Bilan 2019 : les 15 meilleurs films de l'année 2019
Vous l'attendiez pas ? Et bien on l'a quand même fait ! Voici notre sélection, forcément subjective, des quinze meilleurs films de l'année 2019. Dedans, il y a du Tarantino, du coréen, du blockbuster de Marvel, du Pixar, du film d'auteur, du film français, du film d'horreur. Bref, il y en a pour tout les goûts. Loin d'être exhaustif, ce top a surtout pour vocation de partager nos goûts, et de donner une photographie de cette grande année pour le cinéma que fut l'année 2019. N'hésitez pas à nous donner votre top en commentaire, cela nous intéresse. (On vous prépare une sélection similaire pour les séries de l'année.) Bonne lecture !
1 - The Irishman - Martin Scorsese
Cette année 2019 aura été l'année la plus paradoxale de l'année de Martin Scorsese. Alors qu'il sortait deux films, le documentaire Rolling Thunder Revue : a Bob Dylan story by Martin Scorsese et The Irishman, tous deux sortis sur Netflix, le réalisateur américain a surtout fait parler de lui lors de polémiques aussi inutiles que stupides. Mais à cette heure des bilans, parlons cinéma, et uniquement cinéma. Car c'est à cela que nous contraint The Irishman, dernier grand film de gangsters, sorte de chassé-croisé entre Les Affranchis et Casino, deux des meilleurs films de Scorsese. Racontant l'histoire de Frank Sheeran, syndicaliste américain ayant des liens plus qu'étroits avec la mafia, de sa relation père-fils avec le parrain respecté Russell Buffalino à sa relation quasi-fraternelle avec Jimmy Hoffa, charismatique leader syndicaliste se battant pour maintenir sa position. Scorsese et son scénariste Steven Zaillian (le génie derrière La Liste de Schindler de Steven Spielberg, American Gangster de sir Ridley Scott et The Night Of de HBO) saisissent l'occasion de regarder l'histoire de ces hommes sur une cinquantaine d'années pour raconter les différents visages d'une Amérique qui ne cesse de se transformer. Formellement parfait, scénaristiquement dense (le film dure 3h30), musicalement grandiose, le film repose aussi sur son casting incroyable, Scorsese ayant fait appel à Robert De Niro (qui signe sa neuvième apparition dans un film de Scorsese), Joe Pesci (sorti de sa retraite uniquement pour ce quatrième film scorsesien), Harvey Keitel (sixième collaboration) et Al Pacino (qui signe son premier film pour Marty). Un véritable rendez-vous des légendes, où le charisme de ces acteurs légendaires brille à chaque apparition. Film-fleuve, film-somme, film-fresque, The Irishman est l'aboutissement de tout ce que Scorsese a accompli dans sa prodigieuse carrière. Et pour cela, et pour bien d'autres raisons, il mérite amplement la première place de notre classement ! Si ce film vous intéresse, voici notre critique, beaucoup plus complète.
2 - Joker - Todd Philipps
A plus d'un titre, Joker fut le film-événement de cette fin d'année. Alors les films DC passaient plus de temps à nous décevoir (Suicide Squad, Justice League, Shazam) qu'à nous émerveiller (Wonder Woman, Aquaman), et qu'un certain ras-le-bos commençait à se lire parmi la communauté des fans des films de super-héros, Joker a eu l'effet d'une bombe atomique. Particulièrement éloigné des canons du genre, Joker n'est pas un film d'action, mais plutôt un thriller psychologique, doublé d'une fable anarcho-sociale, un brûlot politique qui a su trouver un écho tout particulier dans cette époque où éclatent de nombreux soulèvements populaires, partout à travers le monde. Le scénario écrit par Todd Philipps est particulièrement intelligent, et permet de s'approcher au plus près d'un cerveau malade, celui d'Arthur Flake, alias le Joker. Sans jamais excuser celui qui va devenir la Némésis de Batman, le méchant le plus emblématique de la culture Pop avec Dark Vador, Todd Philipps permet néanmoins de soulever de nombreuses questions aussi passionnantes qu'essentielles. Mais le scénario n'est pas seule grande force de ce film sublime. On a beaucoup (à raison) loué la prestation hors-normes de Joaquin Phoenix, qui trouve là encore un rôle à sa démesure. Ce génie absolu de l'acting s'est emparé du personnage du Joker avec une telle maestria, qu'il parvient à entrer en concurrence avec la prestation culte du très regretté Heagh Ledger du Dark Knight de Nolan. Saluons également la prestation loin d'être anecdotique du légendaire Robert De Niro. Ensuite, la réalisation est absolument sublime, Todd Philipps n'hésitant pas à rendre hommage au cinéma de Martin Scorsese, le film cumulant les références à Taxi Driver et La Valse des Pantins. Certaines scènes, dont la descente des escaliers ou le dialogue brûlant entre Phoenix et De Niro sont des grands moments de cinéma. Enfin, saluons la musique magnifique de Hildur Guðnadóttir, révélée au grand public pour sa prestation dantesque pour la mini-série HBO Chernobyl, musique déchirante collant à merveille à l'ambiance glauque de ce Gotham en perdition. Assurément, Joker est un très grand film, et sans aucun doute un des plus grands films de la décennie qui vient de s'achever.
