Faut-il aller voir La Reine des Neiges 2, le dernier film d'animation Disney ?
"Libéréééééeeee, Délivréééééeeee !!!!" Vous étiez nombreux, mercredi 13 novembre, à hurler les paroles de cette chanson lors du blind test organisé par notre collègue Clément au Player One. Une semaine plus tard, sortait La Reine des Neiges 2, le dernier film d'animation du studio Disney. On l'a vu, et on vous dit ce qu'on en a pensé.
Résumé
Depuis la fin de La Reine des Neiges, tout va bien à Arendelle. Elsa règne sur son peuple aimant, secondée par sa soeur Anna, qui file le parfait amour avec Kristoff. Les deux soeurs ont rarement été aussi heureuses, et elles passent leur temps libre avec Kristoff, Sven et Olaf. Mais un jour, Elsa entend une étrange voix venue du nord, et les éléments s'attaquent à Arendelle. Pour sauver leur royaume, Elsa, Anna, toujours accompagnées de leurs trois amis, vont se rendre à l'origine de cette voix et vont découvrir le mystère de leurs origines et des pouvoirs d'Elsa.
Une suite hésitante
Si La Reine des Neiges 2 possède d'incontestables qualités, le film souffre aussi de quelques défauts notables. Tout d'abord, le film abuse du temps laissé aux chansons. Nous avons, comme tout le monde, toujours été de grands amateurs des chansons Disney, mais là, il faut reconnaître qu'il y en a beaucoup, beaucoup trop. On a l'impression que ça chante toutes les cinq minutes, à tel point qu'on sent que les réalisateurs ont compris à quel point, à force, ça pouvait frôler le ridicule, et s'en amuse. Il y a par exemple une chanson, J'ai perdu le nord, dans laquelle Kristoff se lamente de l'éloignement d'Anna, et la mise en scène très kitsch sonne comme une parodie. On reviendra sur cette chanson plus tard car elle est symptomatique d'un des problèmes du film. En tout, il y a huit chansons originales, dont une berceuse chantée plusieurs fois, et la plupart de ces chansons sont assez moyennes. La seule qui semble un peu au-dessus des autres est la chanson Pas d'avenir sans nous, mais on est loin des meilleures chansons Disney, ou même de Libérée, délivrée, qui avait marqué de son empreinte le premier film.
Autre point assez négatif de ce film, c'est la faiblesse de certains axes du scénario. Le scénario souffre d'un gros manque : il n'a aucun véritable antagoniste. On me rétorquera sans doute que Vaiana n'avait pas d'antagoniste non plus, et qu'il était réussi. Mais ce n'est pas la même chose : dans Vaiana, on pensait qu'il y avait un antagoniste, et ce n'est qu'à la toute fin qu'on comprend que le personnage qu'on prenait pour un antagoniste n'en était pas vraiment un. Alors que dans La Reine des Neiges 2, il n'y en a aucun. Aussi, à aucun moment craignons-nous qu'il arrive quoique ce soit aux personnages. Par ailleurs, c'est comme ça avec tous les axes du scénario : quand Kristoff craint qu'Anna s'éloigne de lui, nous savons pertinemment qu'il n'a rien à craindre. On pourrait croire que c'est parce que la recette Disney a été bien trop éculée, mais ce n'est même pas le cas. C'est tout simplement mal emmené : si Kristoff avait eu plus de scènes partagées avec Anna, si la relation des deux personnages avait été véritablement mise en danger, peut-être aurions-nous pu nous prêter au jeu, quand bien même savons-nous qu'en vérité les deux personnages seront encore amoureux l'un de l'autre à la fin du film.
