Critique Seuls, le film adapté de la BD phénomène : casting, synopsis, date de sortie
Annoncé en projet d’adaptation depuis juillet 2014, c’est le 8 février 2017 que sortira le film français de science-fiction SEULS, réalisé par David Moreau (20 ans d’écart, The Eye, Ils).
SEULS Bande Annonce 2
Synopsis
Leïla est une passionnée de grande vitesse et de mécanique. Elle habite une métropole tout ce qu'il y a de plus commun : quartiers, foyers, écoles, appartements, bouchons sur le périphérique, des individus, des problèmes, des règlements de compte : la routine. Après un événement malencontreux à son établissement, elle décide de faire un tour à une fête foraine et d’oublier le monde sur une attraction à hautes voltiges. Black-out.
Le lendemain, alors qu’elle s’apprête à passer une journée normale, sa maison, son quartier et les périphériques routiers ne donnent pas le moindre signe de vie humaine. En ville, elle rencontre Terry et Camille, deux adolescents comme elle. Ils feront ensuite la connaissance du riche et peureux Yvan et sauveront leur dernier camarade blessé, Dodji, de justesse. Alors qu’ils peinent à trouver une explication à leur situation, une force élémentaire les menace : un immense brouillard entoure la ville, n’offrant aucune issue.
Et si ce n’était que ça, qui est cet homme, surnommé par Terry comme "Le Maître des couteaux" qui leur en veut au point de vouloir leur mort ? Et quelles sont les visions qui hantent Leïla ? Pourquoi personne ne se rappelle de leur dernière nuit ? Est-ce que toutes les réponses se trouvent au-delà du brouillard ?
Tout autour du casting
Réalisateur - David Moreau
SEULS est le 4èm long-métrage de David Moreau après Ils, The Eye et 20 ans d’écart. Grand amateur de SF, fantastique et d’horreur, ça ne lui a pas pris plus de 20 minutes pour compléter sa bibliothèque des albums de Gazzotti et Vehlmann, sur les conseils de Julien Rappeneau (et de ses enfants).
Le sujet de cinq adolescents perdus dans une ville "morte" a germé dans l’esprit du réalisateur dès les premières cases de la BD. Un groupe solitaire, sans l’emprise des adultes, ni des autorités, se retrouve à survivre dans une ville détraquée. Une expérience pleine de fantasme, de nostalgie mais d’angoisse permanent de l’inconnu. Sa propre adolescence a été bercée par des classiques de SF américains comme Retour vers le Futur, E.T ou encore Les Goonies.
Le scénariste de la BD, Fabien Vehlmann, exprime très bien cette situation quand il dit que j’ai procédé à une "juste trahison". En tant que réalisateur, je raconte son histoire mais je la raconte avec mes mots.
Acteurs -
Sofia Lesaffre aka Leïla joue le rôle de Salima dans le film Les Mythos de Denis Thybaud (SAV 2006, Nos chers voisins), mais également dans Les trois frères en 2014, Nous trois ou rien en 2015 où elle interprétait le rôle de la fille de Rachida. En 2016 toujours, elle joue dans Le ciel attendra et la Nuit rebelle avant de terminer avec le film SF Seuls en 2017. Elle ne s’imaginait pas interpréter le rôle d’une BD qu’elle lisait à son CDI pendant le collège.
Les personnages vivent un véritable voyage initiatique. Ils vont devoir grandir et se révéler progressivement les uns aux autres. (…) Le thème de la mort est assez tabou alors qu’il nous touche tous, quel que soit notre âge et le pays dans lequel nous vivons.
Stéphane Bak aka Dodji, était connu comme le plus jeune humoriste de France en 2011, il était âgé de 14 ans. Il présente une chronique pendant la Télé pour tous en 2014 de Laurent Ruquier appellée L’Emission pour tous. Côté filmographie, son premier rôle est celui dans Bref en 2012, le film Les gamins écrit par Anthony Marciano et Max Boublil en 2013, il interprète ensuite Max dans Les héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar en 2014. À l’heure des fictions interactives sur internet il apparait dans le projet haletant WEI OR DIE de Simon Bouisson, l’enfer d’un week-end d’intégration étudiant où vous pouvez switcher sur les caméras de plusieurs personnes, vous laissant libre de choisir de quoi vous voulez (préférez) être témoin. Il joue ensuite le rôle d’Omar dans la comédie dramatique Elle en 2016, puis dans le film Outsider, Le ciel attendra et enfin Seuls où il interprète Dodji.