3 - Parasite - Bong Joon-ho
On ne dira jamais assez tout le bien que l'on pense de Parasite de Bong Joon-ho. Sacré Palme d'Or au dernier Festival de Cannes, Parasite est une satire sociale, un brûlot marxiste, mélangeant avec maestria les genres : satire sociale, drame psychologique, film d'horreur. Racontant le destin de la famille de Ki-taek, famille très pauvre vivant dans un entresol, fomentant une arnaque afin de parasiter la famille Park, richissime famille du voisinage. Ce film, particulièrement brillant, est un grand moment de cinéma. Bong Joon-ho, passionné par la lutte des classes, n'a jamais fait qu'explorer ce sujet, de Memories of Murder à Okja, en passant par The Host, Mother et Snowpiercer. Mais dans Parasite, le génie sud-coréen l'explore d'une manière encore plus frontale qu'auparavant (même si son message a toujours été clair, limpide). D'ailleurs, on pourrait faire une lecture comparée de Snowpiercer et Parasite : dans le premier, adaptation de la célèbre bande-dessinée française de Lob, la lutte des classes était illustrée par une géographie horizontale (les pauvres vivant à l'arrière d'un train, les riches en locomotive) ; dans le second, la lutte des classes a une géographie verticale, les pauvres vivant au sous-sol, les riches à l'étage. Mais le sujet, et la manière de le traiter, n'est pas le seul point fort du nouveau chef d'oeuvre de Bong Joon-ho. Tout d'abord, le film est esthétiquement grandiose. Bong Joon-ho est un chef d'orchestre émérite, et sait comme nul autre (si ce n'est son compatriote Park Chan-wook, le réalisateur de Sympathy for Mister Vengeance, Old Boy et Mademoiselle) poser un cadre. Notons également que le casting est prodigieux, avec en tout premier lieu le grand Song Kong-ho, le plus grand acteur du cinéma coréen (Sympathy for Mister Vengeance, Thirst - Ceci est mon sang), qui signe ici sa quatrième collaboration avec Bong Joon-ho, après Memories of Murder, The Host et Snowpiercer. A voir de toute urgence !
4 - Once Upon A Time In Hollywood - Quentin Tarantino
Dire que le dernier Tarantino était attendu relèverait de l'euphémisme (il suffit pour s'en convaincre de voir l'accueil que le film a reçu lors du dernier Festival de Cannes, malgré l'absence de récompense). Dans ce film au casting prestigieux (Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino), le légendaire Quentin Tarantino livre à la fois un de ses films les plus personnels (visite guidée dans son cinéma et ses influences) et les plus ambitieux (redonner vie au Hollywood de 1969). Mais résumer ainsi les aventures de Rick Dalton et Cliff Booth serait passer à côté du véritable propos du film et des véritables ambitieux de Tarantino. Dans son neuvième film, Quentin Tarantino rend un hommage vibrant aux loosers du cinéma hollywoodien, les acteurs trop vite oubliés et leurs cascadeurs corvéables à merci. Toute sa démarche artistique se résume dans cette ambition seule : c'est pour cela qu'Al Pacino n'apparaît que le temps d'un caméo, que Tim Roth a eu une scène finalement coupée au montage, que les grands habitués du cinéma tarantinesque sont relégués au second plan, et que mis à part les trois stars DiCaprio, Pitt et Robbie, l'essentiel du casting est composé d'acteurs inconnus ou à la carrière naissante. Il en résulte que, malgré sa longueur, ce film, qui semble allait à contre-courant du cinéma de Quentin Tarantino alors qu'il en capte plus qu'aucun autre l'essence, est assurément l'un de ses plus grands chefs d'oeuvre. Nous vous invitions à lire notre critique complète en cliquant ici.
