Quand les films de fiction sont cohérents, scientifiquement parlant
Le cinéma de fiction, et en particulier quand on parle de science-fiction, est toujours à prendre avec des pincettes, notamment quand on parle de faits scientifiques plus ou moins avérés, ou qui sont décrits comme tel. Et ce, en raison de la communauté scientifique, toujours prompte à élever la voix quand on présente à l'écran une erreur scientifique, aussi minime soit-elle. Pourtant, quelques films parviennent à être assez précis, ou exacts scientifiquement, pour ne pas s'attirer les foudres de nos chères têtes pensantes.
Seul sur Mars (2015)
Ironie du sort, si le fait que l'atmosphère de la planète ne puisse en réalité provoquer l'accident séparant Mark Watney de son équipe soit une erreur voulue par l'auteur en personne, le même film a été acclamé par... Neil deGrasse Tyson lui-même !
En effet, la gravité de la Planète Rouge décrite dans le film est proche de la réalité : valant à peine 30 à 40% celle de la Terre, ce qui a permis à Mark Watney de soulever les citernes de 200 livres comme si elles étaient aussi légères qu'une plume.
De plus le lanceur qui a envoyé la fusée de secours existe réellement. Il fut inventé par le mathématicien Michael Minovitch, et a été utilisé pour propulser les sondes Pioneer 10, Mariner 10 et Voyager 1 vers Jupiter et au-delà.
Moon (2009)
Ce film de science-fiction, réalisé par Duncan Jones, a été présenté à des membres de la NASA se trouvant au Centre Spatial de Houston, afin de recevoir leurs critiques. Et il fut étonné d'apprendre que les spectateurs avaient été surpris de découvrir que le film traitait de sujets sur lesquels ils travaillaient, et l'une des scientifiques déclara même qu'elle travaillait sur une nouvelle façon d'utiliser :
"Le régolithe (la poussière lunaire), afin de faire du béton, ou plus précisément du béton lunaire."
Le régolithe étant la ressource nécessaire à l'extraction d’hélium 3 dans le film, et la raison pour laquelle le protagoniste se trouve sur la Lune, ce dut être une surprise pour cette scientifique de découvrir des similarités entre un scénario et ses propres travaux.
Duncan Jones reçut aussi des félicitations pour avoir décrit aussi précisément que possible un environnement entièrement automatisé, et simplement supervisé par un seul être humain, qui n'agirait qu'en observateur.
Primer (2004)
Quand on parle de voyage dans le temps, et plus précisément dans le passé, on a toujours tendance à s'enfoncer dans une série de chronologies parallèles, avec le risque de croiser nos propres doubles et donc de se tuer (ou de se suicider ?) si jamais on finit par ne plus se supporter, voire à créer un trou dans le continuum espace-temps en devenant son propre père (ou sa propre mère, qui sait ?), ou son propre frère/sœur/fils/fille, bref... C'est compliqué.
Heureusement, Primer résout ce genre de paradoxe. Il s'agit d'un film sorti en 2004, dans lequel deux personnes construisent accidentellement une machine à remonter le temps (ça ne s'invente pas... Remarquez, c'est comme l'auteur de cet article, un jour, il a accidentellement créé le gratin à la banane), et grâce à laquelle ils parviennent à gagner gros en misant sur les fluctuations de la Bourse.
Voici comment le voyage temporel est décomposé dans Primer :
1ère étape : la chronologie n'est pas dérangée. La personne règle la machine pour qu'elle s'active à midi, puis quitte les lieux pour ne pas avoir à rencontrer son "double".
2ème étape : la machine se met en marche, "le double" en sort, tandis que "l'original" va surveiller l'évolution de la Bourse en attendant d'entrer dans la machine, durant 6 heures.
3ème étape : l'original entre dans la machine et patiente pendant 6h (le temps de remonter le temps) avant de sortir de la machine, en tant que "double" de lui-même.
4ème étape : durant 6 heures, les actes du "double" auront un effet sur sa chronologie et sur celle de "l'original".
5ème étape : à partir de la 6ème heure, il n'existe plus qu'une chronologie, celle du "double". Le seul destin de l'original est d'entrer dans la machine, et de devenir son propre "double".
The Fountain (2006)
Malgré la présence de Hugh Jackman à l'écran, ce film a fait un véritable flop international, en raison de son côté extrêmement abstrait : pour comprendre le scénario, l'auteur de ces lignes a dû s'enfiler trois shots de vodka et prendre quelques starters piqués à Spider Jerusalem.
