Des scientifiques découvrent les traces d'une forêt fossile en Antarctique datant du Crétacé supérieur
Il y a 90 millions d'années, la Terre se trouvait dans l'ère du Crétacé supérieur, une période considérée comme l'une des plus chaudes sur notre planète depuis 140 millions d'années. En effet, à cette époque, le niveau des eaux était 170 mètres plus haut que celui actuel et dans les tropiques, les températures se situaient au-delà des 30° en moyenne. Les scientifiques ont donc un bon aperçu des conditions qui régnaient dans ces régions mais ils ont pu découvrir de nouvelles informations importantes sur celles qui avaient cours dans les environs du pôle Sud.
Une forêt en Antarctique semblable à celles de Nouvelle-Zélande
En effet, dans une étude parue au début du mois d'avril dans la revue Nature, ces scientifiques ont pu découvrir qu'il y avait autrefois une forêt humide et verdoyante à seulement 900 kilomètres du pôle Sud. Une découverte réalisée après avoir scanné une carotte de sédiments forée à 30 mètres de profondeur en 2017. Après l'avoir analysée en raison de sa couleur différente des autres couches supérieures, ils ont pu constater qu'il s'agissait d'un sol fossilisé d'une forêt après avoir mis en évidence un impressionnant réseau dense de racines qui se propage dans toute la couche du sol sur quasiment trois mètres. En plus de ces racines, les chercheurs ont pu analyser les restes de pollen et des spores de diverses plantes.
Pour les paléontologues, pas de doute possible, il y a 90 millions d'années, sur la côte de l'Antarctique occidental, se trouvait une forêt tempérée, dense et marécageuse. Les auteurs de cette étude expliquent qu'elle ressemblait alors à celle que l'on peut trouver aujourd'hui en Nouvelle-Zélande.
Reconstitution de la flore, du climat et de la concentration du CO2
Après avoir reconstitué la flore de cette zone, ils se sont concentrés à modéliser le climat de l'époque en déterminant à l'aide des plantes fossilisées les températures qui pouvaient y régner. Ainsi, on découvre qu'autour de cette forêt, la température moyenne annuelle de l'air était de 12°C et pouvait grimper jusqu'à 19°C en été. Celle des eaux des rivières et des marécages se situait autour de 20°C. Concernant les pluies, le cycle était semblable à celui que connaît actuellement le Pays de Galles à savoir une zone très pluvieuse.
Enfin, avec leurs résultats extrapolés et en les comparant aux données d'aujourd'hui, les scientifiques se sont concentrés au taux de CO2 dans l'atmosphère à l'époque du Crétacé moyen. Pour se faire, ils ont émis l'hypothèse selon laquelle, la concentration globale de CO2 au Crétacé était de 1000 ppm. Cependant, avec les expériences de modélisations qu'ils ont réalisées, ils ont déterminé que pour obtenir la température moyenne à cette époque en Antarctique, les niveaux de concentration devaient être de 1120 à 1680 ppm, des concentrations importantes de gaz à effet de serre qui peut être expliqué par l'activité volcanique.
Les auteurs de cette étude estiment que leur découverte leur apporte de précieuses informations sur notre avenir. En effet, ils n'hésitent pas à mettre en relation le passé de la Terre aux problèmes climatiques que nous rencontrons : une augmentation de la concentration de CO2 est responsable de la fonte massive des glaciers et le risque est que nous assistions, comme au Crétacé, à une montée des océans.