Tales From The Loop, l'incroyable série SF d'Amazon Prime Video à ne pas manquer !
Sortie en toute discrétion le 3 avril 2020 sur Amazon Prime Video, Tales From The Loop est pourtant un chef d'oeuvre télévisuel à ne pas manquer. On vous dit tout !
De quoi ça parle ?
Tales From The Loop se déroule dans une petite bourgade enneigée de l'Ohio (Etats-Unis), dans les années 1980. Nombre de ses habitants travaillent pour le Loop, un étrange institut scientifique. Chaque épisode de cette mini-série qui en compte huit nous invite à découvrir le destin d'un habitant de cette petite bourgade, confronté à des événements extraordinaires.
Quand The Leftovers rencontre La Quatrième Dimension
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Tales From The Loop est une série de SF profondément originale. Loin des canons du genre, jamais la série ne table sur l'action, mais développe au contraire une intrigue pleine de mélancolie et de tendresse, telle qu'on en a rarement vu à la télévision. On est plus proche de The Leftovers (le chef d'oeuvre de Damon Lindelof) que de Westworld (le chef d'oeuvre de Jonathan Nolan et Lisa Joy). Si vous voulez voir des effusions de sang, Tales From The Loop n'est clairement pas fait pour vous. Il n'y a pas, à proprement parler, de grandes scènes d'action dans cette mini-série (hormis une confrontation entre robots dans le huitième et dernier épisode). Tales From The Loop est au contraire une série qui sait prendre son temps. Mais la magie opère dès les premières minutes du pilote, avec ces paysages enneigés qui ne sont pas sans rappeler ceux de Fargo (le film cultissime des frères Coen, adapté avec brio en série par Noah Hawley), et cette petite fille qui recherche sa maman qui s'est comme évaporée.
L'originalité de la série tient aussi à sa structure narrative. Nathaniel Halpern, qui signe ici sa première oeuvre en tant que showrunner (il avait auparavant travaillé, en tant que scénariste occasionnel, sur la série Legion de Noah Hawley), a fait un choix qui n'est pas sans rappeler la structure narrative de Lost, la mythique série de J.J. Abrams et Damon Lindelof. Chaque épisode se concentre sur un personnage, confronté à des événements qui le dépassent. Le spectateur prend plaisir à retrouver ici une adolescente énamourée vue dans l'épisode précédent, là un gardien de sécurité afro-américain aperçu deux épisodes plus tôt. Dès l'épisode 2, on comprend que Nathaniel Halpern, qui adapte en fait un art-book narratif du suédois Simon Stalenhag, est un grand fan de La Quatrième Dimension. Chacun des huit épisodes de Tales From The Loop pourrait d'ailleurs être des épisodes de la mythique série de SF : deux jeunes garçons changent de corps, une jeune fille découvre une machine pouvant arrêter le temps, un enfant découvrant une machine indiquant combien de temps il nous reste à vivre, un homme envoyé dans une autre dimension où il est confronté à une autre version de lui-même.
Une série magistralement orchestrée
La plus grande force de Tales From The Loop est incontestablement sa grande poésie. Chaque épisode est un prétexte pour explorer des questions aussi profondes que le deuil, le mal-être adolescent, notre rapport au temps. Mais les scénarios des épisodes, tous plus efficaces les uns que les autres (nous avons une légère préférence pour les épisodes 4, 7 et 8), sont sublimés par une réalisation toujours de haut niveau, une interprétation magistrale des acteurs, et une musique belle à se damner.
Chaque épisode a été confié à des réalisateurs de grand talent. Jugez donc : le premier a été réalisé par Mark Romanek, connu pour l'émouvant film de SF Never Let Me Go (d'après le roman éponyme du Prix Nobel de Littérature Kazuo Ishiguro) ; le quatrième épisode a été mis en scène par le génial Andrew Stanton, pilier du studio Pixar, à qui l'on doit notamment le scénario des quatre Toy Story, et la réalisation de 1001 Pattes, Le Monde de Némo, WALL-E et Le Monde de Dory. Incontestablement, un grand monsieur... Quant au dernier épisode, il est réalisé par nul autre que l'excellente actrice Jodi Foster (Le Silence des Agneaux), qui montre avec cet épisode qu'elle est aussi à l'aise devant que derrière la caméra.
Le casting est aussi époustouflant que la mise en scène. Pourtant, hormis Jonathan Pryce (Brazil, Pirates des Caraïbes, Game of Thrones, Taboo), pas d'acteurs et d'actrices de renom à l'horizon. Ce sera l'occasion de retrouver Ato Essandoh, découvert dans Blood Diamond et Django Unchained, avant d'avoir un rôle dans Vinyl (la série HBO développée par Terrence Winter et Martin Scorsese) et Altered Carbon. Quel plaisir aussi de voir Rebecca Hall, qu'on a découverte dans Le Prestige de Christopher Nolan, dans un rôle à la mesure de son talent. Mais la plus grande surprise reste le talent hors-normes des enfants, Abby Ryder Forston (Cassie, la fille d'Ant-Man, dans le Marvel Cinematic Universe) et Duncan Joiner.
Enfin, la musique a été signée par le légendaire compositeur Philip Glass, qui nous émerveille avec ses mélodies au piano fiévreuses et particulièrement évocatrices. Bref, on vous conseille très vivement de donner une chance à cette série, qui saura vous émouvoir aux larmes, le temps d'une rêverie pleine de neige immaculée et de robots grinçants.
Terriblement déçu par le dernier épisode ! Cette série manie le sublime comme le vide absolu. Certains épisodes vous touchent en plein cœur, d'autres sont d'une platitude du rien qui laisse songeur. Regardez là, faites , vous votre opinion !
D'abord le choix de la lumière, très travaillée, qui en bien des séquences évoque nos pays d'Europe du nord, et ajoute une confusion bienvenue dans la perception du lieu.
L'étrangeté est également accentuée par les marques de l'époque: voitures (Volvo, Peugeot...), motos, mobilier, architectures, appareils électriques, éclairage...etc. tous ces éléments choisis qui signent en partie l'époque et qui, dans le même temps, instillent une confusion, un trouble sur l'époque.
La beauté plastique de la forme cinématographique servie par le cadrage toujours magnifiquement travaillé, pleinement dans les plans fixes où on entre dans le cadrage photographique pur avant, encore une fois, un travail sur la couleur.
Il est enfin mal venu de critiquer le rythme car il est le dernier élément de cet équilibre formel totalement cohérent et somptueusement construit.
Un absolu inattendu au regard des productions actuelles.