Hayao Miyazaki, Hideo Kojima : 10 artistes japonais que le monde entier admire

Chez Hitek, nous sommes nombreux à adorer le Japon et sa culture. Alors nous avons décidé de nous lancer dans une sélection de dix artistes légendaires que nous admirons profondément. Attention toutefois : nous avons décidé de nous concentrer uniquement sur les artistes encore vivants à l'heure où nous écrivons ces lignes ; c'est pourquoi vous n'y trouverez pas le poète Kobayashi Issa, le peintre Hokusai, le cinéaste Akira Kurosawa, le mangaka Kentaro Miura, le metteur en scène Satoshi Kon, l'acteur Toshirō Mifune ou encore le réalisateur Isao Takahata. Nous avons aussi voulu parler de divers arts (littérature, cinéma, musique, manga). 

#1 Hayao Miyazaki (réalisateur)

Maître absolu du cinéma d'animation japonais, Hayao Miyazaki est considéré comme l'un des plus grands artistes du Japon contemporain. Après un début de carrière en tant qu'animateur, puis réalisateur de séries pour Toei aux côtés de son compagnon de route Isao Takahata, Hayao Miyazaki passe à la réalisation en 1979 avec Le Château de Cagliostro, une aventure du populaire Lupin III fortement inspirée par La Bergère et le Ramoneur, le brouillon du Roi et l'Oiseau de Paul Grimault et Jacques Prévert. Alors qu'il écrit et dessine le manga Nausicaä de la Vallée du Vent, il fait la rencontre de Toshio Suzuki, avec qui il fonde, en compagnie d'Isa Takahata, le studio Ghibli. 

Hayao Miyazaki est devenu le réalisateur de douze longs-métrages d'animation, tous unanimement salués par la critique et le publique. À la fois entrainants, profonds et poétiques, les films de Hayao Miyazaki connaissent un succès qui ne se dément jamais ! Premier réalisateur à recevoir l'Oscar du meilleur film d'animation avec Le Voyage de Chihiro, il est réputé pour ses talents de dessinateur et de conteur. Écologiste et féministe convaincu, ses films ont une portée universelle, et ont été de véritables fers de lance de l'animation japonaise en Occident. 

Après Le Vent se lève en 2013, il annonce prendre sa retraite, mais revient finalement aux affaires avec Le Garçon et le Héron, son deuxième film, sorti au Japon le 14 juillet 2023, dans le plus grands des secrets. Alors que le studio Ghibli a récemment dévoilé les premières images de ce projet considéré comme le plus personnel de son auteur, les fans du monde entier attendent avec impatience de le découvrir en salles. Pour l'heure, nous n'avons aucune date de sortie. 

#2 Haruki Murakami (écrivain)

Nommé chaque année parmi les favoris des bookmakers pour le Prix Nobel de Littérature, Haruki Murakami est l'auteur de quinze romans, traduits en une cinquantaine de langues et vendus en millions d'exemplaires. Au Japon, les fans de Haruki Murakami sont extrêmement nombreux, à tel point qu'à chaque fois qu'il sort un nouveau roman, on observe des queues interminables de clients impatients d'avoir leur exemplaire pour le dévorer. 

Écrivain japonais le plus lu au monde, Haruki Murakami est l'auteur de nombreux chefs d'oeuvre, dont La Ballade de l'impossible, Kafka sur le rivage, Chroniques de l'oiseau à ressort ou encore la trilogie 1Q84. Dans ses romans, il met souvent en scène des narrateurs mélancoliques, vivant un quotidien tout à fait banal, jusqu'au jour où le monde autour d'eux semble se dérégler et basculer dans l'onirisme. Chroniques de l'oiseau à ressort est un parfait exemple : un tokyoïte d'une trentaine d'années dont la femme disparaît du jour au lendemain reçoit la visite de personnages hauts en couleur, tous plus étranges les uns que les autres. 

Son oeuvre, à la fois mélancolique, poétique, onirique, et non dénuée d'un humour ravageur, a inspiré de nombreux cinéastes. On vous recommande vivement le visionnage du film sud-coréen Burning de Lee Chang-dong, inspiré de sa nouvelle Les Granges Brûlées, ou encore le film Drive My Car du réalisateur Ryūsuke Hamaguchi, inspiré de la nouvelle éponyme. Haruki Murakami a publié en avril dernier un nouveau roman, dont le titre japonais est Machi to sono futashika na kabe (en français, La Ville et ses murs incertains). Le roman sera publié en France chez Belfond en 2025. On a terriblement hâte !