Aux États-Unis, il existe une véritable communauté de fans des films Marvel. En France, nous n’avons pas ce genre de référence et de rendez-vous qui revient régulièrement. J’aimerais beaucoup que SEULS soit le premier film fantastique français qui permette aux spectateurs de grandir avec les personnages. (…) Jean-Stan, qui interprète Terry, aura peut- être la même taille que moi...
Jean-stan du Pac aka Terry a démarré sa carrière dans le court-métrage Zygomatique en 2013, puis dans le film La volante en 2015 de Christopher Ali (Wild Camp, Le Rat) interprétant le rôle de Léo Lemans, il poursuit sa carrière dans le film dramatique Boomerang de François Favrat, puis dans l’adaptation française de la série télé Broadchurch nommée Malaterra. En 2016, il incarne un rôle dans Le Coeur en braille de Michel Boujenah.
Il (en parlant de Terry) a vraiment peur mais il ne veut pas le montrer, il essaie même de faire quelques blagues mais ça ne marche pas très bien. Je me suis dit que si j’étais tout seul, je ressentirais la même chose que lui.
Paul Scarfoglio aka Yvan joue Enzo dans la série Les Grands de Vivianney Lebasque sorti sur OCS le 3 novembre 2016, série retraçant la période de l’adolescence, en plus de son rôle dans Seuls.
Pendant le tournage, il fallait qu’on soit stressés sur chaque scène, il y avait une sorte de tension permanente et David (le réalisateur) a bien réussi à mettre en valeur cet aspect. Même pendant les scènes de détente, pendant lesquelles les personnages étaient censés se reposer et créer des liens entre eux, nous devions être dans cette tension.
Kim Lockhart aka Camille obtient un rôle en 2015 dans la série Lockhart: Unleashing the Talisman, en 2017 elle interprète Camille dans Seuls et sera présente dans le film britannique Welcome to Essex.
Dans le film, même si elle reste timide, c’est différent. Elle est adolescente et, comme les autres, elle a plus de caractère.
Une histoire d'adaptation
SEULS - La BD phénomène via Blog Dupuis
C’est au spectateur d’imaginer ce qu’il a envie d’imaginer. Quel que soit leur âge, tous ces enfants vont devoir faire preuve de maturité pour s’en sortir.
Sophia Lesaffre
Les BD d’où est adapté le film ont été publiées depuis 2010 aux éditions Dupuis en 10 tomes, l’histoire du film SEULS est l’adaptation du cycle des 5 tomes, que vous pouvez trouver en édition intégrale : La disparition, Le maître des couteaux, Le clan du requin, Les Cairins rouges et Au coeur du Maelström.
Cette BD est créée par le dessinateur Bruno Gazzotti (Des Lendemains sans nuages, SODA) et écrit par Fabien Vehlmann (Spirou et Fantasio, Les Derniers jours d’un immortel, Les Cinq conteurs de Bagdad, L’île aux cents mille morts).
Test du Seuls
Les Schtroumpfs, Tintin, Ducobu, Astérix, Largo Winch, Les profs… Qu’y a -t-il de plus dans cette énième adaptation ? C’est au tour d’une nouvelle BD de passer à la grande étape de l’adaptation cinéma. Certains d’entre vous ont peut-être déjà eu la chance d’assister à la conférence lors du dernier Comic Con Paris 2016.
