L'édition 2022 du festival français de metal le plus réputé, le Hellfest, a pris fin ce dimanche 26 juin. Ce que vous ne saviez peut-être pas, c'est que cette année, le public a été observé de près dans le cadre d'une étude scientifique !
Hellfest 2022 : un festival de metal observé de près
"Pogos", "crowdsurfing", "walls of death", "circle pits" : si vous êtes un habitué des performances lives et plus particulièrement un fan de metal, vous connaissez forcément ces termes. Se foncer les uns dans les autres, se laisser porter par la foule, créer un grand espace vide dans lequel s'enfoncent ensuite les plus téméraires... Ces mouvements de foules sont une simple formalité pour les plus aguerris, mais ils en effraient beaucoup d'autres.
A la différence des concerts classiques, les festivals obligent le public à se rendre en fosse. Mais là où certains trouvent leur bonheur dans le mouvement - parfois violent - perpétuel, d'autres aimeraient assister plus calmement aux concerts. Pire, de nombreuses personnes ne supportent pas tant d'agitation et peuvent être victimes de malaises, d'asphyxie ou d'autres accidents. C'est pourquoi des scientifiques de l'Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) de Rennes se sont penchés sur l'étude des mouvements de foules durant cette édition 2022 du Hellfest, cette année étalée sur deux week-end.
Leur but ? Comprendre ces mouvements de foules et donc tenter de prévenir les accidents. Mais dans les faits, comment étudier un tel phénomène ?
Le Hellfest, un lieu d'étude idéal
Depuis deux ans, Julien Pettré, chercheur à l'Inria, dirige un programme européen baptisé CrowdDNA ("ADN de la foule"). C'est dans ce cadre que lui et son équipe ont décidé de se rendre au Hellfest, sachant "qu'il y a des danses liées à la musique écoutée où des interactions physiques vont se produire entre individus", soit des mouvements de foules particulièrement intéressants dans le cadre de leur étude. Mais comment mène-t-on une telle étude ? D'abord, une équipe a assisté à distance au festival tous les jours et a eu accès à l'intégralité des images filmées par les caméras de la "Warzone", l'une des six scènes du Hellfest. De cette manière, les chercheurs peuvent tenter d'étudier en détails les signes précurseurs de tel ou tel mouvement de foule.
Mais puisque rien ne vaut le travail de terrain, chaque jour, des volontaires ont dû prendre leur courage à deux mains et - littéralement - se lancer dans la mêlée. Ainsi, ils se sont équipés de tenues recouvertes de capteurs (repérable par leurs collègues grâce à une casquette caractéristique) et se sont joints à la foule. Ces capteurs permettent d'étudier les mouvements de leurs porteurs mais également ceux alentours, c'est pourquoi leurs porteurs tentent "de faire de tout". Certains se lancent dans les mouvements bien connus tels que les circle pits (laisser un espace circulaire vide) ou encore les walls of death "murs de la mort", dans lequel le public est séparé en deux avec une grande allée vide au milieu et aboutissant toujours au même résultat : des centaines - voire - milliers - de fans en furie qui se foncent les uns sur les autres. D'autres, moins téméraires, se contentent par exemple de tenter de remonter la foule comme pour quitter le concert.
S'il faudra attendre de plus amples études pour connaître les résultats des recherches effectuées durant le Hellfest, une conclusion a d'ores et déjà été tirée, comme l'indique le jeune chercheur de 25 ans Thomas Chatagnon : les mouvements évoqués sont "assez contrôlés et seules les personnes qui se sentent d'y aller y vont. Les incidents arrivent quand les personnes n'ont pas décidé d'être là". Autrement dit, les risques sont d'autant plus grands quand les mouvements de foules sont totalement improvisés et que certaines personnes perdent l'équilibre : c'est là que les risques de s'asphyxier ou encore d'être piétiné sont les plus importants. Reste maintenant à voir si les chercheurs parviennent à prévenir ce genre d'accidents et surtout à mettre en place des systèmes permettant de les limiter.
Par Gabbro, il y a 1 an :
Essayer de trouver des solutions pour réduire le nombre d'accidents, je trouve ça très bien ! En revanche, c'est aussi aux gens e connaître leurs limites et d'agir en conséquence, par exemple en se mettant plus loin de la scène, là où il y a moins de mouvement.
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