Antarctique : après la Covid-19 et la variole du singe, ces nouvelles bactéries inquiètent les scientifiques
Si la COVID-19 fait désormais partie de notre quotidien, la variole du singe, elle, fait de plus en plus les gros titres des journaux. C'était sans compter sur la dernière trouvaille des scientifiques, qui ont détecté dans le sol de l'Antarctique des bactéries assez inquiétantes pour la santé à l'échelle mondiale.
des bactéries hyper-résistantes découvertes dans le sol de l'antarctique
Des bactéries "hyper-résistantes" et potentiellement capables d'échapper aux antibiotiques courants ont été découvertes dans les terres impitoyables de l'Antarctique, selon une nouvelle étude. Bien que la menace ne soit pas imminente, les chercheurs avertissent qu'elles ont le potentiel de poser un certain risque pour la santé humaine mondiale dans les années à venir, et en particulier si l'Antarctique continue d'être menacé par la crise climatique et les dommages environnementaux.
Tout commence avec la publication d'un article au sein de la revue Science of the Total Environment. Des scientifiques de l'Université du Chili y expliquent comment ils ont collecté des échantillons de sol dans la péninsule antarctique entre 2017 et 2019. Lorsque ces derniers sont retournés au laboratoire, ils ont été surpris par la riche diversité de micro-organismes vivant retrouvés au sein de ces sols gelés, et hostiles. Et parmi les gènes retrouvés, certains inquiètent plus les scientifiques que d'autres.
des gènes en particulier qui inquiètent la communauté scientifique
Parmi les micro-organismes, des gènes ont été découverts qui peuvent fournir une résistance à de multiples antibiotiques et autres substances antimicrobiennes, comme le cuivre et le chlore. Ces gènes ont été trouvés dans divers genres de bactéries, comme les Polaromonas, les Pseudomonas, les Streptomyces, les Variovorax ou encore les Burkholderia.
Culture de Streptomyces.
Ce qui est inquiétant, c'est qu'on a également trouvé des gènes qui pourraient permettre à des mécanismes jamais vus d'échapper aux antibiotiques. Les chercheurs ont en effet découvert des bactéries du groupe Polaromonas capables de produire des enzymes capables d'inactiver les antibiotiques de type bêta-lactame (qui comprennent les dérivés de la pénicilline par exemple), qui sont essentiels au traitement de diverses infections.
Comment des bactéries peuvent-elles évoluer de la sorte pour devenir hyper-résistantes aux antibiotiques ?
La résistance aux antibiotiques est considérablement accélérée par le mauvais usage et la surconsommation d'antibiotiques. Cependant, il est également possible que les bactéries développent naturellement des mécanismes de résistance aux antibiotiques. Les chercheurs de l'étude dont il est question ici affirment que les gènes de résistance aux antibiotiques qu'ils ont découverts sont très probablement le résultat de l'adaptation des bactéries aux conditions extrêmes de l'Antarctique.
Le Dr Andrés Marcoleta, responsable de l'étude à la Faculté des sciences de l'Université du Chili, explique que cette résistance aux antibiotiques est contenue dans des "fragments mobiles" d'ADN qui peuvent être facilement transmis à d'autres bactéries par un transfert horizontal de gènes (un processus dans lequel un organisme intègre du matériel génétique provenant d'un autre organisme sans en être le descendant). Le Dr Marcoleta déclare au sein d'un communiqué :
L'idée que ces gènes puissent éventuellement atteindre des bactéries qui causent des infections chez l'homme ou d'autres animaux, en leur donnant des capacités de résistance plus importantes, ne semble pas déraisonnable.
Ce dernier a aussi ajouté que cette étude ne devait pas susciter la panique, du moins pour l'instant. Il a toutefois souligné que la menace potentielle que représentent les bactéries résistantes aux antibiotiques en Antarctique devient de plus en plus probable avec le temps, et le réchauffement climatique. Le docteur a terminé son communiqué avec les mots suivants :
La pandémie de COVID-19 nous a appris que les micro-organismes, et en particulier les agents pathogènes, peuvent avoir des effets de portée mondiale. En ce sens, il convient de se demander si le changement climatique pourrait avoir un impact sur l'apparition de maladies infectieuses.
Des nouvelles peu réjouissantes de ce fait, qui doivent encore un peu plus nous alterner face à la menace que représente le réchauffement climatique. Et si vous voulez voir à quoi ressemble la plus grosse bactérie du monde, découverte en mars dernier, vous pouvez consulter notre précédent article sur le sujet.