Elon Musk : après avoir suspendu la vente de Twitter, le milliardaire élabore ce plan "machiavélique"
L'affaire de rachat de Twitter par l'excentrique milliardaire Elon Musk est pleine de rebondissements. Après avoir annoncé la suspension de la vente en raison de doutes sur le nombre de faux comptes présents sur le réseau social, Musk semble avoir élaboré un plan, dans un but très précis : celui d’acquérir Twitter bien moins cher. Explications.
Les fameux 5 %
À quoi joue Elon Musk avec Twitter ? Le milliardaire manie le tweet comme une arme. Après avoir annoncé son rachat pour 44 milliards de dollars, il a fait deux pas en arrière sur les réseaux. Le premier pour annoncer que la vente était "en suspens", en raison de doutes sur le nombre de faux comptes présents sur le réseau social. Le second, plus alarmant, stipulant que la transaction pourrait être avortée s'il n'y avait pas de garanties depuis.
Pour rappel, le patron de Tesla ou encore Space X a appuyé sur le bouton pause, afin de vérifier que les faux comptes représentaient bien moins de 5 % des 229 millions d'utilisateurs actifs sur le réseau social. Un chiffre en réalité bien inférieur selon le New York Times. Twitter en personne a écrit avoir " appliqué un jugement important " pour fixer à 5 % la quantité de faux comptes présents sur sa plateforme, et annonce que leur "nombre réel pourrait être plus élevé que son estimation".
Les tweets du géant de la tech ont, en tout cas, de leur côté, provoqué un séisme boursier, puisque le cours de l'action Twitter a plongé. Le titre s'échangeait lundi à 37,4 dollars, loin des 54,2 dollars l'action qu'Elon Musk proposait dans son offre de rachat. Mais en réalité, toute cette histoire pourrait en réalité être un subterfuge mené par le milliardaire afin acquérir le réseau social moins cher. Comment ?
Une manœuvre habile
En effet, 2 points précis sèment le doute quant à la manœuvre du milliardaire. Tout d'abord, Variety remarque que les 5 % de faux comptes étaient déjà inscrits sur les documents déposés par Twitter auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission) depuis l'entrée en Bourse de l'entreprise, il y a neuf ans de cela. Ainsi, Musk aurait dû en avoir connaissance préalablement, et demander une vérification avant d'émettre son offre d'achat.
De plus, sa méthode de vérification demandée se base sur un échantillon de seulement 100 comptes pris au hasard, étrange.
Mais en réalité, cette manœuvre consisterait, premièrement, à faire capoter la vente, puis à prouver que le nombre d'utilisateurs "monétisables" réel est inférieur à celui communiqué officiellement par Twitter. Ainsi, le magnat de la tech pourrait payer moins cher que les 43 milliards de dollars initiaux pour acquérir le réseau social.
De son côté, " Wall Street va maintenant estimer que la transaction est sur le point de tomber à l'eau, ou que c'est une tentative de Musk de négocier un prix d'achat plus bas ", annonce l'analyste de la société d'investissement Wedbush Securities.
Le montage en 3 points
Au sommet de cette manœuvre, Musk a élaboré tout un montage financier avantageux pour lui afin d'obtenir la vente. En effet, le milliardaire s'est basé sur des emprunts classiques auprès de banques et d'investisseurs, sur des prêts gagés sur des actions Tesla, mais aussi sur la vente directe d'actions Tesla pour une somme pouvant atteindre 21 milliards de dollars.
Un montage créé de toute pièce pour le patron de Tesla et SpaceX par ses banques partenaires créerait pour Twitter une dette dont l'entreprise aurait toutes les difficultés du monde à s'extraire.
C'est simplement une mauvaise structure de capital pour s'attaquer à un business comme Twitter, qui n'a jamais vraiment prouvé qu'il pouvait être profitable, explique ainsi John McClain, manager de portefeuille pour Brandywine Global Investment Management. C'est une entreprise cotée depuis un certain temps, et elle semble n'avoir jamais réellement trouvé comment monétiser son audience.".
Une affaire parti pour durer ?
Néanmoins, tout n'est pas aussi simple. Et Musk prend certains risques dans l'élaboration de ce montage. En effet, l'accord conclu entre lui et Twitter prévoit des frais de rupture d'un milliard de dollars en cas de retrait. De plus, le contrat comporte une "clause d'exécution spécifique" qui impliquerait que le milliardaire soit obligé d'aller au bout de son engagement si son plan de financement restait viable, précise le New York Times.
Voici donc une affaire qui semble partie pour durer un certain temps. On s'attend à de nouveaux rebondissements, ainsi que de nouveaux tweets du milliardaire pour tenter de faire pencher la balance en sa faveur. Affaire à suivre de très près. Moins subtil, ce récent émoji crotte adressé au patron actuel de Twitter.
Mais, pour être honnête, c'est pas une mauvaise chose qu'il se dégonfle : voir un réseau social aussi gros devenir une poubelle à l'idéologie d'extrême-droite sous couvert de "liberté d'expression", ça aurait quand même été un sacré problème (le petit Elon s'est récemment déclaré comme soutien au parti Républicain américain et que Twitter avait un "biais d'extrême-gauche"...). Y a déjà FB pour ça :p
Et de mon côté, si j'y réfléchis un peu plus, je me dis qu'il est pas bien malin tout de même.
1) D'une part, il y a les frais de perte de l'affaire qui seront dus d'une part, mais ces frais sont surtout dus dans le cas d'une rupture en rapport avec un motif externe (une loi ou un jugement contraire). Par rapport à ce qu'il fait, cela risque de se finir au tribunal avec des dommages et intérêts supplémentaires à payer puisque c'est comme si il venait de se rendre compte de choses qui auraient dû être vérifiées par avant
2) Il a déjà brisé un secret industriel par rapport au panel des comptes de test. Cela risque un deuxième procès.
3) Ses actions peuvent s'apparenter à de la manipulation de cours de bourse. Autrement la SEC (qui lui est déjà rentré dedans) risque de revenir enquêter et possiblement de lui infliger une nouvelle amende avec peut-être d'autres mesures de rétorsion (Interdiction de s'exprimer publiquement, interdiction de gérer une entreprise, interdiction d'acheter Twitter, dommages et intérêts pour perte de valeur, ...)
Tout ça pour dire que je ne sais pas ce qu'il peut se passer, mais clairement ça ne sent pas bon.
A sa place, j'aurais plutôt continué à gérer mes business et fait avancer les choses, plutôt que de me retrouver attaqué à gauche et à droite.