#3 Shigeru Miyamoto (producteur de jeux vidéo)

Il est sans doute l'un des visages les plus connus de toute la Pop Culture japonaise. Sa bonhommie a accompagné toute la communication de Super Mario Bros., le film en 2023. Comptant parmi les personnages-clés de l'Histoire de Nintendo, Shigeru Miyamoto est le co-créateur de nombreux jeux vidéo légendaires : Super Mario, The Legend of Zelda, Donkey Kong ou encore Starfox. Un C.V. impressionnant, n'est-ce pas ? 

Shigeru Miyamoto a un sens du gameplay presque inné, et chacune de ses créations est devenue une référence qui a profondément bouleversé le monde du jeu vidéo. Si la licence The Legend of Zelda est aujourd'hui dirigée par son camarade Eiji Aonuma, elle garde jusque dans ses opus les plus récents le sens de l'aventure et de la découverte que Miyamoto-sama avait prodigué au premier jeu. 

Directeur créatif de Nintendo, Shigeru Miyamoto a également révélé en 2023 ses capacités de producteur de longs-métrages d'animation avec Super Mario Bros., le film, fruit de la collaboration entre le studio Illumination Entertainment et Nintendo. Il a d'ailleurs affirmé que d'autres films d'animation étaient envisagés, de quoi laisser rêver les fans de The Legend of Zelda. 

#4 Naoki Urasawa (mangaka)

Comptant parmi les mangaka les plus populaires au monde, Naoki Urasawa est le grand maître du thriller japonais. Admirant le pape du manga Osamu Tezuka depuis l'enfance, il ne cesse de perfectionner son art. Dès sa seconde série, Yawara! (un admirable manga sur le judo, actuellement en cours de republication chez Kana), il rencontre un vif succès, qui ne se démentira jamais. 

D'une force de travail exceptionnelle, dessinateur talentueux et scénariste génial, Naoki Urasawa a été en mesure de mener de front deux manga en même temps pendant plusieurs années. Pour de nombreux fans, l'aboutissement de sa carrière reste Monster, un thriller hitchcockien au scénario tortueux. On peut aussi citer 20th Century Boys parmi ses oeuvres les plus réputées, ou encore le magistral Billy Bat, série méta qui revisite l'Histoire de l'Humanité, et dont la profondeur n'a rien à envier au Twin Peaks de David Lynch. L'auteur de ces lignes doit toutefois confesser une préférence pour Pluto, adaptation adulte d'une courte histoire d'Astro de Tezuka, qui fera prochainement l'objet d'une adaptation en anime extrêmement attendue des fans. 

Bien qu'il ait cessé de collaborer avec son co-scénariste Takashi Nagasaki après une brouille, Naoki Urasawa continue de nous tenir en haleine avec sa dernière série en date, Asadora!, qui raconte toute une partie de l'Histoire du Japon contemporain à travers les yeux d'une jeune fille débrouillarde à la recherche du Kaiju qui a tué sa famille. Bref, Naoki Urasawa est un mangaka au talent proprement inestimable !

#5 Takehiko Inoue (mangaka)

Sportif passionné de dessin, Takehiko Inoue a été le disciple et l'assistant de Tsukasa Hojo, le légendaire créateur de City Hunter et Cat's Eye, dont les adaptations en anime ont bercé l'enfance de nombreux fans du Club Dorothée. Après un premier manga, Chameleon Jail, dans lequel on sent encore la pâte Hojo, Takehiko Inoue prend véritablement son envol avec Slam Dunk, considéré par de nombreux amateurs de manga comme le plus grand manga de sport. À la fois drôle, passionnant et merveilleusement bien dessiné, Slam Dunk compte parmi les oeuvres les plus populaires du Weekly Shonen Jump. 

À la fin de ce premier tour de force, Takehiko Inoue débute en 1998 la fresque Vagabond, l'adaptation du classique de la littérature japonaise La Pierre et le Sabre d'Eiji Yoshikawa, racontant la vie de Miyamoto Musashi, l'un des plus célèbres rônin de l'Histoire japonaise. À la fois violent et poétique, Vagabond est une véritable démonstration de force de la part de Takehiko Inoue, qui démontre une fois de plus l'immensité de son talent de dessinateur, avec des planches qui stupéfient le lecteur. En parallèle, il revient à ses premières amours (le basket) avec Real, manga terriblement émouvant sur le handisport, qu'il écrit depuis 1999. 

Alors que Vagabond et Real sont en pause depuis de nombreuses années, Takehiko Inoue a fait son grand retour, au cinéma cette fois-ci, avec l'époustouflant The First Slam Dunk, qui raconte le dernier match du manga du point de vue de Ryota Miyagi, qu'il a écrit et mis en scène. Magistralement bien réalisé, le film a été un immense succès au box-office japonais. Il a depuis annoncé le retour de Real, pour le plus grand bonheur de ses fans. Notons également que Takehiko Inoue a travaillé sur le chara-design de deux jeux vidéo, One on One et Lost Odyssey. Un artiste complet !