Enfin, dernier point négatif que nous pouvons relever, c'est l'humour du film. Le film embrasse souvent un registre comique, mais cela ne fonctionne pas vraiment, car il vise avant tout le public enfantin. Bien évidemment qu'il y a des divergences entre l'humour des films Disney suivant les décennies. L'humour de Blanche-Neige et les Sept Nains n'a rien à voir avec celui du Roi Lion, et l'humour du Roi Lion n'a rien à voir avec l'humour de Zootopie. Mais à chaque génération de Disney, l'humour pouvait toucher, à des degrés divers, parents et enfants, ce qui permettait aux films d'être des films transgénérationnels. Ce qui n'est pas le cas avec La Reine des Neiges 2. Les blagues à répétition d'Olaf, qui se vautre toutes les minutes dans la neige, ça fait rire les enfants en bas âge. Pas leurs parents. Alors que le passage de Flash le paresseux dans Zootopie pouvait faire rire à la fois les enfants ("Oh regarde papa, le paresseux il a des gros yeux, mwahahaha trop marrant !") et les parents, qui reconnaissaient une caricature de notre système administratif, s'appuyant sur leur vécu (l'impression de lenteur des files d'attente).
Une réalisation bluffante
Si on devait retenir une qualité du film, ce serait sa réalisation. La direction artistique de La Reine des Neiges 2 est vraiment splendide. D'une très grande fluidité, la réalisation n'est pas sans rappeler celle des meilleurs films Pixar. Ce qui n'est en soi pas étonnant étant donné que les deux firmes travaillent avec le même matériel, et que John Lasseter, puis Pete Docter, se sont occupés d'améliorer l'animation de Pixar et de Disney de manière conjointe. On pourra apprécier le travail fait sur les textures, notamment l'eau. Donc pour ce qui est de l'animation par ordinateur, le film vaut le coup d'oeil.
Une autre qualité qu'on peut apprécier, c'est le fait que, malgré quelques travers et quelques maladresses, le film continue d'essayer de contourner les codes du film de princesse que Disney avait instauré avec Blanche-Neige et les Sept Nains. En 2013, La Reine des Neiges avait déjà contourné les codes concernant le Prince Charmant, et le deuxième opus tente de montrer qu'un film de princesse peut aussi parler de thématiques actuelles, telles que l'écologie, et ou encore un retournement du récit des origines, en mettant de côté les thématiques neuneu habituelles (bon, vous l'aurez compris, pour cette mise de côté, on repassera, parce que ce n'était pas entièrement réussi).
Fallait-il vraiment le sortir en salles ?
Sur Twitter, Frédéric Molas, l'une des deux têtes de l'émission bicéphale cultissime Le Joueur du Grenier, a eu une réaction que je trouve assez intéressante.
Frozen 2 : une VF des chansons catastrophique. Des chansons présentes toutes les 20 secondes pour chanter du vide et un film qui n'a absolument rien à reconter.
— Joueur du Grenier (@Frederic_Molas) 20 novembre 2019
Pour moi un truc qui méritait un direct to dvd
En affirmant que le film aurait dû avoir une sortie direct to video, comme c'était le cas avec les suites des Disney des années 90, telles que Aladdin : Le Retour de Jafar, Aladdin et le Roi des Voleurs, Pocahontas 2, Le Bossu de Notre-Dame 2 ou encore Mulan 2, Frédéric Molas pose une question qui mérite d'être posée, d'autant plus qu'une semaine avant la sortie de La Reine des Neiges 2, Disney sortait Disney+ en Amérique du Nord, avec une sortie prévue en Europe pour fin mars 2020. Mettre directement le film sur Disney+, quitte à décaler la date de sortie de quelques mois aurait été finalement une démarche intéressante pour Disney.