Durant le film, Izzi, l'épouse de Tommy (incarné par Hugh Jackman), va philosopher à de nombreuses reprises au sujet du sens de la vie et du fait qu'en réalité toutes les créations sont connectées entre elles. Or, selon l'astronome Carl Sagan, cela est vrai car tout est "une création des étoiles". De façon moins poétique, cela signifie que l'on retrouve les éléments du tableau périodique de Mendeleïev dans le cœur nucléaire des étoiles, et que ces éléments sont dispersés dans l’univers quand lesdites étoiles "meurent" en explosant.
Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004)
D'une certaine façon, ce film est en opposition complète avec Total Recall. En effet, quand dans ce dernier, l'idée est de se faire implanter de faux souvenirs, dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, l'intrigue se joue sur la perte, ou le retrait sélectif de fragments de la mémoire.
Alors, certes, cela est encore impossible de nos jours, mais la façon dont cela est présenté dans le film est tout à fait réaliste. La perte de mémoire est activée par des dommages cérébraux qui refaçonnent notre cerveau, mais sur un support minime, et les changements sont pratiquement indétectables. C'est un peu comme un lendemain de cuite, mais effectué de façon extrêmement ciblé.
Minority Report (2002)
Ne rêvez pas, il est impossible pour le moment de "prévoir un crime à l'avance" (du moins, pour la police, les criminels, eux...), mais certaines des technologies présentées dans ce film sont réelles, ou en tous les cas, le sont devenus après la diffusion du film en salle. Un des exemples est le système Kinect de Microsoft, où il est possible d'accomplir ce que l'on souhaite : sauter, marcher, courir, donner un coup, etc... Ou bien les produits "innovants" Apple, où le simple contact de notre doigt permet de faire défiler nos matchs sur Tinder, ou de switcher entre les applications. Et ce sont des références directes au passage où l'on voit Tom Cruise manipuler des données et des images de vidéo dans les airs.
Autres innovations rendues possibles par ce film : les publicités ciblées (expliquant pourquoi vous avez des propositions vous offrant la possibilité d'élargir votre... Tour de biceps), les voitures autonomes et même la vidéo en 3D !
Interstellar (2014)
D'accord, le film a été massacré par la communauté scientifique, Neil deGrasse Tyson en tête. MAIS, là où le film est le plus exact possible, c'est dans la représentation visuelle des trous de vers et des trous noirs. En effet, Christopher Nolan a utilisé les équations de la théorie de la relativité d'Einstein pour les représenter, aidé par un expert en la matière : Kip Thorne. Selon ce dernier, les images furent construites avec tant de minutie et d'attention aux détails qu'il n'y a pas moins de 23 millions de pixels dans ces images, entièrement basées sur la résolution des équations d'Einstein.
De plus, si ces calculs n'ont pas permis de faire quelques découvertes, ils ont aidé au développement de nouvelles façons de représenter ces simulations. Non seulement, c'est scientifiquement cohérent, mais le film a contribué à la progression de la science.
2001, l'Odyssée de l'Espace (1968)
Il n'y a pas de son dans l'espace, ce film nous l'a appris. C'est ce qui empêche autrui d'entendre les cris d'horreur/de terreur/de joie [Barrer les mentions inutiles] inhérents à la rencontre fortuite avec un Xénomorphe affamé.
De plus, il faut savoir que, pour créer les tenues des astronautes et le design du vaisseau, Stanley Kubrick, grand perfectionniste devant l'Eternel, a consulté des spécialistes en aérospatial, pour avoir leur avis. Et quelle fut leur plus grande contribution ? Le manque d’aérodynamisme dans la forme du vaisseau. En effet, il est inutile, dans le vide spatial, d'avoir besoin d'une forme particulière afin d'aller plus vite. Donc non seulement le film est scientifiquement cohérent, mais il l'était bien avant l'heure !
Dans l'ensemble vous présentez des films incohérents MAIS qui contiennent quelques faits scientifiques cohérents. Rien à voir avec le titre de la news.
Le titre c'est "Quand les films de fiction sont cohérents, scientifiquement parlant". Du coup cohérent pour qui ? Ben pour nous, du coup faut que ça soit cohérent avec NOTRE science, pas celle intra diégétique.
Enfin il me semble