Disney : ce classique du studio que détestait Walt Disney
Alors que le studio Disney souffle cette année ses 100 bougies, revenons ensemble sur l'une des plus grandes déceptions de Walt Disney : un classique d'animation que nous sommes pourtant nombreux à adorer.
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Une grosse déception pour Disney
En 1937, le producteur Walt Disney règne sur Hollywood. Après avoir connu de nombreux succès avec les Silly Symphonies, le studio qu'il a co-créé avec son frère vient de révolutionner à jamais le cinéma avec le premier long-métrage d'animation : Blanche-Neige et les Sept Nains. Couronné d'un Oscar, représenté par huit statuettes, dont sept petites, avec son "innovation indiscutable dans le domaine de la cinématographie ayant charmé des millions de spectateurs et ayant ouvert au cinéma de vastes perspectives", Walt Disney part à la conquête avec une série de films que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de "classiques d'animation".
S'ils n'ont pas de définition précise, les classiques d'animation sont actuellement au nombre de 61, de Blanche Neige et les Sept Nains (1937) à Avalonia, l'étrange voyage (2022). Parmi eux, de nombreux chefs d'oeuvre : Pinocchio, Fantasia, Dumbo, Bambi, Cendrillon, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats, Aladdin, Le Roi Lion, Le Bossu de Notre-Dâme ; des films ont cartonné au box-office (La Reine des Neiges), tandis que d'autres ont été des échecs cuisants (Taram et le Chaudron Magique). Mais un film a profondément déçu Walt Disney. Il s'agit d'Alice au Pays des Merveilles.
Sorti en 1951, Alice au Pays des Merveilles avait tout, sur le papier du moins, pour être une oeuvre majeure du studio. Tout d'abord, il s'agit d'une adaptation d'une oeuvre littéraire perçue comme à destination de la jeunesse. Ensuite, et surtout, Walt et Roy Disney connaissent bien Alice au Pays des Merveilles, qui leur a inspiré la série de courts-métrages Alice's Comedies, qui entre 1924 et 1927 mélangeait prises de vues réelles et animation.
Alice au Pays des Merveilles doit être un succès, d'autant plus que le studio ne se porte pas particulièrement bien. Le premier Âge d'Or de Disney, entre 1937 (Blanche-Neige et les Sept Nains) et 1942 (Bambi) est révolu, et les dernières productions du studio ne sont pas d'énormes succès. Alice au Pays des Merveilles doit absolument relancer la machine ! Malheureusement, le film est un échec à sa machine, et fait perdre un million de dollars au studio - Alice au Pays des Merveilles est presque "sauvé" par l'international, qui a accueilli le film avec plus de chaleur, réduisant ainsi ses pertes de deux millions à un million.
Du reste, Walt Disney et son frère Roy sentaient l'échec venir. Et pour cause : malgré des séances d'écriture particulièrement difficiles (l'auteur Aldous Huxley, connu notamment pour Le Meilleur des Mondes, aurait claqué la porte au cours de l'une d'entre elle), le studio ne serait pas parvenu à donner de la chaleur au personnage d'Alice. Selon les aveux de Disney, pour qui le film est "une énorme déception", "Alice est un personnage trop froid, ne dégageant pas la moindre chaleur". Pire : Alice parait presque comme antipathique dans certaines scènes du film.
Résultat, Alice au Pays des Merveilles n'a pas relancé le studio comme il devait le faire. C'est Cendrillon, produit en même temps et sorti l'année précédente (1950) qui s'en chargera, et Peter Pan (1953), le film suivant, qui confirmera la tendance. Toutefois, le studio Disney devra attendre 1989 et La Petite Sirène, bien après le décès de Walt Disney (mort en 1966) pour connaître son Deuxième Âge d'Or, qui selon les avis se termine en 1994 avec Le Roi Lion, ou en 1999 avec Fantasia 2000. Entre temps, durant les années 1960, Alice au Pays des Merveilles a été réévalué, notamment grâce à la contre-culture hippie qui en a fait l'un de ses étendards, à tel point qu'il est aujourd'hui considéré comme culte. Il sera d'ailleurs le premier film Disney à faire l'objet d'une adaptation live-action, par Tim Burton, à l'occasion du soixantième anniversaire du film.
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