ce qu'il ignore, c'est que la machine, bien qu'elle semble en panne, fonctionne toujours, et que tous les mécanismes de sécurité sont tombés en panne. D'ordinaire, nous savons que 500 à 600 rads (Radiation Absorbed Dose, une ancienne unité de mesure de la dose de radiation absorbée par une cible) suffisent à tuer une personne. Or, le faisceau de protons (qui est entré au niveau du crâne de Bugorski, et qui est ressorti au niveau de son nez), mesurait quant à lui 200 000 rads en entrant, et en ressortant, en faisait 300 000

Que s'est-il alors passé pour M. Bugorski ? Ce dernier n'a eu le temps de voir qu'un éclair aveuglant ("plus brillant que mille soleils" selon ses propres termes). Bugorski n'a ressenti aucune douleur. Il n'a d'ailleurs pas dit un mot concernant cet événement, et ce n'est que le lendemain qu'il a été emmené dans une clinique de Moscou, puisque le côté gauche de son visage avait beaucoup gonflé, au point d'être complètement tuméfié. Pour les médecins, Bugorski allait mourir dans les deux ou trois semaines qui allaient suivre.

Les conséquences de l'accident

Au cours des jours qui ont suivi l'accident, la peau du chercheur située à l'arrière de sa tête et sur son visage (jusqu'à côté de sa narine gauche) s'est détachée (laissant entrevoir le chemin qu'avait parcouru le fameux faisceau). L'intérieur de la tête du chercheur a aussi continué à se consumer, puisque tous les nerfs de la partie gauche de son crâne ont disparu en l'espace de deux ans. Oui, vous avez bien lu : le chercheur n'a pas succombé suite à cet incroyable accident. Malgré le fait que la partie gauche de son visage ait été paralysé, Bugorski a survécu, et mieux encore : il est resté un être humain au fonctionnement psychologique normal, pouvant même poursuivre des recherches scientifiques. Le chercheur a cependant connu quelques conséquences particulières suite à cette expérience.

Durant les douze premières années qui ont suivi l'accident, Bugorski faisait quelques crises d'ordre neurologique, mais rien de trop handicapant. Elles constituaient d'ailleurs les seules preuves neurologiques du fait que le chercheur avait vécu quelque chose d'unique au monde. En vieillissant, le côté droit du visage de Bugorski a pris de l'âge, alors que son côté gauche s'est totalement figé.

Même 19 ans après l'accident, le chercheur ne parviendra qu'à plisser la moitié de son front. Bugorski nota aussi une perte de l'audition du côté gauche.

L'accident tenu secret

Si l'histoire de Bugorski n'est pas aussi connue que l'on pourrait le penser, et bien qu'elle soit tout à fait exceptionnelle, c'est à cause du fait que tout ce qui touchait à l'énergie nucléaire durant la Guerre froide était tenu secret en Union soviétique. Le chercheur a ainsi dû respecter un délai d'une dizaine d'années (et la dislocation de l'URSS) avant de pouvoir parler ouvertement de ce qui lui était arrivé. Durant ce laps de temps, Bugorski se rendait deux fois par an, environ, dans une clinique de radiothérapie de Moscou, afin d'y être examiné, et d'échanger avec d'autres victimes d'accidents nucléaires

De son côté, Bugorski se considère comme une heureuse exception. Depuis que son sort n'est plus secret, le chercheur cherche à se mettre à disposition des chercheurs occidentaux. Bugorski a toujours pensé qu'il pouvait être un brillant sujet d'études. Ce dernier a en effet affirmé, au cours d'une précédente déclaration : 

Je suis, en fait, le résultat d'un test involontaire lié à la guerre des protons. La capacité humaine de survie a été mise à l'épreuve.

Bugorski est toujours en vie au moment où cet article est écrit, et a atteint l'âge honorable (notamment après un tel accident) de 78 ans. Et quant à vous, si vous souhaitez suivre la même voie scientifique et en apprendre davantage sur les accélérateurs de particules, vous pouvez consulter notre article concernant le boson de Higgs en pleine désintégration.

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Source(s) : Wired

Mots-Clés : physiqueexperiencerussiechercheur

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J'ai compris !

Salut moi c'est Tiphaine, grande passionnée de littérature et de culture geek. Je suis passée par un Master en Lettres Modernes parcours "Médias" à Paris III, et me voici rédactrice pour Hitek ! Je suis incollable sur le rétrogaming, sur les animes, et j'ai toujours un jeu de mots bien pourri en stock. Autant vous dire que mes collègues m'adorent le lundi matin de bonne heure.