5 - Une vie cachée - Terrence Malick
La présence d'Une vie cachée de Terrence Malick dans ce top en surprendra plus d'un, étant donné l'exigence requise pour regarder un film de Malick. (Loin de prendre le lectorat de Hitek pour un troupeau de bouseux, on a simplement conscience du fait qu'une partie non négligeable de notre lectorat nous lit plus pour nos articles traitant de culture Pop (comics, films de genre, jeux vidéos) que pour des critiques de films d'auteurs demandant une attention de tous les instants.) Cependant, on s'en serait voulu de ne pas inclure ce chef d'oeuvre... Pour ceux qui ne connaissent pas encore Terrence Malick, il s'agit sans aucun doute du réalisateur le plus mystérieux avec Stanley Kubrick. Après deux films ayant connu un certain succès dans les années 70, La Ballade sauvage en 1973 et Les Moissons du Ciel en 1978, Terrence Malick disparaît des radars, avant de revenir en 1998 avec La Ligne Rouge, suivi en 2005 par Le Nouveau Monde. Après avoir remporté en 2011 la Palme d'Or pour le magnifique The Tree of Life, il enchaîne une "trilogie" expérimentale, avec A la Merveille, Knight of Cups et Song to Song. Trois films servant de laboratoire à Malick, qui révolutionne son cinéma, en s'affranchissant des normes narratives et de mise en scène. Avec Une vie cachée, Terrence Malick revient à un style plus narratif, plus en accord avec ce qu'il avait entrepris avec ses quatre premiers chefs d'oeuvre. Mais le chemin parcouru avec sa trilogie expérimentale se ressent, et la justifie aux yeux d'un public qui semblait de plus en plus désappointé par ce réalisateur qui faisait fi des normes hollywoodiennes. En racontant l'histoire de Franz Jäggerstäter, paysan autrichien condamné à mort pour avoir refusé de prêter allégeance à Adolf Hitler, Terrence Malick signe son plus grand film. Comme d'habitude, il y a une utilisation du plan-large qui force le respect, conférant au film une atmosphère qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Terrence Malick filme mieux que quiconque la nature, et ce talent explique l'immense succès de sa filmographie. Et dans Une vie cachée, cet art s'en retrouve décuplé. La première heure de ce film de 2h56 est sans aucun doute ce qui s'est fait de mieux esthétiquement depuis The Revenant d'Alejandro Gonzalez Inarritu. Dans ce film fort d'une puissance spirituelle encore jamais atteinte chez Malick (malgré le fait que la spiritualité soit un des leitmotiv de son cinéma, comme on a pu le voir dans Tree of Life), Terrence Malick cherche, comme à son habitude, à capter où se trouve la grâce. Et la grâce se trouve dans chaque plan : dans les nuages d'une montagne, dans le frémissement de l'herbe sous le vent, dans le baiser de l'être aimé, dans la chevelure blonde de ton enfant. Même en prison, du moment qu'il y a un peu de ciel ou quelques goûtes d'eau qui tombent, on peut trouver de la grâce. Notons également le fait que Malick signe ici son film le plus ouvertement politique, le film faisant explicitement référence dans son titre à la citation de George Eliot, qui sert de conclusion au film : "Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus." Enfin, nous tenons à la fois à saluer l'extraordinaire prestation du duo d'acteurs August Diehl (révélé dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino) et Valerie Pachner, dont le jeu est d'une sobriété qui confine au sublime. La musique de James Newton Howard (Les Animaux Fantastiques, Batman Begins) est sans aucun doute la BO la plus magnifique de l'année 2019, et la plus grande BO pour un film de Malick depuis La Ligne Rouge, composée par Hans Zimmer. Bref, regardez ce film, beau à se damner !
