Les 4 décisions scénaristiques les plus controversées du Seigneur des Anneaux

Difficile d'adapter l'énorme pavé que représente la trilogie Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Un pari énorme que s'est lancé la Warner mais réussi  par Peter Jackson en 2001. Le cinéaste néo-zélandais est parvenu à transposer cette oeuvre colossale de la fantasy en une trilogie à la mise en scène épique et ambitieuse. Inutile d'énumérer à nouveau les nombreuses qualités de chacun des trois opus, ils sont rentrés au panthéon de la pop culture et parmi les meilleures adaptations du genre. Pourtant, les fervents aficionados des ouvrages du romancier britannique ont dressé une liste d'incohérences, de décisions scénaristiques qui selon eux n'honoraient pas la matériel source. Plus de vingt ans après Le Retour du Roi, les fans s'écharpent toujours sur les réseaux et autres fansites dédiés à l'héritage tolkienien sur les choix les plus discutables pris par Peter Jackson.

#4 Le triangle amoureux Aragorn-Arwen-Éowyn

Aragorn et Arwen se vouaient un amour inconditionnel bien avant les événements du Seigneur des Anneaux (nous l'avons détaillé ici). L'Elfe a décidé de renoncer à quitter la Terre du Milieu et par la même occasion son immortalité afin de rester auprès du mortel Aragorn. Le ressort romantique des livres. De son côté, le descendant d'Isildur et futur roi du Gondor espère bien monter sur le trône aux côtés de sa dulcinée, après qu'il aura honoré son serment d'aider Frodon. Et ce n'est pas Éowyn qui se mettra en travers de leurs grands projets de couple. Si la jeune dame du Rohan s'entiche d'Aragorn et de sa figure de un héros lorsqu'il débarque à Edoras, lui n'éprouve à aucun moment quelconque sentiment pour la jeune noble. 

Problème, Peter Jackson décide de modifier le récit de Tolkien en choisissant de créer une relation plus ambigüe entre les deux personnages dans Les Deux Tours. Arwen presque absente du film, le cinéaste décide d'insister à plusieurs reprises sur ce qui semble être un début de romance. Sourires gênés, regards troublés, plusieurs scènes d'échanges suggèrent que - si Eowyn s'est bien éprise d'Aragorn - ce dernier n'est pas insensible au charme de la nièce du roi Theoden. Il semble même parfois hésiter. Cette ambiguïté romantique n'est pas là par hasard. La saga étant pensée comme une oeuvre "grand public", l'idée du triangle amoureux est matérialisée pour créer une tension émotionnelle et filmer de rares scènes de romance au sein d'une trilogie centrée sur l'épique et où l'amour n'a que rarement sa place. Néanmoins, cela a un prix : la dualité Aragorn - Arwen s'en retrouve affectée.

#3 Le retrait de Glorfindel

Glorfindel est un Elfe Noldor ancien et très puissant qui apparut dans La Chute de Gondolin, le Silmarillon puis dans La Communauté de l'Anneau. Habitant à Fondcombe au Troisième Âge, il fait une apparition cruciale en sauvant Frodon des Nazguls à Amon Sûl. Grièvement blessé par la lame du Roi-Sorcier d'Angmar, le Hobbit est transporté en urgence par l'Elfe aux cheveux d'or vers Fondcombe. Mais alors que les Nazgûl rattrapent le groupe, il décide de prêter son cheval au jeune Hobbit afin qu'il poursuive sa route, pendant qu'il met le pied à terre pour ralentir les serviteurs de Sauron : grâce à une crue, qui emporte les cavaliers au loin. 

Dans le film, c'est bien Arwen qui repousse l'assaut des spectres. Elle rejoint Aragorn qui lui donne le soin de protéger le Hobbit. Ils sont rattrapés de la même manière, et la fille d'Elrond invoque une gigantesque crue (scène modifiée par rapport au livre) pour faire fuir les spectres. Pourquoi alors Peter Jackson a t-il décidé de supprimer Glorfindel de sa trilogie cinématographique (au grand dam des lecteurs) ? L'objectif était de donner davantage de temps d'écran à Arwen et de renforcer son lien avec la quête de l'anneau. Pour cela, le réalisateur a choisi de sacrifier Glorfindel qui n'apparaît que lors de cette seule et unique scène dans le livre. L'objectif était aussi d'éviter de surcharger le récit en personnages secondaires. 

#2 Le Nettoyage de la Comté oublié

Ceux qui ont vu la version longue du Retour de Roi savent ce qu'il advient de Saroumane après qu'il soit destitué d'Isengard par Gandalf, Theoden et son armée, Aragorn, Gimli et Legolas. Poignardé par son ancien agent infiltré Grima-Langue-de-serpent il chute du haut de la tour pour s'empaler sur une roue. Indiscutablement, sa mort raye toute l'intrigue du Nettoyage de la Comté. Pour rappel, dans la version littéraire, les Hobbits constatent avec effroi à leur retour que La Comté a été pillée, les arbres abattus remplacés par des usines, et qu'un régime de terreur s'est installé. Saroumane a fui Isengard et est allé s'exiler dans les terres des Hobbits pour la saccager - avec l'aide d'une armée de sauvages. Courageux, Frodon, Sam, Pippin et Merry organisent la résistance, jusqu'à ce que le Magicien corrompu, soit finalement (là aussi) poignardé par Grima.

#1 L'Armée des Morts abrège la bataille finale

Dans Le Retour du Roi de J.R.R. Tolkien, l'Armée des Morts honore son serment en allant se déverser tel un raz-de-marée sur celle des Corsaires, qui ont accosté sur les rives qui longent le Gondor. Une précieuse aide pour les Peuples Libres qui peuvent alors se concentrer sur la fosse que représente les Champs du Pellenor.

Sur le papier, la bataille des Champs du Pellenor promettait l'un des moments les plus épiques de toute la saga. Les troupes du Gondor et celles du Rohan rassemblées contre les Orques, les Orientaux et les Haradrim de Sauron. Des milliers de soldats en action dans un chaos total. Mais Peter Jackson en a décidé autrement. Dans le film, les Morts se ruent sur les forces du mal et les font tomber comme des mouches, à une vitesse inimaginable. Un deux ex Machina dans ce qu'il y a de plus pur : c'est à dire une solution miraculeuse surgissant pour dénouer une situation dramatique et insurmontable. Un raccourci un peu facile qui annihile le potentiel d'une ultime bataille.

De votre côté, n'hésitez pas à mentionner les passages choisis par Peter Jackson les plus controversés.