Batman et la tentation des pêchés
Dans un récent passage de Batman #57, le héros masqué a laissé pour mort KGBeast, nuque brisée, au beau milieu de la neige. Jurant de ne jamais céder à la tentation de l’homicide, Batman caresse néanmoins sa plus grande faiblesse.
Et si, cette fois-ci, il était passé du côté obscur ? Ou du moins, d’un côté encore plus sombre. Dans Batman #57, il affronte KGBeast dans un combat glacial. Il finit par utiliser son bat-grappin en plein dans le visage de son ennemi. Lequel se retrouve étalé sur le sol, nuque brisée. Épuisé et animé par la rage, le chevalier noir laisse pour mort KGBeast, au sol, qui lui supplie son aide. Batman aurait pu achever le vilain, comme il aurait pu le faire à de très, très nombreuses reprises. D’autant plus que celui-ci n’a pas hésité à engager quelqu’un pour envoyer une balle de sniper dans la tête de Nightwing dans les précédents numéros.
Mais contrairement à certains combats, où Batman a pris le dessus sur son adversaire avant de l’envoyer à l’asile d’Arkham, ici, il choisit de le laisser mourir, dans le froid. Si on se doute bien qu’il s’agit d’une trame scénaristique pour laisser imaginer la mort de KGBeast - qui ne serait en fait pas mort - le choix a tout de même des conséquences notables sur l’image du héros. En fait, la pertinence du chevalier noir se fonde, entre autres, sur cette promesse faite à lui-même : jamais il ne tuera qui que ce soit. Peu importe ses émotions, peu importe les circonstances. C’est le paradoxe puissant qui forge son mythe, pourtant si sombre, obscur.
Une promesse liee au destin du personnage
Il est intéressant de noter à quel point l’univers de Batman se construit autour d’incertitudes, de flous volontaires. Cette promesse, si dure à tenir soit elle, est également alimentée par la hype des lecteurs martelant "Ok, cette fois-ci, il va le faire". Difficile à croire que les scénaristes prévoient de céder à la tentation pour un personnage comme KGBeast, peu importe l’antécédent récent des deux antagonistes. Seul le Joker semble être en mesure de faire céder son "Batou" dans sa part la plus noire. Beaucoup de lecteurs ont imaginé que le pas serait franchi dans le numéro Le deuil de la famille. En vain.
Aussi fascinante soit elle, cette promesse répond plutôt bien à un autre secret qui traverse le monde de Bruce Wayne : l’identité du Joker. Cette absence d’identité dresse la particularité si puissante du clown machiavélique, mais l’attente qui règne autour de son annonce est au moins aussi forte. Mais est-elle faite pour être réellement révélée un jour ? Quel sera le destin du Joker si, un jour, un scénariste ahuri lui adresse un nom et un passé ? Alan Moore, dans The Killing Joke a pris un risque inconsidérable. Si l’oeuvre est aujourd’hui l’un des grands classiques de Batman, n’aurait-elle pas pu briser l’âme d’un méchant si elle était ratée ?
L’homicide de Batman conserve cette même tentation chargée de sens et d’émotions. Lorsque la limite sera franchie, elle le sera à jamais, c’est pourquoi son dosage doit être réglé comme une horloge.
Puis, de toute manière, Batman a déjà été plus que borderline à plusieurs reprises.
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Cela se passe comment pour que moi, lecteur, publie un article ? Parce que bon visiblement c'est la même personne à chaque fois.
http://comicsbook.be/batman-ne-tue-pas-e…