#6 Hideo Kojima (concepteur de jeux vidéo)

Figure essentielle du renouveau du jeu vidéo japonais, Hideo Kojima a débuté sa carrière chez Konami en 1986, et se lance dès 1987 dans ce qui deviendra son chef d'oeuvre : la saga des Metal Gear. Le troisième opus de la saga, Metal Gear Solid, lui ouvre en grand les portes de la renommée internationale, et tout le monde considère ce jeu comme un tour de force à la fois graphique, scénaristique et technique. Depuis lors, chacune des créations de Kojima sera attendue avec impatience et curiosité par des millions de fans à travers le monde, même celles qu'il ne réalisera jamais, comme son projet Silent Hills. 

Grand cinéphile, inspiré à la fois par le cinéma asiatique (dont hongkongais) et par le cinéma Hollywoodien, Hideo Kojima est ami avec de nombreux réalisateurs, dont Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan) et les Wachowski (Matrix), et de nombreux cinéastes, admiratifs, ont annoncé qu'ils souhaitaient voir Kojima réaliser un film, à l'instar du grand Park Chan-wook (Oldboy, Sympathy for Mister Vengeance), qui voit dans les Metal Gear "les films du futur". On peut aussi citer George Miller (Mad Max), Mamoru Oshii (Ghost in the Shell), Neill Blomkamp (District 9) ou encore Nicolas Winding Refn (Drive) ou encore Paul Thomas Anderson (Boogie Nights) parmi ses plus fervents admirateurs. 

Après l'excellent Death Stranding, qui comptait parmi nos oeuvres post-apocalyptiques préférées, Hideo Kojima nous prépare un second volet forcément très attendu. 

#7 Masao Maruyama (producteur d'anime)

Lorsque l'on parle de séries d'animation japonaise, on pense bien sûr à de grands studios comme Toei ou de grands réalisateurs/producteurs comme le génial Rintaro. Il y a pourtant un homme qui a énormément contribué à cet art devenu majeur. Son nom : Masao Maruyama. Après avoir travaillé sur des séries aussi cultes que Princesse Saphir et Ashita no Joe, Masao Maruyama fonde son propre studio d'animation : Madhouse. Avec pour figures principales Rintarō et Osamu Dezaki, Madhouse devient l'un des principaux studios d'animation japonaise, avec des séries aussi cultes que Death Note, Hunter x Hunter, Monster, Parasite, Hajime no Ippo, One-Punch Man ou prochainement Frieren, l'un des anime les plus attendus de l'année 2023. Toujours avec Madhouse, il produit le film Gen d'Hiroshima de Mamoru Shinzaki, d'après le manga éponyme de Keiji Nakazawa sur les hibakusha, avant de lancer l'illustre carrière du très regretté Satoshi Kon avec Perfect Blue (1997) et de Mamoru Hosoda avec La Traversée du Temps (2006). 

En 2011, Masao Maruyama fonde le studio MAPPA, qui est devenu au fil des ans l'un des plus gros studios d'animation japonaise. S'il démissionne en 2016 du poste de PDG, le studio MAPPA est derrière aujourd'hui de nombreuses séries iconiques, telles que la saison finale de L'Attaque des Titans, Jujutsu Kaisen, la saison 2 de Vinland Saga, Chainsaw Man ou encore Hell's Paradise. 

Depuis 2016, Maruyama a créé un nouveau studio d'animation japonaise, le studio M2, appelé à devenir un nouveau studio de premier plan. Les fans d'animation nippone risquent d'en entendre parler après la sortie de Pluto sur Netflix, produit par M2. Il s'agit de la troisième adaptation par un studio de Masao Maruyama d'un manga de Naoki Urasawa, après Monster et Yawara! à l'époque de Madhouse.

#8 Takeshi Kitano (réalisateur)

Si le cinéma japonais contemporain compte nombre de réalisateurs de grand talent, comme Hirokazu Kore-eda (Tel Père Tel Fils, Nos Bonnes étoiles, Une affaire de famille), Kiyoshi Kurosawa (Shokusai, Cure), Ryūsuke Hamaguchi (Drive My Car) ou encore Sono Sion (Love Exposure, Cold Fish), Takeshi Kitano occupe une place vraiment à part. Tout d'abord, la de Takeshi Kitano ne se limite pas uniquement à sa carrière d'acteur et de réalisateur. Fils de yakuza, il a d'abord été humoriste, sous le pseudonyme de Beat Takeshi, au sein du duo The Two Beats aux côtés de son compère Nirō Kaneko (Beat Kiyoshi), avant de devenir acteur, notamment pour le grand Nagisa Oshima dans Furyo aux côtés de David Bowie. 