6 - Toy Story 4 - Josh Cooley
Certains craignaient que Toy Story 4 soit la suite de trop, que Pixar soit en train de disneyisé, malgré la promesse de sortir après ce quatrième volet des aventures de Woody et Buzz que des films originaux. Même si nous attendions avec une impatience qu'on peinait à refouler Toy Story 4, avouons cependant que sa légitimité était, à nos yeux, quelque peu relative, étant donné la fin parfaite qu'offrait à la saga Toy Story 3, sorti en 2010. Mais c'était sous-estimer le génie du studio Pixar. Car non seulement Toy Story 4 est un excellent film d'animation, mais c'est aussi la suite logique et essentielle du troisième opus. Dans Toy Story 4, Woody termine achève complètement son chemin intérieur. C'est en ce sens que le film n'est pas la suite de trop : car avec Toy Story 4, c'est toute la philosophie qui présidait dans la saga qui trouve ici sa juste et parfaite conclusion. Comme tout Pixar, le film n'oublie pas d'être à la fois émouvant et surtout très drôle. Et aussi très intelligent. Même la question féministe est ici abordée d'une manière bien plus intelligente que dans Avengers : Endgame, au travers du personnage de Bo Peep. Enfin, d'un point de vue technique, le film est absolument grandiose, se rapprochant parfois du photo-réalisme tant les textures semblent réelles. Vraiment, Toy Story 4 apparaît comme un nouveau sommet de l'art de Pixar.
7 - Le Lac aux Oies Sauvages - Diao Yi'nan
Après le très réussi Black Coal, sorti en 2014, on attendait avec impatience de voir ce que Diao Yi'nan avait encore sous la manche. Et la promotion du Lac aux Oies Sauvages lors de sa sortie cannoise n'était pas faite pour calmer notre ardeur. En effet, le film avait attiré nul autre que Quentin Tarantino, le célèbre réalisateur de Pulp Fiction, qui selon les témoignages avait passé un excellent moment. Sorti il y a quelques jours à peine, on peut dire qu'on a pas été déçu. Tout d'abord, l'histoire de ce gangster chinois en quête de rédemption s'alliant à une jeune prostituée prête à tout pour retrouver sa liberté perdue, est vraiment passionnante. Simple, mais passionnante. Ensuite, parce que l'interprétation des acteurs est absolument fantastique, avec en tout premier lieu Hu Ge, qui brille par son charisme, et Kwai Lun-mei, bouleversante derrière sa fausse rudesse (ou sa fausse fragilité, on ne sait plus trop). Enfin, parce que Diao Yi'nan montre qu'il est un très grand réalisateur. Personne ne sait mieux que lui filmer la nuit, ses lumières, ses ombres, ses promesses rompues, ses débauches inexorables. Sa violence et sa poésie. Le réalisateur joue avec les lumières, conférant au film une beauté hallucinatoire, venant adoucir par ici, rendre plus âpre par là, la violence de la Chine contemporaine. Car c'est là le terrain de jeu du réalisateur dans cette formidable chasse à l'Homme (et oui, c'est une chasse à l'homme sanglante et sauvage, comme les oies du titre, à laquelle vous allez assister) : la Chine contemporaine, cette Chine aux milliers de visages. Une Chine qui voit se transformer sa police, sa criminalité, sa classe ouvrière. Une Chine qui voit naître de nouveaux réseaux de prostitution (qu'illustre parfaitement cette scène de fellation dans une barque alors que brille la pleine lune). On comprend pourquoi Tarantino a été autant séduit par le film de Diao Yi'nan. Car, même si Yi'nan filme magistralement et avec violence la Chine contemporaine, il n'est pas pour autant Jia Zhangke, le plus grand réalisateur chinois, à qui l'on doit de nombreux chefs d'oeuvre, dont A Touch of Sin ou Les Eternels. Non, le film de Diao Yi'nan est avant tout un grand film hollywoodien chinois. Insaisissable, donc. Plusieurs caractéristiques du film rappelle le cinéma de Tarantino, d'ailleurs, dont cette structure temporelle éclatée (le film est composé de plusieurs longs flashback), et cette violence très visuelle qui peut éclater n'importe quand (un motard se faisant trancher la tête, un mec qui se fait tuer transpercé par un parapluie). Allez voir ce film, bourré de scènes déjà cultes, comme cette descente de police hallucinée dans un zoo.
