Game of Thrones : pourquoi HBO devrait être la seule chaîne à faire de la fantasy
Ce jeudi 29 juin, Netflix diffusera les premiers épisodes de la saison 3 de The Witcher. Les premières bandes-annonces ne laissent présager que peu d'améliorations depuis les premières saisons, qui ont été une grande déception pour de nombreux spectateurs. À tel point qu'il m'arrive de me demander si HBO ne devrait pas être la seule chaîne américaine à oser la fantasy...
Ceci est un billet d'humeur. Il expose un avis qui n'appartient qu'à son rédacteur, et qui ne représente nullement celui de la rédaction d'Hitek.
Les tâtonnements de l'industrie
Tout d'abord, un peu de contexte. Si la fantasy est née au XIXème siècle avec l'oeuvre de William Morris (La Source du Bout du Monde), elle aura une seconde naissance à partir des années 60, avec la redécouverte de l'oeuvre de J.R.R. Tolkien (Le Seigneur des Anneaux) par la communauté hippie. En dépit de l'accroissement des oeuvres littéraires depuis les années 70, puis ludiques avec l'avènement de Donjons et Dragons, le cinéma a longtemps choisi d'ignorer la fantasy. Malgré quelques oeuvres aujourd'hui cultes, comme Le Dragon du Lac de Feu (1981), Dark Crystal (1982), Taram et le Chaudron Magique (1985) et Legend (1985), la fantasy était considérée comme risquée, et parmi les films que nous avons cités, seul Dark Crystal a connu un succès immédiat à sa sortie.
Il faudra attendre l'adaptation du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson entre 2001 et 2003 et les 17 Oscars qu'a remportés la trilogie pour que les studios comprennent que la fantasy est un genre avec un immense potentiel. Les années 2000 pourraient d'ailleurs presque passer pour un âge d'or de la fantasy au cinéma, puisque la saga Harry Potter a également reçu un immense succès public, rapportant en tout plus de 8 milliards de dollars au box-office. On peut également citer la saga d'aventures Pirates des Caraïbes, qui par ses nombreux emprunts aux différentes mythologies et sa reconfiguration du monde et de l'Histoire peut être considérée comme de la fantasy.
Si j'ai parlé d'âge d'or de la fantasy au cinéma pendant les années 2000, mon expression doit être néanmoins nuancée : plusieurs studios ont tenté de sortir des oeuvres de fantasy, et s'y sont cassé les dents. On pense notamment à la tentative de Disney d'adapter Les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis, à celle de Warner Bros. d'adapter la saga À la Croisée des Mondes de Philip Pullman via sa filiale New Line Cinema (à qui l'on doit la trilogie Le Seigneur des Anneaux) ou encore celle de 20th Century Fox d'adapter Eragon de Christopher Paolini.
Le flou après Game of Thrones
En 2011, la chaîne HBO (propriété de Warner Bros.) fait l'événement en adaptant à la télévision la saga A Song of Ice and Fire de George R.R. Martin sous le nom Game of Thrones. Violente, parfois choquante, la série a été acclamée par la presse et le public et, malgré sa fin précipitée, a redéfini les attentes du public qui n'avait jamais rien vu de tel à la télé.
La concurrence a longtemps patienté, et a profité de la conclusion de Game of Thrones pour se lancer dans l'aventure de la fantasy. Netflix a annoncé une adaptation de The Witcher, qui a débuté en 2019 ; Disney+ a lancé une suite de Willow en 2022 ; Prime Video a vu les choses en grand, en proposant une adaptation de La Roue du Temps de Robert Jordan en 2021 et une série tirée de l'univers inventé par J.R.R. Tolkien, avec Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, annoncée comme la série la plus chère de l'Histoire.
Vous connaissez la suite : Willow a été annulée, Henry Cavill a quitté The Witcher parce qu'il ne la jugeait pas suffisamment fidèle à l'oeuvre d'Andrzej Sapkowski, La Roue du Temps a été accueillie dans une presque-indifférence de la critique et du public, et la première saison des Anneaux de Pouvoir a perdu le duel face à House of the Dragon, premier spin-off acclamé de Game of Thrones, toujours produit par HBO.
Comment expliquer ces différents échecs ? Quelles leçons doivent apprendre les studios Hollywoodiens ? Fan du genre, j'ai écrit plusieurs articles sur ces oeuvres de fantasy que je rêverais de voir adaptées en série. Parmi elles, Gagner la Guerre de Jean-Philippe Jaworski, Les Salauds Gentilshommes de Scott Lynch ou encore Le Livre des Martyrs de Steven Erikson. Et j'ai plusieurs hypothèses expliquant les réussites des uns et les échecs des autres, au-delà de la simple question de la qualité intrinsèque des oeuvres.
La raison des échecs
Tout d'abord, le point commun entre Le Seigneur des Anneaux et Game of Thrones, c'est que chacune de ces deux oeuvres ont profondément révolutionné leur médium. Personne n'avait vu d'armées si gigantesque au cinéma avant Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi, personne n'avait vu de représentation d'un Moyen-Âge aussi vivant, aussi violent, aussi cru à la télévision avant Game of Thrones. Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson a révolutionné les effets spéciaux de son époque, Game of Thrones, en se plaçant dans la continuité des essais techniques, thématiques et scénaristiques de HBO depuis Les Soprano, a révolutionné les attentes du grand public.