Commentaires (17)

Par BegaLou, il y a 3 ans :

Super intéressant, je connaissais pas du tout, c'est vraiment une histoire qui mérite d'être davantage connue !

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Par Loiuis, il y a 3 ans :

Bon article ! Étonnant que vous ayez choisi de parler de ça mais ça fait plaisir

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Par Nash, il y a 3 ans :

Aaaaaah un article de qualité (Attention, c'est pas contre Hitek, mais à moins de me contredire, il y a pas grand chose "d'intéressant" coté technologie et science).

Il y a juste une "fauche" note, au paragraphe sur "Les Conséquences de l'accident", à la 4e ligne, il y a le G qui a été "fauché" par un F :p

Oui je sais, je suis un fauchiste bobo

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Par Nash, il y a 3 ans (en réponse à Nash):

manque la fin de ma 1ère partie => en ce moment

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Par Hitek, il y a 3 ans (en réponse à Nash):

Bonjour Nash,
En effet, entre "gauche" et "fauche", il n'y a qu'un pas (et un seul espace sur le clavier ...). Merci d'avoir relevé cette petite faute de frappe, nous sommes très heureux que vous ainsi que Loiuis (qui a commenté juste avant vous) ayez aimé cet article.

Bonne continuation sur notre site ! :)

L'équipe HITEK

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Par Saucissefrite, il y a 3 ans (en réponse à Hitek):

Merci Hitek pour cet article, ne vous privez pas d'en faire d'autre du même style :)

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Par Totolol, il y a 3 ans (en réponse à Nash):

Un article interessant, certe mais bon ca reste un vague copié/collé d'un contenu pris d'un autre site francophone (étrangement leur article est sorti il y a une semaine) qui a lui même rerpis le contenu de sites anglos.

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Par Hitek, il y a 3 ans (en réponse à Totolol):

Bonjour Totolol,
Les sujets sont pluriels dans le monde, et il suffit parfois qu'un de nos rédacteurs lisent une histoire saisissante pour qu'il ait envie, à son tour, de la raconter, en cherchant à être le plus précis possible. En ce cas précis, nous avons consulter le site Wired (comme précisé en source sous l'article). Leur article est paru il y a plusieurs années déjà, et nous avons fait converger différentes autres sources pour vérifier chaque mot qui est écrit dans cet article, et pour vous proposer une histoire aussi complète que possible, sans que celle-ci ne soit trop longue.
Cette histoire s'est produite avant même que la plupart des rédacteurs ici présents ne soient nés, et certains d'entre eux ne connaissaient pas ce fait, qu'ils ont tenu, de ce fait, à partager. Nous n'inventons rien, nous nous contentons simplement de partager des faits qui, de notre côté, nous semblent intéressants. Chaque rédacteur a sa patte, ce qui fait que chaque article est unique au sein des divers journaux que vous pouvez lire, et qu'il ne s'agit pas d'un vulgaire copier-coller. Chacun a sa vision des faits, et la retranscrit pour, à votre tour, vous faire vibrer :)

En espérant tout de même avoir pu vous faire passer un bon moment,

Nous vous souhaitons une bonne continuation sur notre site,

L'équipe HITEK

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Par Totolol, il y a 3 ans (en réponse à Hitek):

Bien sûr vous avez absolument pas consulté cet article d'il y a une semaine ?
https://sciencepost.fr/anatoli-bougorski-accelerateur-de-particules/

si par la plus grande des coincidences c'est le cas, je m'excuse

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Par Beniben95, il y a 3 ans via l'application Hitek :

Pas de super pouvoir du coup ? Dommage...

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Par Waalm, il y a 3 ans :

Petite coquille dans la partie du contexte historique: je pense que l'auteur voulait écrire "lorsque deux protons entrent en collision", et non pas photons.

Un article très intéressant sinon ! :)

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Par Papy Mougeot, il y a 3 ans :

Ce n'est pas un M., mais un Dr., il a fini son doctorat malgré cet incident

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Par Nash, il y a 3 ans (en réponse à Papy Mougeot):

Oui Sheldon :p

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Par Mrgoodgift94, il y a 3 ans :

ça c'est un article intéressant

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Par Manigoldo, il y a 3 ans :

Bah voilà !! Ça c'est intéressant , ça change des hots thubs ^^

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Par HarryRodnee, il y a 3 ans :

Je connaissais déjà l'histoire mais très heureux de le redécouvrir !

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Par Lemal1, il y a 8 mois :

Déjà le titre et complètement erroné, ce n’était pas du tout « par accident » qu’il avait mis sa tête à l’intérieur mais volontairement .

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