Ghibli : 8 chefs d'oeuvre du studio que Hayao Miyazaki n'a pas réalisés
À la simple évocation de Ghibli, on pense évidemment au maître de l'animation japonaise Hayao Miyazaki, co-fondateur du studio. Les plus grands films du studio nippon portent sa marque, du Voyage de Chihiro au récent Le Garçon et le Héron (voir notre critique ici), en passant par Ponyo sur la falaise. Pourtant, d'autres films labellisés Ghibli et réalisés par d'autres talents du studio méritent tout autant leurs lettres de noblesses.
#8 LE ROYAUME DES CHATS - HIROYUKI MORITA
Conte initiatique sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, Le Royaume des chats raconte l'histoire de Horu, une lycéenne peu sûre d’elle dont la vie bascule le jour où elle sauve la vie d'un chat des roues d'un camion. Un début de propos dans la veine des autres productions du studio qui évite l'essoufflement grâce à la mise en place de ce Royaume des Chats majestueux et les péripéties qui accompagnent la suite du film. L'histoire, originale, drôle et créative comble l'absence de complexité de ses personnages et un certain manichéisme omniprésent.
#7 SOUVENIRS DE MARNIE - HIROMASA YONEBAYASHI
Souvenirs de Marnie n'a pas particulièrement emballé la critique à sa sortie en 2015. Son scénario peine à convaincre et crée chez le spectateur un manque d'empathie, que ce soit pour le personnage principal ou pour l'histoire. D'ailleurs, l'intrigue est trop étalée et le film ne se lance véritablement que lors de sa dernière partie. En revanche, le long-métrage est empli d'une certaine poésie grandement accentuée par son style d'animation envoûtant, qui fait la part belle aux décors naturalistes.
#6 LA TORTUE ROUGE - MICHAEL DUDOK DE WIT
Lorsque l'on est devant La Tortue Rouge, on a du mal à croire qu'il ait été accouché dans les studios japonais. La raison tient du fait que le film du néerlandais Michael Dudok de Wit est le résultat d'une co-production avec les sociétés françaises Wild Bunch et Why Not et le studio Prima Linea. Dans ce film, un naufragé échoué sur une île déserte fait l'étonnante rencontre d'une grosse tortue rouge, échouée à son tour sur la plage. Le style minimaliste qui entre en décalage avec celui des productions Ghibli et l'absence de dialogue confère au long-métrage un charme enchanteur et hypnotisant. Un conte poétique pour tout public.
#5 POMPOKO - ISAO TAKAHATA
Jamais les ratons laveurs n'auront eu autant la cote qu'avec Pompoko. La croissance économique, l’urbanisation massive et la déforestation mettent en péril la vie des Tanukis, ces petits rongeurs métamorphes à l'esprit insouciant qui vivent en tribus dans la campagne environnante. Ils décident alors d'élaborer un plan pour freiner les bulldozers humains. À la faveur d'un film lorgnant sur le documentaire grâce à sa voix off, Takahata joue sur les thèmes chers au studio (écologie, humanisme, etc.) et sur le folklore japonais pour servir une fable écolo fantastique, touchante et emplie d'humour. Indémodable.
#4 LA COLINE AUX COQUELICOTS - GORO MIYAZAKI
Seconde réalisation de Goro Miyazaki, fils du légendaire maître de l'animation, La Coline aux Coquelicots (adaptation d'un shôjo manga) délaisse l'archipel fantastique des Contes de Terremer pour se centrer le japon des années 60 alors en pleine révolution industrielle, et à la veille de son organisation des Jeux Olympique d'été 64. Le récit s'articule autour de la vie quotidienne d'une lycéenne, Komatsuzaki Umi, qui va rencontrer Shun, un jeune homme dont elle va tomber amoureux. Exit les créatures, Goro Miyazaki choisit — à contre-courant des productions Ghibli de l'époque — la carte du réalisme dans cette histoire d'amour très bien traitée, faite de silence, de non-dits et de plans contemplatifs.
#3 SI TU TENDS L'OREILLE - YASHIFUMI KONDO
La pression est immense lorsque Kondo réalise Si tu tends l'oreille en 1995. Et pour cause, car jusque-là, aucun film Ghibli n'a été réalisé autrement que par les deux fondateurs du studio Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Mais Yashifumi Kondo (pressenti pour prendre la relève d’un Miyazaki qui espérait déjà à l'époque partir à la retraite après Princesse Mononoké, mais qui décédera trois ans plus tard) a relevé le défi haut la main en livrant une partition à l'animation magnifique et aux personnages très attachants. Un film injustement sous-côté.
#2 LE TOMBEAU DES LUCIOLES - ISAO TAKAHATA
Tragique du début à la fin, Le Tombeau des Lucioles a mis à rude épreuve le canal lacrymal de tous ceux qui se sont attachés à l'histoire des orphelins Seita et Setsuko. Prenant place au Japon en fin de Seconde Guerre mondiale, après les bombardements de l'armée américaine, Le Tombeau des Lucioles est un chef d'oeuvre à plus d'un titre. Jamais un film d'animation japonaise n'a été aussi cruel et sombre que celui-ci, et pourtant, il n'est pas dénué de poésie dans certains passages, et d'une certaine sensiblerie dans la relation entre le frère et sa petite sœur.
#1 LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA - ISAO TAKAHATA
Deux films de Takahata sur le podium. Le numéro 2 de Ghibli change de registre avec Le Conte de la Princesse Kaguya. Exit la mort et la Seconde Guerre mondiale, il choisit cette fois-ci le Japon féodal en adaptant l'un des contes les plus populaires racontés aux jeunes Japonais : celui de Kaguya, « la princesse lumineuse », petit être découvert dans la tige d’un bambou par un couple de vieux paysan qui l’élèvent dans la campagne lointaine. Avec son illustration faite au crayon, à l'esquisse, et à l’aquarelle, le film sorti en 2013 marque par sa singularité, et sert donc un conte poétique qui bascule progressivement dans la critique de la société. Déjà culte.
Et pour aller plus loin, vous pouvez retrouver ces dix films d'animation qui ont marqué la décennie.