Le Japon est un pays magnifique à la culture millénaire. Cet archipel, îlot d'Histoire à part entière est une destination de rêve pour beaucoup. Seulement, en quelques années, le Japon a dû faire face à une augmentation massive de son nombre de touristes étrangers. Une croissance qui a été synonyme de problèmes.
un boom touristique
Archipel situé dans l'océan Pacifique nord, le Japon n'a pas toujours été une destination prisée par les vacanciers du monde entier. Et pour cause, les coûts de transport sont élevés et le climat d'après-Guerre soulève la curiosité, mais pas forcément l'envie. En 1970, 850 000 visiteurs étrangers environ ont choisi de s'attarder dans le Pays du Soleil Levant. 30 ans plus tard, ce nombre a crû : un peu moins de 5 millions de visiteurs étrangers ont été recensés. Une augmentation qui s'explique par la baisse globale des prix et la floraison des agences de voyage, notamment. Toutefois, ces dernières années, la croissance a été exponentielle : en 2018, 31 millions de touristes étrangers ont foulé les terres nippones révèle Nippon.com. C'est 8,7% de plus que l'année précédente.
En seulement 10 ans, le Japon a enregistré une augmentation de 23 millions de voyageurs étrangers. Parmi eux, plus de la moitié sont originaires du continent chinois et de Corée du Sud. S'en suivent Taïwan, Hong-Kong et les Etats-Unis. Les Français ne représentent qu'1% des touristes de ce début d'année. Mais évidemment, les touristes ne viennent pas les mains vides et dépensent leurs deniers : 40,1 milliards de dollars en 2018 rapporte Nikkei. C'est quatre fois la somme dépensée en 2012.
Cette augmentation drastique du tourisme dans l'archipel a toutefois un coût. A mi-chemin entre modernité et tradition, le Japon ne s'est ouvert que récemment au reste du monde. Ainsi, coutumes et traditions ont conservé une place importante au sein de la société nippone, même si cette dernière ne cesse d'évoluer à mesure qu'elle assimile celles des autres pays, et notamment celles des pays occidentaux. Le mode de vie des Japonais, de même que leur éducation, est bien différent de celui retrouvé dans le reste du monde. Cette augmentation du nombre de touristes étrangers a perpétré un choc des cultures qui s'est soldé par un non-respect du mode de vie et des traditions japonaises par les vacanciers.
"C'est une question de préférence, est-ce que l'on choisit l'argent ou la culture." questionne Beat Takeshi aka Takeshi Kitano, alors animateur d'une émission sur l'explosion du tourisme et ses conséquences néfastes. Il évoque le fait que, si le Japon autorise un grand nombre de visiteurs à fouler ses terres, la culture du pays se dégradera. "Je me dis que, ne serait-ce pas correct si les Japonais étaient pauvres ?". Mais pauvre, le Japon ne l'est pas. 3ème économie mondial avec un PIB de 5 176 milliards de dollars en 2018, l'archipel nippone assurait un PIB par habitant de 38 428 dollars en 2017 (contre 38 476 dollars pour la France la même année).
Des conséquences néfastes
Malgré tout, des changements sont visibles un peu partout à travers le pays. Des changements dus à la présence et l'affluence de touristes étrangers. Au Nishiki Market, un marché de poissons de Kyoto vieux de plus d'un millénaire dans lequel les locaux viennent s'approvisionner en poisson frais, la clientèle a évolué. Katsumi Utsu, directeur du marché, a assuré que le marché était devenu "une foule de spectateurs plutôt qu'une scène vivante de commerçants locaux". 80% des clients seraient désormais des touristes, une évolution tirant vers le bas les chiffres d'affaires des commerçants, les touristes préférant les petits achats aux grosses emplettes. Les locaux préfèrent alors se tourner vers d'autres alternatives plutôt que de devoir se frayer un chemin dans cette pléiade de touristes étrangers.
Et puisque le gouvernement se situe davantage du côté des touristes et de l'argent qui rentre avec l'idée de l'omotenashi (l'hospitalité poussée à son paroxysme), plutôt que des locaux, certains Japonais ont décidé de prendre les choses en main. A Kyoto, par exemple, un comité de préservation des paysages a été mis sur pied. Comme son nom l'indique, il vise à préserver l'authenticité, la beauté et la propreté du district du Gion, en réprimandant les touristes dévêtus, malpolis ou malpropres. Certains groupes ont également été formés pour ramasser les déchets laissés derrière eux par les vacanciers.
Au nord des préfectures d'Okayama et de Hyōgo se situent les dunes de sable de Tottori. Cette formation géologique inhabituelle n'a pas échappé à l'empreinte de l'Homme, littéralement. Plusieurs touristes s'en sont donnés à cœur joie et ont écrit d'immenses messages en creusant dans les dunes. Des actes qui obligent alors la préfecture de Tottori à mobiliser une équipe pour nettoyer les dunes du passage de ces visiteurs irrespectueux.
12 janvier 2019
Les dunes de Tottori ne sont pas la seule merveille nippone à avoir dû affronter le passage de l'Homme. A Arashimaya, à l'ouest de Kyoto, se situe une immense forêt de bambous, dans laquelle se prélassent des singes. Célèbre pour ses splendides décors, ses chemins sinueux et sa vue sublime sur la rivière Katsura, Arashiyama a toutefois dû faire face à l'affluence de touristes. Et bien évidemment, dans le lot, certains n'ont pas hésité à dégrader les lieux. La dégradation la plus en vogue est la gravure sur bambou, aussi bien pour témoigner son amour à quelqu'un que pour y inscrire son prénom.
16 mai 2018
Même si ces lieux touristiques sont extrêmement prisés par les voyageurs étrangers, 46% des touristes prennent la direction de la capitale, quand près de 39% visitent la ville d'Osaka. Avec ses 31 millions de visiteurs étrangers l'année dernière, le Japon ne parvient tout de même pas à faire partie du top 10 des pays les plus visités. Un classement dominé par la France avec 86,9 millions de touristes étrangers en 2018. Mais alors que le Japon doit faire face à un boom touristique, l'Hexagone dénote une certaine stabilité depuis une décennie (76 millions en 2005, un peu moins de 80 millions en 2008, 76,8 millions en 2010).
En période de vacances, le Japon n'est pas plus frappé par le tourisme international que d'autres pays. Néanmoins, l'affluence de touristes y grimpe de plusieurs millions de nouvelles têtes chaque année et les locaux doivent encore s'habituer à cette apparition soudaine, ainsi qu'aux problèmes qui y sont liés. Et si Brian Ashcraft, auteur américain basé à Osaka et chroniqueur pour le site Kotaku, a un conseil à donner aux touristes qui comptent s'y rendre : "au Japon, faites comme les japonais".
Par Billy, il y a 5 ans :
En même temps, je veux pas dire mais les touristes chinois sont les touristes les plus dégueulasses que j'ai vu de ma vie... Aucun respect pour rien c'est aberrant...
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