Cette compagnie ferroviaire se fait attaquer à cause d'un "Mesdames, Messieurs"

"Mesdames, messieurs, bienvenue à bord !" Cette formule anodine que l'on entend dans de nombreux transports en communs est sujette à débat au Royaume-Uni. Il y a quelques jours, l'annonce d'un conducteur de train a suscité une très forte polémique sur les réseaux sociaux. L'histoire est allée si loin qu'elle est même montée jusqu'aux hautes sphères du monde politique anglais. 

L'identité de genre au cœur de remises en question

Les questions liées à l'identité de genre prennent de plus en plus de place dans nos sociétés. Elles viennent remettre en question tout un tas de règles communément admises depuis des décennies, voire des siècles. Ainsi, les habitudes devenues des automatismes au fil du temps, sont aujourd'hui sujettes à débats... parfois de manière enflammée. 

C'est notamment le cas pour certains formulaires, les papiers d'identité, les lieux publics telles que les toilettes séparées... Mais il peut aussi s'agir de choses aussi anodines que les formules de politesse.

Une compagnie ferroviaire jugée non-inclusive

Dans cet ordre d'idées, une compagnie ferroviaire britannique du nom de LNER (pour London North Eastern Railway) a récemment été pointée du doigt en raison de ses annonces de voyage jugées discriminantes. La formule "Mesdames et messieurs, bienvenue à bord" a ainsi été l'objet de critiques.

Si cette formule peut paraître machinale, on reproche à celle-ci le fait de ne pas inclure les personnes non-binaires ou agenres. Il se trouve que la Grande-Bretagne est bien plus avancée que la France sur les questions de genre. Elle fait ainsi partie des pays ayant autorisé la possibilité de choisir le genre "neutre" sur les papiers d'identité. De plus, depuis 2017, le métro londonien a mis de côté les annonces apostrophant les usagers par leur genre.

Dans certaines entreprises anglaises, il convient d'utiliser des accords neutres pour s'adresser aux clients. Les apostrophes au public reposent donc sur des formules de politesse telles que "Bonjour tout le monde!". La compagnie Transports for London a également opté pour cette option, ce qui n'a pas été le cas dans le cas dans l'un des trains de LNER.

La société ferroviaire a donc été interpellée sur les réseaux sociaux par un usager non-binaire visiblement agacé, ce qui a suscité la polémique :

“Good afternoon ladies and gentlemen, boys and girls...” so as a non binary person this announcement doesn’t actually apply to me so I won’t listen @LNER

— laurence (@laurencec123) May 11, 2021

"Bonjour mesdames et messieurs, garçons et filles..." alors en tant que personne non-binaire, cette annonce ne s'applique pas donc je ne l'écouterai pas."

Face à cette réaction, la compagnie n'a pas tardé à s'excuser afin d'apporter son soutien aux personnes ayant pu se sentir offensées par la situation :

I'm really sorry to see this, Laurence, our Train Managers should not be using language like this, and I thank you for bringing it to my attention, Please could you let me know which service you are on and I will ensure they remain as inclusive as we strive to be at LNER.

— London North Eastern Railway (@LNER) May 11, 2021

"Je suis vraiment désolé de voir cela, Laurence. Notre chef de bord ne devrait pas utiliser un langage comme celui-ci et je vous remercie d'avoir porté ceci à mon attention. Pourriez-vous, s'il vous plait, me faire savoir quel service vous utilisez et je veillerai à ce qu'il demeurent aussi inclusifs que nous nous efforçons de m'être à la LNER."

Bien que très bien reçue par la plupart des gens, cette réponse a suscité la polémique au sein même du parlement britannique. Ainsi l'élu conservateur Mark Jenkinson a publiquement exprimé son désaccord avec la compagnie ferroviaire, estimant que ces excuses constituaient un non-sens complet.

En France, ce genre de remises en question n'est pas encore présent au sein des sociétés de service public. Cependant, cette question prend de plus en plus de place sur le devant de la scène, notamment grâce aux coming-out de personnalités telles que Demi Lovato ou encore  Elliot Page.