8 - Les Invisibles - Louis-Julien Petit
Comment ? Un film français dans notre sélection ? Avec des SDF dans les rôles principaux ? Et oui ! Même s'il s'agit d'un film d'auteur, Les Invisibles mérite amplement sa place dans notre sélection. A la fois drôle et émouvant, avec une interprétation toujours impeccable (de la part des acteurs professionnels comme des acteurs amateurs), ce film est un jalon essentiel du cinéma français. Car avec Les Invisibles, qui raconte l'histoire de travailleuses sociales de L'Envol, centre d'accueil de jour pour femmes sans-abri, qui se lancent dans la désobéissance civile pour sauver leur centre social, le réalisateur Louis-Julien Petit montre que le cinéma français ne peut se résumer aux comédies avec Christian Clavier, et être un film social aussi grinçant que du Chabrol (ou du Bong Joon-ho) et aussi émouvant que du Ken Loach. Un film d'utilité publique !
9 - La Favorite - Yorgos Lanthimos
Après ses excellents The Lobster et Mise à mort du cerf sacré, on attendait avec impatience le nouveau film du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. Et nous n'avons pas été déçu avec La Favorite. Ce huis-clos raconte la rivalité entre Lady Sarah (géniale Rachel Weisz), favorite de la Reine Anne (magistrale Olivia Colman), et Abigail (prodigieuse Emma Stone), nouvelle servante arrivée à la cour, et dont l'ambition ne rivalise qu'avec son charme insolent. Souvent cru, toujours raffiné, La Favorite brille par l'interprétation de son trio d'actrices, lancée dans un jeu de pouvoir (politique et de séduction) qui ne les laissera pas indemnes. On apprécie la réalisation de Lanthimos, avec ses plans-larges et son utilisation du fisheye. Les cadres sont magnifiquement posés, et les musiques de chambre utilisée participe à cette atmosphère à la fois surannée et perverse. Un film à voir absolument !
10 - Avengers : Endgame - Anthony et Joe Russo
Ne pas mettre Avengers : Endgame dans notre sélection aurait été scandaleux, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce qu'il s'agit du plus grand succès au box-office de tous les temps, et que ce seul fait, loin de justifier à lui seul sa présence dans notre sélection, en révèle toutefois l'importance. Car Avengers : Endgame reflète une vision du cinéma hollywoodien, le cinéma Hollywoodien des années 2010, qui connut sa forme paroxystique avec ce film. Ensuite parce malgré ses nombreux défauts, on a pas boudé notre plaisir : on adoré Avengers : Engame, qui a réalisé tous nos fantasmes de fans de comics en général et de Marvel en particulier. Enfin, parce que nous saluons le fait que ce film arrive à conclure un arc narratif vieux de dix ans et de vingt-deux films, faisant du Marvel Cinematic Universe l'une des plus grandes sagas de l'Histoire du cinéma. Alors oui, c'est parfois cousu de fil blanc ; oui, certains personnages ne sont pas à la hauteur de nos attentes (Thor, Captain Marvel, Hulk) ; oui, c'est parfois pas très logique ; et oui, certains (rares) plans sont ridicules (l'équipe des super-héroïnes qui sent à donf la case féministe cochée juste pour redorer l'image de Disney). Mais à part ces défauts, quel immense plaisir ! Le nombre de scènes cultes du film se comptent par dizaine, et en tant que fans de Marvel, nous sommes repus. Que demander de plus ? Alors certains hurleront au scandale, parce que le plus gros succès de tous les temps n'est pas en haut du classement. Mais en vérité, Avengers : Endgame est absolument inclassable. La place qu'il occupe dans ce classement n'a aucune valeur. Car son plus grand mérite est d'exister.