On pourrait aussi évoquer la révolution d'Harry Potter : permettre à son public de grandir, pour la première fois dans l'Histoire du cinéma, au même rythme de ses personnes préférés. En sortant un film par an, la saga Harry Potter a créé un parallèle entre le cinéma et la télévision, chaque film s'apparentant à une saison de série. Une pratique que reprendra Marvel avec les différentes phases du Marvel Cinematic Universe.
À une époque où l'on a déjà tout vu, où l'impossible n'existe plus en matière de cinéma, les studios de cinéma et les networks ne peuvent plus se contenter de gros budgets, s'ils ne révolutionnent plus le médium. Avec la sortie d'Avatar en 2009, puis l'avènement du Marvel Cinematic Universe, l'extraordinaire ne nous touche plus de la même manière : si la Bataille des Bâtards dans la saison 6 de Game of Thrones nous a si impressionnés, c'est parce qu'elle reposait avant tout sur sa mise en scène, qui n'avait rien à envier à des grands films de cinéma comme Braveheart de Mel Gibson ou Kingdom of Heaven de Ridley Scott. Il n'y a d'ailleurs (quasiment) aucun élément merveilleux dans cette bataille. Le succès de House of the Dragon est d'ailleurs très parlant : malgré un budget confortable de 20 milliards de dollars, et un grand nombre de dragons, la série ne repose (pour l'instant) nullement sur ses effets visuels. L'essentielle de la première saison se passe dans les couloirs de King's Landing, et les rares scènes d'action apparaissent dès lors comme des fulgurances.
Autre point commun entre Le Seigneur des Anneaux et Game of Thrones : les deux oeuvres étaient d'abord considérées comme inadaptables. Autrement dit, si elles suscitaient bien évidemment une certaine attente, leur succès n'était au premier abord pas évident. C'était un énorme risque que de les adapter. Un facteur que semble vouloir éviter au possible l'industrie actuelle : aussi, The Witcher, mais également Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, étaient dès lors des oeuvres évidentes, et donc encore plus décevantes.
C'est d'ailleurs de ce point que provient, sans doute, les procès en wokisme d'une partie des spectateurs. Les fans semblent bien plus réceptifs à l'idée que l'ensemble de la Maison Velaryon a la peau noire (ou métisse) et les cheveux blancs dans House of the Dragon qu'uniquement quelques individus pour ne pas prendre le risque de froisser qui que ce soit (ce qui est au final n'est pas très efficace). Considérer que toute une famille, ou tout un peuple, n'a pas la même pigmentation de peau que dans l'oeuvre originale est sur le papier un choix plus risqué, et pourtant plus intéressant. C'est tout le problème qu'avait soulevé Frédéric Molas du Joueur du Grenier lors d'un gigantesque coup de gueule à destination de personnes qui l'accusaient de racisme pour des raisons absurdes.
Bien évidemment, HBO n'est pas la seule chaîne à avoir sorti des oeuvres de fantasy de qualité. Netflix a produit l'excellente série Dark Crystal : Le Temps de la Résistance - une véritable prise de risque, qui s'est soldée par une annulation de la part de la plateforme. Toutefois, la chaîne à qui l'on doit de très nombreux chefs d'oeuvre semble celle qui a le mieux compris ces différents paramètres expliquant le succès des oeuvres de fantasy. Dès lors, même s'il est bien évidemment souhaitable que chaque chaîne puisse produire les séries et les films qu'elle souhaite (et que le titre de ce billet d'humeur est provocateur), à chaque fois que je songe à des adaptations d'oeuvres comme Elden Ring ou La Compagnie Noire, je ne peux m'empêcher d'imaginer que c'est HBO qui en a la charge.
Une réalisation impeccable et une intelligence à retranscrire l'essentiel de l'histoire quitte à la modifier un poil de cul sur quelques séquences. Ils ont COMPRIS l'histoire et le sentiment/caractères des personnages tout simplement.
Pour les anneaux de pouvoir, ce besoin de raconter une histoire qui dure sur des millénaires en 10 épisodes (pour la première saison) ! Une réalisation médiocre, une incompréhension de l'histoire et de ses personnages.
Je prie que ce ne soit pas Gandalf mais un magicien inventé pour le besoin de la série (ca passerais mieux) !
Amazone trop gourmand à vouloir aller trop vite ils ont tout mélangés !! Ils n'ont absolument rien compris et la volonté de vendre n'arrange rien, c'est du pure business cette série rien de plus.
Pas très d'accord. C'est oublier l'impact de Conan le Barbare. Après ce film, il y a eu pléthore de sous-genre à Conan, d'abords avec une (mauvaise) suite de celui-ci, ensuite avec Beowulf et de la fantasy bas de gamme, comme les premiers D&D. Avant ça, la fantasy était presque inexistante.
Alors oui, à part Conan, tout est nul, ou nanardesque. Mais reste que Conan a apporté beaucoup. Le Seigneur des Anneaux, c'était le premier projet XXL, qui ne se serait certainement pas fait si la fantasy n'avait pas déjà eu une amorce avec Conan, et si ce serait pas Tolkien et qu'il y avait pas eu le (très bon) dessin animé sur le SDA.
Euh... si. Plein. Tiens au hasard: La Momie 2, sorti plus ou oins dans la même période.
Les scénaristes qui ne respectent pas l'oeuvre de base sont un cancer.
(Inventer carrément une nouvelle fin ,c'est cracher sur l'auteur)
L'utilisation a l'excès de l'humour est un cancer.
Le cancer est un cancer