Syberia : après les jeux vidéo, découvrez d'urgence la BD

Syberia est à la base un jeu vidéo d'aventure (pointer-et-cliquer) réalisé par Benoît Sokal. Ce jeu à franc succès sorti en 2002 et développé/édité par Microïds, a été porté sur PlayStation 2 et Xbox en 2003, et sur Nintendo DS en 2008. Pour ceux qui ne connaissent pas, nous incarnons dans ce jeu Kate Walker, une avocate américaine chargée de conclure le rachat de l'usine d'automates familiale des Voralberg, dans le petit village alpin de Valadilène. Syberia est clairement un succès critique et commercial, et un format BD est dès à présent disponible aux éditions Le Lombard, dans lequel on peut retrouver l'univers tant aimé du jeu. A noter que ce premier volume sera le premier d'une série de trois tomes.

Un succès tout d'abord vidéo ludique, et pour cause !

Comme vous avez pu le constater dans ce trailer, Syberia est de retour dans un nouvel opus et est disponible sur PS4, Xbox One et PC. La saga, qui en est alors à son troisième épisode, est pourtant bel et bien présente depuis le siècle dernier, et si elle continue d'exister, ce n'est pas par hasard, et ce ne sont pas les joueurs qui diront le contraire. En effet, ce jeu a réellement sa propre Histoire, avec un grand "H". C'est dans les années 90 que celle-ci prend forme, avec le premier jeu vidéo réalisé par l'auteur, dans lequel résident les véritables origines de Syberia, à savoir L'Amerzone.

Tout a commencé avec la découverte de l'ordinateur, à l'époque où ce dernier devenait notamment un outil de mise en page des revues. Ayant moi-même une petite culture scientifique, je m'y suis très vite intéressé. Surtout à partir du moment où a émergé l'éventualité de l'image de synthèse, car c'était aussi l'époque des premiers films utilisant ce procédé : Jurassic Park puis Titanic.

Ce film sur les dinosaures sera d'ailleurs pour l'auteur une véritable source d'influence. Ce sera donc en 1999 que le premier jeu sortira, en 3D, ce qui fit de Benoît Sokal un des pionniers dans l'ère du jeu vidéo en images de synthèse.

Une BD unique en son genre

Alors est-ce que l'auteur a voulu reproduire ce qu'il s'est passé presque 20 ans plus tôt en offrant de nouveau de la 3D à quelque chose qui n'en disposait pas spécialement jusque-là ? Toujours est-il que le style de dessin se détache énormément de tout ce qui est devenu classique en termes de BD. En effet, pour la toute première adaptation de son jeu culte en bande dessinée, le célèbre créateur de Canardo et L'Amerzone a choisi de revisiter Syberia pour proposer une version alternative au lecteur, ce qui fait d'une pierre deux coups : d'un côté l'histoire de la BD sera une relecture complémentaire des deux premiers opus et de l'autre côté c'est un écrin idéal pour le dessin de Johann Blais, un jeune dessinateur choisi par Sokal lui-même. Ses dessins, donnant une impression de 3D, sont tels qu'ils donnent un côté réaliste à la BD. Mission accomplie pour ce qui est de reprendre le flambeau de la saga. Le fils de Benoit Sokal, Hugo, est également de la partie, de quoi ajouter sa patte à l'histoire avec les meilleures idées qu'il pourrait avoir.

Et le meilleur pour la fin : l'histoire 

Comme on a pu le dire précédemment, l'histoire portera donc sur une relecture complémentaire des deux premiers opus vidéo ludiques et se poursuivra sur 3 tomes au total. En effet, c'est ici l'histoire de Hans Voralberg qui nous sera racontée, car comme a pu le dire l'auteur :

Pourquoi ne pas raconter la vie de Hans Voralberg. Après tout, tout ce que nous savons de ce dernier, c’est qu’il est parti de Valadilène à 14 ans, et que Kate le retrouve presque 70 ans plus tard à Aralbad. 

L'héroïne, Kate Walker, ne devait passer que quelques heures à Valadilène, au coeur des Alpes françaises. En somme, tout juste le temps pour l'avocate new yorkaise de finaliser le rachat de l'usine d'automates Voralberg pour le compte de son client Universal Toys. Mais elle comprend rapidement qu'il reste un héritier en vie et, pour retrouver Hans, qui est à la recherche des derniers mammouths sur Terre (dans Jurassic Park, les dinosaures étaient de la partie, ici, en Europe, ce sont les mammouths), elle n'a d'autre choix que d'entamer un voyage à travers les décors et l'histoire du XXe siècle, à travers des lieux de plus en plus étranges.

Nous aurons donc dans cette bande dessinée quelque chose d'encore inédit par rapport à ce que l'on sait déjà grâce aux jeux :

L’idée, c’était de produire quelque chose qui ne soit pas un copier/coller des jeux. Trouver quelque chose de plus intéressant, qui puisse à la fois apporter quelque chose au fan de la première heure et donner envie au novice de découvrir l’univers.

L'illustrateur va même encore plus loin que la pensée de l'auteur, puisqu'il fait une comparaison encore plus osée, ce qui est tout à l'honneur de la BD et de son histoire racontée :

J’aime beaucoup l’idée de proposer une histoire qui complète celle que nous connaissons. Finalement, c’est un peu ce que fait le studio Telltale avec Game of Thrones ou Walking Dead : ils enrichissent un univers en marge de la trame principale, tout en proposant une expérience unique à chaque media. 

Et puisqu'un schéma vaut toujours mieux qu'un long discours, pourquoi ne pas tout simplement aller voir cette BD par vous-même, histoire de vous faire un avis personnel sur cette petite beauté ? Une lecture gratuite des premières pages est disponible juste ici.

Si cette jeune femme peut vous faire penser à Lara Croft, cela n'est pas dénué de sens. En effet, Benoit Sokal a avancé ceci :

Pour elle, je voulais l'anti-Lara Croft. Donc une intello, jolie, mais sans être une "bombe". Kate a fait des études, elle est avocate. Voilà comment elle est arrivée dans cette histoire...