Le gouvernement japonais cherche en ce moment-même à mettre en place des mesures plus restrictives concernant le cosplay, et cela passe par de nombreuses discussions avec les cosplayers du pays. Le gouvernement veut avant tout protéger le droit d'auteur, et émet plusieurs hypothèses de loi qui, pour certains fans de cosplay, constitueraient des restrictions intolérables.
Le monde du cosplay au Japon
Le cosplay au Japon apparaît aux alentours des années 1990-1991, et se développe plutôt rapidement. Le pays est celui qui présente le plus de participants lors des grands salons, et met particulièrement l'accent sur le modèle et ses poses, qui doivent se rapprocher au mieux de l'apparence et des poses du personnage original.
Actuellement, au Japon, n'importe quelle personne est toujours en mesure de s'habiller de façon à copier le style d'un personnage d'un anime. Cette liberté pourrait cependant bientôt être retirée aux Japonais, ou du moins, aux professionnels, et à ceux qui voudraient partager leur talent sur les réseaux sociaux.
La nouvelle proposition de loi du gouvernement japonais
Le gouvernement japonais propose actuellement de grands changements concernant la loi sur le droit d'auteur, et si ces changements sont avérés, cela impacterait directement les cosplayeurs du pays. Comme le souligne l'écrivain et traducteur Matt Alt dans un tweet dont vous pourrez prendre connaissance ci-dessous, le gouvernement japonais envisage en effet de modifier les lois sur le droit d'auteur du pays afin que les cosplayeurs paient pour l'utilisation des personnages :
Japanese gov't weighs amending copyright law so creators can request fees from professional cosplayers. (And it's a real issue: the most successful can make upwards of USD$500K/year.) I believe this is the first attempt on the part of a national government to address cosplay? https://t.co/G9m0FJTmB3
January 24, 2021
Le gouvernement japonais envisage de modifier la loi sur le droit d'auteur afin que les créateurs puissent demander des frais aux cosplayeurs professionnels. (Et c'est un vrai problème : les plus réussis peuvent gagner plus de 500 000 dollars / an, soit un peu plus de 400 000 euros.) Je crois que c'est la première tentative d'attaque du monde du cosplay de la part d'un gouvernement national ?
Le cosplay peut être une affaire juteuse au Japon. La très célèbre cosplayeuse Enako gagnerait par exemple environ 90 000 $ (environ 74 000 euros) par mois grâce à des apparitions publiques, des produits, des livres photo, des sessions de chat et autres diverses recommandations. D'autres cosplayers gagnent également de l'argent en vendant des photos ou des clips d'eux-mêmes lorsqu'ils sont habillés de la même façon que leurs personnages préférés.
Selon Kyodo News, la loi japonaise sur le droit d'auteur n'est pas encore claire, mais souligne que le cosplay réalisé sans but lucratif n'est pas une violation. Cependant, Kyodo News ajoute que même le téléchargement de photos de cosplay sur des réseaux sociaux comme Instagram pourrait constituer une violation du droit d'auteur. Si tel est le cas, les effets se feront sentir dans toute la communauté du cosplay. Il sera en effet possible aux cosplayeurs de continuer à se déguiser, mais partager une photographie de soi pourra être susceptible de sanctions.
Bien que ce projet de loi fasse déjà beaucoup parler à travers le monde, Enako, quant à elle, a cherché à apaiser les tensions. Elle a en effet déclaré via son compte Twitter :
J'ai eu une discussion avec la ministre Inoue, et nous recherchons un moyen de protéger les droits d'auteur sans interférer avec la culture actuelle du cosplay. Je ne suis pas vraiment en mesure de faire une déclaration sur le sujet, mais personnellement, j'espère que les changements ne réglementeront pas les publications sur les réseaux sociaux et les activités faites par les fans s'ils ne sont pas à but lucratif.
La jeune femme espère par ailleurs que cette réglementation ne touchera pas forcément le réseau social Instagram. Des précisions devront être fournies par le gouvernement japonais durant les semaines qui vont suivre.
Enako a aussi tenu à clarifier la situation actuelle :
Je l'ai déjà dit plusieurs fois, mais quand je suis à la télévision, lors d'événements ou pour toute autre chose à but lucratif, je prends en compte le droit d'auteur et je ne fais pas de cosplay de personnages d'œuvres publiées, je sors avec mes propres habits. Chaque fois que je cosplay des personnages d'œuvres publiées, je le fais après avoir obtenu l'autorisation de l'éditeur.
Il faudra donc attendre les précisions données très bientôt par le gouvernerment japonais pour savoir à quel point le monde du cosplay sera ébranlé au Japon. Nous savons déjà que les cosplayeurs professionnels devront certainement rendre des comptes aux éditeurs, ceci étant dit. Si le monde du cosplay vous intéresse et que vous voulez en connaître davantage concernant ses origines, nous vous invitons à consulter notre dossier sur le cosplay, de la naissance du phénomène à sa popularisation.
Par Lugdunum, il y a 4 ans :
Après le droit d'auteur est de plus en plus respecté à travers le monde, donc finalement ça ne m'étonne pas plus que ça, ça devait arriver.
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