SEULS Bande Annonce 1 (2017)
On ne va pas se mentir : la SF française c'est une grosse prise de risque. Autant pour le budget que pour l'accueil du public. Même si les web-séries comme le Visiteur du futur ont su trouver leur place, il n'en reste pas moins un sujet sensible dans le cinéma français. Mais ce sujet a beaucoup trop plu à David Moreau pour qu'il s’abstienne de le développer. Grand amateur du genre fantastique, de l’horreur et de la comédie, le réalisateur avoue qu’il a fallu du temps pour convaincre les auteurs de la BD. Mais ils ont appris à se faire confiance, tout comme les personnages de la BD au moment de leur rencontre.
Mes envies étaient proches des leurs, nous avons à peu près les mêmes goûts, nous aimons et détestons les mêmes choses (…) Et je voulais raconter la même chose qu’eux
David Moreau en parlant des auteurs de SEULS
#1 Les points forts
La peur de mourir, la lutte pour le pouvoir, l’ambition, l’inconnu, la transformation brutale d’un monde autrefois ordinaire… et la survie. La BD SEULS en elle-même est un véritable défi dans la BD jeunesse, voire jeunes adultes.
Par rapport au personnage, une (TRÈS TRÈS) grande surprise de l’interprétation pour Dodji par Stéphane Bak. Dans la BD, Dodji fait partie des personnages ayant une carrure naturelle de leader, même si il n’arrive pas à en supporter le fardeau. Avec Stephane Bak, le retrouver dans la peau d'un personnage aussi sombre change de sa carrière d’humoriste et de chroniqueur tout souriant, et il est plutôt efficace à ce petit jeu.
Ensuite, le fait d’avoir choisi le personnage de Leïla comme membre clé du groupe n’est pas dérangeant. Sofia Lesaffre incarne parfaitement le personnage charismatique et protecteur de Leïla. Prévoyante, attentionnée, elle revêt le rôle de la grande soeur et de garde du corps, cherchant toujours à faire de son mieux.
SEULS est un film froid et onirique.
Rien n’est trop surfait et on se plonge vite dans l’histoire. Par curiosité, ou par espoir peut-être ? Les couleurs dominantes du film sont le noir, le bleu et le rouge. La plupart des scènes clés se déroulent dans la pénombre, tandis que les éléments forts sont signalés par du rouge (sang, lumières, fumée) offrant un véritable plaisir visuel du début à la fin.
Le film est rythmé entre les temps de pauses et les scènes d'actions (voitures, motos, courses, vélos, poursuites dans les couloirs d'hôtels, réactions violentes des personnages...). Que ce soit les vues en plongé lorsque Leïla fait désespérément le tour de la ville fantôme, ou les plans d'ensemble pour mesurer le terrain de "chasse" du groupe des cinq, on est sans cesse entre l’immensité et l’impuissance.
Comme dans Inception, on vit un cauchemar à l’intérieur d’un rêve éveillé : la métropole devient une véritable "attraction" et la sécurité matérielle n’est plus un problème. Plus aucune limite. Excepté le brouillard impénétrable hautement chimique encerclant la ville et qui entrave les enfants d’heures en heures, se fichant éperdument de leur euphorie. Et s'il n’y avait que le brouillard qui était menaçant. Dans l’hôtel de luxe où ils ont trouvé refuge, chacun d’eux est surveillé et menacé de mort imminente par un rescapé-assassin, et ce n’est certainement pas Ezio caché sous sa capuche (le clin d’oeil était plutôt sympa) !
Enfin, la musique ! Sentimentale et angoissante, c’est ROB (Robin Coudert) qui est aux commandes. Vous le connaissez très bien si vous avez vu le film Horns avec Daniel Radcliff ou Populaire en 2012. À défaut de pouvoir revoir le film une deuxième fois pour vous poster la vraie playslist de Seuls, un aperçu de son travail avec la BO du film Maniac (avec notre Frodon préféré, pardon, Elijah Wood). Mention spéciale à la création Hauted qui se rapproche le plus de mon souvenir auditif sur Seuls. Il y a aussi d’autres musiques spécifiques à quelques scènes (du rap américain, mais une fois, promis !).
CONSEIL : à utiliser en fond sonore en lisant cette critique, c’est plus sympa et ça vous semblera moins long, promis.