11 - Us - Jordan Peele
Avec Get Out, film d'horreur sardonique autopsiant une Amérique encore trop gangrenée par la question raciale, Jordan Peele s'était révélé en un film comme une figure essentielle, primordiale, du cinéma d'horreur. Mieux : il devenait avec ce brûlot politique passionnant le véritable maître du cinéma d'horreur pour intellos. Il revient donc en 2019 avec un nouveau film d'horreur, un nouveau cauchemar américain. En racontant les affres d'une famille d'afro-américaine attaquée par des doubles d'eux-mêmes, Jordan Peele ausculte nos névroses personnelles. Si Get Out était tourné vers le politique, Us est tourné vers l'intime. Au fond, les deux films sont comme les deux faces d'une même pièce. Absolument brillant du point de vue de la mise en scène et des interprétations (incroyable Lupita Nyong'o (Black Panther, 12 Years a Slave), malheureusement beaucoup trop rare au cinéma !), Us est un film ultra-stylisé, bourré de bonnes idées. Par certains aspects, Us ressemble à un épisode de deux heures de La Quatrième Dimension, dont Jordan Peele a scénarisé et produit un reboot pour CBS. Et c'est peut-être un des aspects qui nous plait le plus dans ce Us. Le fait que ce soit un film ultra-référencé, une sorte de catalogue des inspirations horrifiques de Jordan Peele. D'ailleurs, à ce propos, nous avons hâte de découvrir son adaptation pour HBO de Lovecraft Country, l'adaptation du roman culte de Matt Ruff.
12 - Hors normes - Olivier Nakache et Eric Toledano
Et encore un film français dans notre sélection... Oui, mais. Mais le nouveau film de Toledano et Nakache, malgré ses défauts certains, est un vrai plaisir de cinéma. Déjà pour son sujet, difficile. Les efforts incroyables de Bruno (Vincent Cassel) et Malik (Reda Kateb), responsables de L'Escale et La Voix des Justes, deux associations visant à aider des enfants et des adolescents autistes. Ensuite, pour le jeu formidable de ses acteurs principaux d'une part (Vincent Cassel n'avait pas été aussi bon dans un film depuis Les Promesses de l'Ombre de David Cronenberg), et pour les acteurs amateurs souffrant d'autisme d'autre part. Le jeu des acteurs, professionnels et amateurs, sonne toujours juste. Enfin, parce qu'avec ce film courageux, qui tente de montrer sans fards une réalité grave, celle du vide de l'Etat dans la question autistique, qui délègue (presque) tout à des associations, tout en leur mettant des bâtons dans les roues, les réalisateurs d'Intouchable livre un film politique coup-de-poing, qui n'est pas sans rappeler, pour son parti artistique, le film Les Invisibles (aussi dans le classement). On rit autant qu'on pleure, et rien que pour cela, ce film mérite d'être vu. On est persuadé que d'autres films auraient mérité leur place dans ce classement, mais ne serait-ce que pour ces trois raisons que nous avons évoquées, ce film mérite d'être connu.
13 - A couteaux tirés - Rian Johnson
Après l'échec cuisant au niveau du public des Derniers Jedi, on craignait de ne plus voir Rian Johnson tenter quoique ce soit. Car, malgré le profond désamour qu'a suscité le huitième opus de la saga Star Wars parmi la communauté des fans de la célèbre saga créée par George Lucas, nous savons quel formidable réalisateur est Rian Johnson. Car aussi contestable puisse-t-elle paraître aux yeux de certains, la démarche de Johnson sur Les Derniers Jedi est en adéquation avec son approche artistique depuis le début de sa carrière. Déconstruire un genre. C'est ce qu'il avait merveilleusement fait avec Looper en 2012, et c'est ce qu'il a fait avec le huitième opus de la saga Star Wars. Avec A couteaux tirés, c'est au genre policier, et plus particulièrement au très codifié genre du whodunit, que Rian Johnson s'attaque. Un genre malheureusement trop rare au cinéma, mais qui a donné quelques chefs d'oeuvre, de Mort sur le Nil de John Guillermin au Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud, en passant par Le Mystère de la Chambre Jaune de Bruno Podalydès au western sauce Agatha Christie Les Huit Salopards de Quentin Tarantino. Un célèbre écrivain de livres policiers est retrouvé mort dans sa chambre, alors que tous les membres de sa gigantesque famille sont présents. Qui l'a tué ? Tous ont une raison de le faire, souvent la même d'ailleurs (l'argent). Benoit Blanc, détective privé, a été engagé par un mystérieux anonyme, afin d'enquêter sur le meurtre du patriarche. Servi par un casting multi-étoilé (Daniel Craig, Chris Evans, Michael Shannon, Ana De Armas, Don Johnson) et une mise en scène ultra-léchée, A couteaux tirés brille surtout par son irrévérence absolue. Johnson est génial quand il tord les codes du genre, dans ce film aux résonances politiques plus qu'évidentes. Car c'est là toute la magie de ce grand film : prendre le genre le plus cosy qui soit pour en faire un film ultra-enragé.
