Attention aux arachnophobes, des objets sont désormais créés à partir de cadavres d'araignées (vidéo)
Si vous avez horreur des araignées, alors vous risquez d'haïr ces chercheurs qui ont eu la drôle d'idée d'utiliser le cadavre de ces pauvres arachnides pour en faire des objets qui pourraient marquer une véritable avancée dans le monde de la robotique.
Une idée surprenante...
Dans l'imaginaire collectif, les plus grands génies de notre Histoire ont toujours eu tendance à être dans un monde quelque peu à part, voire d'être parfois complètement fous : tout le monde connaît cette caricature du scientifique psychopathe aux cheveux dressés sur la tête et multipliant les inventions toutes plus folles les unes que les autres. Eh bien c'est probablement comme ça que tous les arachnophobes vont imaginer l'équipe de chercheurs américains de la Rice University à l'origine d'une drôle d'invention.
Celle-ci a en effet eu l'étrange idée d'utiliser le cadavre d'une araignée-loup afin de créer... une pince. Si cette espèce d'araignées ne tisse généralement pas de toile et qu'elle n'est pas dangereuse pour l'être humain bien que sa morsure soit douloureuse, elle est est en revanche redoutable puisqu'elle peut s'attaquer à des proie de la taille de petits oiseaux. Mais là n'est pas la question.
Non, la question est plutôt de savoir quel intérêt a-t-on a conserver les cadavres d'araignées pour en faire des pinces ? Et la réponse n'est pas évidente à première vue, puisque ces pinces ne peuvent supporter des poids importants, elle ne sont pas très durables et ne sont donc finalement pas très pratiques à l'usage. Mais c'est ailleurs que se situe leur intérêt.
... mais pas dénuée d'intérêt
Pour comprendre l'objectif visé par les chercheurs de la Rice University de Houston, au Texas, il faut d'abord savoir que la robotique molle, également appelée robotique souple, suscite un intérêt croissant depuis le début du XXIe siècle. Pour faire simple, il s'agit d'une branche de la robotique qui traite des "robots mous", fabriqués à partir de matériaux élastiques et/ou déformables tels que le silicone, ou encore le caoutchouc, se traduisant notamment par des coûts bien moins élevés que dans la robotique traditionnelle.
Utiliser des "robots-araignées" et autres "necrobotics" (contraction de de "nécro" pour désigner la mort et de "robotic", qu'on évitera de traduire) permettrait de manipuler de très petits objets avec une très grande délicatesse, ce qui pourrait s'avérer très utile lorsque des opérations extrêmement précises sont requises. Et tout cela se ferait en ayant la conscience tranquille, puisqu'utiliser des cadavres de petites bêtes a au moins le mérite d'être particulièrement écologique (bien plus en tout cas que de fabriquer de véritables robots).
La particularité des araignées qui fait la différence
Mais pourquoi les scientifiques ont-ils décidé d'utiliser une araignée plutôt qu'une autre bête pour leur expérience ? D'abord, parce que celles-ci sont généralement connues pour avoir de longues - et nombreuses - pattes. Pour créer une pince, c'est toujours mieux. Mais ce sont surtout les caractéristiques de leur anatomie qui suscitent l'intérêt.
Il se trouve en effet que le corps des arachnides ne fonctionne pas comme le notre : là où nous devons utiliser nos muscles pour utiliser nos membres, les araignées contrôlent ceux-ci indirectement en stimulant la partie antérieure de leur corps appelée céphalothorax, leur permettant d’étendre ou de rétracter leurs pattes à la manière d'un mécanisme parfaitement rôdé. Or, il se trouve que le céphalothorax est toujours sensible après la mort, si bien qu'il suffit aux chercheurs d'implanter une petite aiguille à ce niveau-là afin de faire réagir les membres de l'araignée (voir la vidéo ci-dessus). Reste à voir si ce concept parviendra véritablement à se démocratiser dans les mois et années à venir.