#2 Ce qui cloche
"Résumer" les événements importants dans une adaptation sous un nouvel angle est plus enrichissant que d’espérer trouver une adaptation 100% fidèle d’un ouvrage. Alors oui, le film SEULS est bien un SF/thriller/fantastique, mais surtout un film noir. Sombre donc, très sombre, et c’est un avantage et un inconvénient. Personnages aux caractères inversés, comportements changés ou modifiés ayant l’air plus adultes que la BD. Ce qui aurait tendance à grandement froisser les fans. Mais est-ce si important que ça ? De la jeunesse à l’adolescence il n’y a qu’un pas, mais de l’adolescence à l’âge adulte c’est beaucoup plus intéressant. Le jeune public se posera des questions, les adolescents se reconnaîtront tandis que les adultes seront entre la nostalgie et l’anxiété.
Un énième film d’action pour adolescents alors?
Outre les références possibles du réalisateur, SEULS peut avoir un arrière-goût de plusieurs blockbusters dans sa forme, un côté Divergente, un Hunger Games par-ci, un bout de LOST, de Stranger Things, un soupçon de Akira, de Aliens, de The Mist ou 28 jours plus tard. Mais ce n’est en rien la signature du film, ça ne reste que des éléments fait pour attraper le coeur de spectateurs qui n’auraient pas connu la BD et qui cherchent des repères.
Que dire ensuite sur quelques stéréotypes qui dérangent (fantasmes d’enfants-rois, humour juvénile). Des comportements qui nous feraient dire "Ah! Typiquement français". Mais tout comme le cinéma américain où on peut entendre dire "aaaah le style américain !" en sortant d'une séance. Et c’est tant mieux. C’est tant mieux car si SEULS avait hérité d’une trop grande ressemblance américaine, sans nul doute que ce point aurait été une cible parfaite pour les critiques. Un mal pour un bien dirait-on.
Pour les plus malins d’entres vous, le dénouement de SEULS semblera attendu. Pour une BD de 5 tomes, une trilogie, une série TV, il est plus simple de faire languir le spectateur pour mieux le surprendre. Pour une adaptation en moins de 2h aussi ambitieuse que SEULS, il a fallu faire un choix. D’autant que les 9 semaines de tournage en région parisienne n’ont pas dû être de tout repos (bonjour Val d ‘Europe ! Bonjour le jardin des tuileries. Bonjour La Défense !).
On peut comprendre que les acteurs aient pu trouver le tournage intense. Le réalisateur lui-même évoque un tournage assez lourd. Alors imaginez devoir traiter tous les aspects et événements de la BD dans les moindres détails : il y aurait eu plus de risque de déplaire aux fans de la BD et cela aurait sans doute été moins attrayant pour ceux qui ne le seraient pas.
#3 Conclusion et avenir
SEULS est indiscutablement un film mélangeant les genres de SF, horreur et fantastique. Cette ambition fimographique est magnifique à regarder et donne envie d’être pleinement soutenue. Sur énormément de scènes je me posais la question : « Pourquoi a-t-on encore peur de la SF française si un tel film prouve le contraire ? »
5 autres tomes resteraient à être adaptés. Tout comme George R.R Martin avec son dernier livre en date, les auteurs de la BD Seuls n’ont encore déposé ni le denier point, ni la dernière couleur sur leur planche. Tandis que Moreau n’attend que l’opportunité de se remettre à travailler pour la suite de ce premier essai.
Si le public répond présent, j’ai déjà les histoires pour deux longs métrages derrière celui-là ! Il peut vivre en tant que film unique, il se suffit à lui-même.
On sent néanmoins que le film a été construit de manière à être perçu comme un film unique ou film à suivre. Survivre dans le monde de l’audiovisuel est aussi une question de prévoyance.
Angoissant, onirique, dynamique, maîtrisé, SEULS est un must-see SF/thriller français teinté de rouge et de noir. Il serait dommage d’en débattre sans l’avoir regardé au moins une fois. Un bon espoir pour que ce film puisse être bien accueilli parmi le public français qui n’aurait pas l’habitude de ce genre cinématographique.