L’adaptation de jeux vidéo, une mode qui fait peur

L’influence puissante de nombreuses sagas de jeux vidéo conduit à un certain intérêt du petit et grand écran. Pourtant snobées pendant de nombreuses années, voilà désormais leur cote au plus haut. Films et surtout séries se penchent sur ce nouveau marché qui devrait secouer le monde audiovisuel pour les prochaines années.

On a eu les western, on a les super-héros, aura-t-on les jeux vidéo ? En fait, la comparaison est déjà mauvaise, car les jeux vidéo se regroupent plutôt dans un format, et pas vraiment dans une masse caractéristique. Cela n’enlève en rien à leur puissante aura. Audience, scénario, personnages charismatiques, ils disposent de l’arsenal parfait pour être propulsés dans les salles obscures ou sur Netflix. D’ailleurs, la plateforme ne s’y trompe pas et s’attaque déjà à un grand morceau en la personne de The Witcher.

Avec son univers précisément établi, son succès incroyable et surtout son histoire bluffante, The Witcher semble être l’adaptation parfaite et toute tracée pour Netflix. Avec un bon casting et un réalisateur de renom aux commandes, difficile de rendre un projet catastrophique. Tout semble servi sur un plateau, une mine d’or à exploiter. Pourtant, la transition de la console au cinéma n’est pas forcément une partie de plaisir. En témoignent les (très) mauvais nombreux exemples qui ont retardé pendant quelques années l’adaptation de jeux vidéo. À ce titre là, Prince of Persia : Les Sables du temps semble être une mince lueur d’espoir au milieu de films et séries Mortal Kombat, entre autres, catastrophiques.

Liaisons dangereuses

Mais si l’adaptation d’une histoire excellente était si facile, les films de super-héros seraient tous des chefs d’oeuvre. Sauf que, et désolé de décevoir, Marvel et DC Comics se sont plantés à de nombreuses reprises. Tout simplement parce qu’il s’agit de deux formes d’art complètement différentes. À droite, une histoire basée sur le plaisir du joueur, avec tout un tas d’artifices mis en oeuvre pour rendre le jeu agréable et fluide. À gauche, un format beaucoup plus épuré qui cherche non pas le plaisir du joueur, mais à raconter une histoire correcte. À ce rythme-là, les deux entités s’entrechoquent. L’interactivité d’un jeu vidéo fait sa force. Le joueur n’incarne pas un personnage, il est le personnage. C’est tout ce qui bâtit l’intérêt d’un jeu vidéo, balayé avec un processus cinématographique.

Autre élément compliqué et un brin plus technique : les licences. Et surtout, les enjeux qu’elles représentent. Pour une adaptation de GTA au cinéma, il faut mettre le prix pour pouvoir dessiner en jolie typographie Grand Theft Auto sur l’affiche. À ce compte là, pas le droit non plus à l’erreur pour l’adaptation qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la saga de jeu vidéo. Une série San Andreas qui transpirerait le navet aurait une connotation négative sur le jeu qui reste l’un des plus gros éléments du jeu vidéo moderne.

Mais les plateformes semblent s’y intéresser, et à l’heure de la surabondance de films exclusifs et séries inédites, les jeux vidéo semblent être une source fiable dans le domaine. Encore faut-il que l’adaptation soit fiable, puisque pour l’instant, aucun élément concret ne permet d’appréhender, positivement ou négativement, le concept.