Science : la découverte de plusieurs cités perdues en Amazonie choque les chercheurs
Une découverte historique. Celle d'un ensemble de cités perdues vieux de 2500 ans sous la jungle amazonienne. Une preuve que la plus grande forêt vierge de la planète n'a pas toujours été ainsi.
le "plus grand réseau urbain d'éléments érigés et creusés connu en Amazonie "
Régulièrement dans nos colonnes, nous vous faisons part de grandes découvertes sur notre monde, qui relève encore de nombreux mystères que les chercheurs s'évertuent à percer. Début janvier, nous vous parlions de cette inquiétante découverte sous les glaces de l'océan Arctique. Aujourd'hui, direction le continent sud-américain et plus précisément l'Amazonie.
Dans une étude parue dans la revue américaine Science, neuf spécialistes révèlent avoir découvert un vaste et très ancien réseau urbain sous l'Amazonie, dans la région de la vallée de l'Upano, en Equateur. On parle du « plus grand réseau urbain d'éléments érigés et creusés connu en Amazonie ». Leurs recherches ont été dirigées par le scientifique français Stéphane Rostain, archéologue au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), qui planche sur le sujet depuis 2015. A l'époque, l'analyste et ses équipes révèlent la présence de 6 000 monticules sur une zone de 300 kilomètres carrés, grâce à un capteur de pointe nommé Lidar. Celui-ci permet de voir percer la forêt et de détecter avec davantage de précision les reliefs du sol.
Ces fouilles avaient permis de retrouver des monticules organisés autour de places centrales, de la poterie et de lignes incisées, mais aussi de grandes cruches contenant les restes de la chicha traditionnelle de bière de maïs.
Il s'agit-là du point de départ de la découverte d'un réseau bien plus important, divisé en une vingtaine d’agglomérations. Cet espace équatorien cache un véritable trésor, sous l'immense canopée de la forêt équatorienne. Depuis, les chercheurs ont approfondi leur recherche. Les capteurs laser du Lidar ont cette fois-ci permis d'établir une cartographie montrant que ces sites s'intègrent en fait au sein d'un vaste réseau de colonies et de routes de liaison, destiné à des fins commerciales, mais aussi cérémonielles. « Les bras m'en sont tombés. A chaque fois que je regarde ces images, je suis stupéfait », s'extasie Stéphane Rostain au Monde.
Une population vivant à l'époque de l'Empire romain
Le site Science&Vie rapporte de son côté que « cela signifie donc qu’un véritable échange avait lieu entre les villages composés de structures résidentielles et cérémonielles. Les villes découvertes sont séparées par des champs agricoles rectangulaires et entourées de terrasses à flanc de colline où des cultures de maïs, de manioc et de patate douce semblaient être entretenues ».
Selon l'étude, cette agglomération qui s'étend sur plus de 1 000 kilomètres carrés au pied de la cordillère des Andes a été habitée par le peuple Upano, dont la population est estimée à une dizaine de milliers d'habitants. Une densité comparable à la population estimée de Londres à l'époque romaine, dont cette culture était contemporaine, relève BFMTV. Les Upano auraient vécu sur le site entre 500 avant J.-C. et 300 à 600 après J.-C, sans plus de précisions en raison de la méconnaissance autour des peuples autochtones qui vivaient dans cette région du monde, mais « dans une période à peu près contemporaine de l’empire romain en Europe », selon les chercheurs et signataires de l'étude.
Exceptionnelle découverte qui change la vision sur les civilisations en Amazonie et le fait urbain.
— Carlos Moreno | IAE-Paris Sorbonne (@CarlosMorenoFr) January 13, 2024
Une ville datant de 2500 ans, 10 000 personnes et dotée d’un mode de vie, infrastructures et interconnexions issus d’un grand développement
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Voici une découverte historique dans le monde de la science, puisque jamais, des traces d’urbanisme d’une telle envergure n’avaient pas été observées sur ce territoire jusqu'à aujourd'hui. Cette découverte démontre selon Stéphane Rostain « qu’il n’y avait pas que des autochtones chasseurs-cueilleurs archaïques en Amazonie, mais aussi des populations urbaines complexes ».