Il remplace derrière la caméra Kinji Fukasaku (Battle Royale) pour ce qui deviendra son premier long-métrage au cinéma en tant que cinéaste : Violent Cop. Alternant films de gangsters violents et mélancoliques (Sonatine, Outrage, Aniki mon frère), comédies (L'été de Kikujiro, Getting Any) et drames (Hana-bi), Takeshi Kitano se révèle en metteur en scène autodidacte à la pâte unique en son genre, à l'aise dans de nombreux styles, et même la super-production historique (Zatoichi). 

Que dire d'autre sur lui ? Qu'il a également créé le jeu télévisé extrêmement populaire Takeshi's Castle, qu'il a créé un jeu vidéo qui a rendu fou le Joueur du Grenier (Takeshi no chōsenjō), qu'il a joué l'un des rôles principaux dans Battle Royale de Kinji Fukasaku, qu'il collabore régulièrement avec l'illustre compositeur Joe Hisaishi, qu'il a une carrière de romancier et de nouvelliste, et qu'il faut absolument lire son autobiographie Asakusa Kid, qui retrace ses débuts en tant qu'humoriste. Ah, et que son prochain film, Kubi, présenté au dernier Festival de Cannes, nous plongera dans le Japon féodal, et nous reconnectera avec la verve la plus sanglante et l'humour noir de Takeshi Kitano. On a hâte !

#9 Takeshi Miike (réalisateur)

Figure particulièrement controversée, notamment pour l'hyper-violence de ses films, Takashi Miike demeure l'un des réalisateurs japonais les plus passionnants de son époque. Grand amateur du cinéma de David Cronenberg (Crash, La Mouche) et de Paul Verhoeven (Starship Troopers, Basic Instinct), Miike est un cinéaste extrêmement prolifique, avec plus d'une cinquantaine de films réalisés pour le cinéma, et est régulièrement cité comme modèle par de nombreux cinéastes. Comment d'ailleurs ne pas voir une parenté entre le cinéma de Sono Sion (Cold Fish) et celui de Takeshi Miike ? 

Parmi ses plus grands films, on trouve bien évidemment le génial film d'horreur Audition, d'après un roman de Murakami Ryū (à ne pas confondre avec Haruki Murakami, deux salles deux ambiances), et qui compte parmi les films préférés de Quentin Tarantino ; ou encore l'ultra-violent Ichi the killer, adaptation du manga éponyme de Tadanobu Asano, autour d'un yakuza sado-masochiste ; citons également Visitor Q, l'un des films les plus malsains sur la famille, mais aussi le film de samouraïs Blade of the Immortal, en collaboration avec Netflix. 

Notons par ailleurs que le distributeur français The Jokers Films, bien connu des fans de cinéma asiatique, a récemment sorti une magnifique édition blu-ray d'Audition, entièrement restauré. À voir de toute urgence !

#10 Joe Hisaishi (compositeur)

Musicien et compositeur de génie, Joe Hisaishi est sans doute le plus grand du cinéma japonais contemporain. S'il débute sa carrière à la fin des années 1970 en écrivant la musique de séries d'animation japonaises (on lui doit par exemple celle de Juliette, je t'aime, l'adaptation de Maison Ikkoku de Rumiko Takahashi), sa popularité explose lorsqu'il devient en 1984 le compositeur attitré des films de Hayao Miyazaki, avec leur première collaboration Nausicaa de la Vallée du Vent. 

Depuis, celui dont le vrai nom est Mamoru Fujisawa a écrit la bande-originale de tous les films du maître de l'animation japonaise, devenant son alter-ego musical. Pour le studio Ghibli, il a également écrit la musique de l'ultime film du regretté Isao Takahata, le merveilleux Conte de la Princesse Kaguya, ainsi que la bande-originale des deux jeux Ni no Kuni. Il est également le compositeur de quelques-uns des plus grands films de Takeshi Kitano. On vous recommande également de vous pencher sur sa carrière-solo. 

L'année 2023 est une grande année pour les fans du compositeur et du studio Ghibli. En effet, non seulement la bande-originale qu'il a composée pour Le Garçon et le Héron de Hayao Miyazaki est disponible sur Amazon Japan (elle est sublime !), mais en plus, l'iconique maison de disques Deutsche Grammophon, qui fait le bonheur des amateurs de musique classique, a sorti récemment une rétrospective de la collaboration entre Hisaishi et Miyazaki à travers le concert que le compositeur japonais a donné avec le Royal Philarmonic Orchestra, qu'il a dirigé. Le disque s'intitule A Symphonic Celebration : Music from the Studio Ghibli films of Hayao Miyazaki. Écoutez-le, et replongez-vous dans le monde poétique et musical bâti par cet immense artiste !

Si cet article vous a plu, n'hésitez pas à nous donner des artistes japonais que vous admirez. Nous en ferons peut-être une seconde partie.