Oui, mais plusieurs facteurs ont dû décider Disney à diffuser le film en salles, et non en direct to video. Tout d'abord, convenons du fait que le film est visuellement splendide, et mérite, ne serait-ce que pour ce facteur, d'être diffusé en salles. (Ce qui n'était pas le cas avec le cas des suites des Disney des années 90 qui visuellement étaient laids comparés aux originaux.) Ensuite, La Reine des Neiges, le premier volet, est le plus grand succès de l'Histoire du box-office mondial pour un film d'animation. Ce qui signifie que chez Disney, ils étaient convaincus du fait que le film trouverait son public, et rapporterait de l'argent. Ensuite, s'ils peuvent se permettre de mettre des films originaux tels que The Lady and The Tramp, l'adaptation-live du classique d'animation de 1955, directement sur Disney+, mettre en direct to video sur Disney+ (ou en DVD) La Reine des Neiges 2 sans passer par la case cinéma aurait été un aveu d'échec pour le studio. Comment expliquer que la suite du film d'animation le plus lucratif de l'Histoire ne passe pas en salles ? Une question à laquelle il aurait délicat de répondre sans trembler des genoux, assurément. D'autant que, contrairement aux adaptations en live-action, il y a un souvenir cuisant des suites des films d'animation sorties en direct to video. Opérer de la sorte aurait donc été, pour Disney, synonyme de la fin de leur troisième âge d'or dans lequel ils sont entrés après La Princesse et la Grenouille, suite à la trop longue traversée du désert des années 2000, période pendant laquelle sortaient les suites que nous avons mentionnées. Or Disney doit rassurer. Rassurer son public, qui s'apprête à s'abonner à Disney+, et rassurer ses investisseurs. Enfin une dernière hypothèse nous vient à l'esprit : Disney veut également rassurer ses fans à la sortie de Disney+ en leur garantissant qu'il y aura toujours des films qui sortiront en salles, malgré le service de VOD estampillé Disney, censé contenir tout leur catalogue.
Il traite plusieurs sujets essentiels du bouddhisme et a pour moral l'intérêt de trouver son chemin, de chercher en soit la réponse à la question "qui suis-je ?".
Chaque personnage du trio Elsa Anna Olaf représente des figures importante de la philosophie bouddhiste. Le niveau de lecture n'est pas inexistant. Il a été élevé à un niveau jamais vu dans un disney.
Si vous prenez le temps de vous renseigner sur cette philosophie, vous pourrez également comprendre toute l'importance de ce film pour la génération d'enfant actuelle, et des adultes tout autant :)
Le pauvre, et moi même nous sommes royalement ennuyés.
Il me sort c'est quoi ce film ou les seules "héros" sont des filles. On glorifie les filles, les hommes passent derrière.
Kristoff sauvent 2 fois la princesses et il reste dans l'ombre des 2 sœurs.
Cela résumé bien l'époque actuelle et ce besoin quotidien de castration des hommes.
Il continue. "dans tous les films ce sont les femmes les héroïnes" et les hommes sont cantonés à la maison...
Rappelles tout papa 'indestructible 2" Pareil. L'heroine c'est la maman, le papa il reste à la maison s'occuper des enfants..
KRISTOFF A PERDU LE NORD. C'est toute notre société qui a perdu le Nord....
Les rapports hommes femmes ne sont plus définis.
Mon FILS LUI ASSI A PERDU LE NORD
J'y vois l'incarnation du manque de culture et de la recherche de facilité, de la volonté moutonnante de notre société actuelle qui préfère s'en remettre à des codes surannés plutôt que de se remettre en question.
Allez! Un peu de courage mes amis! Intéressez vous, grandissez, cultivez-vous! Et la chanson de Kristoff vous procurera un grand moment de fou-rire. Les clichés sont tellement maitrisés que c'est "humoristique" pour tous et un pur bonheur quand c'est notre métier et qu'on a la chance de pouvoir en goûter chaque subtilité. Sans parler du travail de recherche sur les chants traditionnels qui passent inaperçus mais qui donnent toute la saveur d'un Athohallan. Seulement les créateurs ont fait tout ça...pour ceux qui auront la volonté d'entendre et de comprendre, pas pour la frime.
Enfin un travail hors cadre. Mais oui, ça demande un certain recul, une certaine culture hors des chemins battus et rebattus et un minimum d'humanité. Si vous faites cet effort, promis, vous passerez un moment inoubliable.