14 - The Lighthouse - Robert Eggers
Souvent présenté comme un film d'horreur par la presse et les services marketing, le deuxième film du réalisateur de l'excellent The Witch n'en est pas vraiment un... Lui-même préfère considéré son film comme étant un film de post-horreur. Ici, pas de jump scare, pas de gore. On ne va pas voir un film de Robert Eggers comme on voit un film du genre Conjuring ou Anabelle. The Lighthouse, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, est un véritable OVNI. Racontant le destin de deux gardiens de phare, un loup de mer (magistralement interprété par Willem Dafoe) et un jeune novice (Robert Pattinson), devenant fous, The Lighthouse est un film extrêmement expérimental. De par sa forme déjà. Voulant rendre hommage au cinéma expressionniste allemand et au cinéma d'Andreï Tarkovski, Robert Eggers est allé jusqu'à utiliser du matériel vieux des années 1940. Avec son merveilleux noir et blanc permettant un travail sur les textures en parfaite adéquation avec l'esprit de son propos, et son format 1:1 (le format carré utilisé avant l'invention du Cinémascope, et réutilisé depuis par Xavier Dolan dans son chef d'oeuvre Mommy), The Lighthouse touche au sublime, et nous enferme dans la prison mentale de ses personnages principaux. Le film surprend aussi par l'interprétation magistrale de ses deux acteurs, rivalisant de génie dans leur jeu. Car oui, ce n'est un secret pour aucun cinéphile, mais Robert Pattinson a fait du chemin depuis le désastre Twilight, tournant dans des films toujours plus exigeants, du huis-clos Cosmopolis de David Cronenberg au road-trip halluciné The Rover de David Michôd. Enfin, saluons le génie de la réalisation. D'emblée, en quelques plans, Robert Eggers parvient à montrer efficacement la profondeur de l'antagonisme des deux gardiens de phare. Au début du film, on les voit avancer vers le Phare, chacun portant leur bagage trop lourd pour eux, tandis que les deux gardiens qu'ils sont venus relever s'entraident pour porter les-leurs. The Lighthouse, c'est ça : un film de post-horreur très évocateur, ultra-allégorique, aux multiples niveaux de lecture (psychologique, mythologique, politique).
15 - Les Misérables - Ladj Ly
Une vraie claque que ce premier long-métrage pour le cinéma de Ladj Ly, révélé par le collectif ô combien salutaire Kourtrajmé. On ne rentrera pas dans les polémiques qui ont explosé ces dernières semaines, pour nous concentrer uniquement sur le film. Racontant une journée dans la vie de trois policiers de banlieue, magistralement interprétés, le film a souvent été comparé à La Haine de Matthieu Kassovitz, le film culte de 1995. On comprend l'analogie, devenue obligatoire dès lors où sort un film coup-de-poing sur les banlieues françaises. Cependant, par bien des aspects, ce film magnifique, couronné du Prix du Jury à Cannes en mai dernier, se différencie de son aîné par sa mise en scène. Ladj Ly a souvent réalisé des documentaires, et filme donc souvent en caméra-épaule. Si le film peut paraître extraordinaire dans sa mise en scène, c'est avant tout pour son côté ultra-frontal. On est plongé dans l'action, dans l'urgence, le rythme des mouvements de caméra épousant parfaitement le rythme des protagonistes. Les Misérables est un film aussi essentiel que difficile. Un film qu'il faut donc aller voir de toute urgence.
Gilles de Tours
La bise ;)
un des pires films jamais vu niveau scénario .... On pourrait quasiment laisser tout le film de côté et se focaliser sur les derniers 15min du film tellement il y en a pas.
Ultra déçu de ce film
on peut oublier le coté "divertissement".
Ce genre de film où t'es deg d'avoir payer le ciné...
comme quoi la qualité aujourdhui n'est plus nécessaire pour faire partie des meilleurs