Au Japon, la démence des personnes âgées est le cauchemar de leurs proches
Kimiko Ito a 69 ans et elle ne peut plus rien faire seule. Elle est atteinte de démence et son mari, Kanemasa, 73 ans doit s'occuper d'elle au quotidien et lutter contre "le démon" qui habite sa femme - selon ses mots. Manger, se laver, aller aux toilettes, il doit l'accompagner dans chacun de ses gestes, et ce depuis 15 ans.
Une population qui vieillit et des aides insuffisantes
Kanemasa est malheureusement loin d'être le seul japonais en bonne santé qui doit consacrer l'intégralité de son temps à s'occuper d'un proche malade. Face à une population toujours vieillissante, le Japon subit une hausse terrifiante du nombre de personnes atteintes de démence.
Lors d'un entretien accordée à l'AFP, Mr Ito affirme qu'il y a un démon dans la tête de sa femme. Ils sont dans leur maison de Kawasaki, près de Tokyo, et tandis que son mari se confie au journaliste, Kimiko marmonne des paroles insensées et tente de partir.
A l'heure actuelle, on compte pas moins de 4,6 millions de japonais dans le cas de Kimiko, selon les estimations du Ministère de la Santé, en 2025 ils seront 7 millions. Rien d'étonnant dans le pays où l'espérance de vie est la plus longue au monde. La cause principale de cette démence est Alzheimer. En effet, chez les malades on observe le plus souvent une dégradation irréversible de la mémoire, du raisonnement, du comportement et de l'aptitude à réaliser les gestes simples du quotidien.
Le problème, c'est que les proches de ces personnes âgées malades sont souvent obligés de s'en occuper eux-mêmes. Il n'est pas rare qu'un japonais se voit contraint de quitter son travail pour s'occuper à temps plein d'un parent dément. En effet, très peu de foyers ou d'aides à domicile sont déployés au Japon pour gérer ces cas dramatiques.
Pour Katsuhiko Fujimori, chercheur à l'Institut de recherche et d'information Mizuho, cela n'a rien de surprenant :
"Le Japon a géré son système d'assistance sociale sur l'hypothèse que les membres de la famille prendraient les choses en main."
Sauf que la baisse de la population active dû au vieillissement de la population est déjà un fardeau plutôt lourd à porter pour le Japon dont la dette publique s'élève à plus du double de son PIB. Un triste record dans notre monde industrialisé. Le fait qu'à chaque fois qu'une personne tombe malade, un de ses proches doit sacrifier sa vie professionnelle pour lui venir en aide n'arrange rien.
Le premier ministre Shinzo Abe s'est tout de même engagé à augmenter le nombre de maisons de soins et à élever les salaires du personnel soignant. L'objectif à terme est de réduire à zéro le nombre de personnes qui se voient contraintes de quitter leur travail pour s'occuper d'un membre de leur famille. Actuellement, ils sont 100 000 par an à devoir, comme Mr Ito, tout sacrifier pour affronter la maladie et le malade...
De l'épuisement à la folie
Quitter son travail pour s'occuper d'un proche malade n'est pas chose aisée. Il faut dire adieu à son confort financier mais aussi à sa vie sociale, c'est un travail épuisant tant sur le plan physique que psychologique qui mène souvent à des drames.
En 2006, un cas en particulier avait fait grand bruit : celui d'un homme de 54 ans qui avait tuée sa mère. La maladie de cette dernière avait contraint son fils à quitter son travail, face à un énième rejet de demande d'aides sociales, il l'avait étranglé puis s'était suicidé après son procès qui l'avait condamné à une peine légère.
Cet homme est loin d'être le seul à craquer. Un habitant de Tokyo de 50 ans qui s'occupe de sa mère depuis six ans est terrorisé à l'idée d'en venir à une telle extrémité.
"Je veux vraiment contrôler ma colère car je serais capable de la tuer si j'explosais. (...) Cela me fait peur"
Cet homme semble avoir raison d'être effrayé : entre 1996 et 2015 on a répertorié 754 cas de meurtres ou tentatives de meurtres de personnes malades par leur proche qui s'en occupait. Ces homicides sont systématiquement suivi d'un suicide (ou d'une tentative de suicide).
De son côté, Mr Ito essaye de se montrer courageux, mais son quotidien est loin d'être facile. "Chaque jour est une bataille, cela m'épuise (...) Le démon qui est dans l'esprit de ma femme, c'est vraiment quelque chose. Très dur à accepter".
Malgré les promesses du gouvernement, le problème semble très loin d'être résolu.
Ca m'étonnerait pas que la démence vienne aussi du train de vie de fou qu'ils mènent toute leur vie !
"Lors d'un entretien accordée à l'AFP, Mr Ito affirme qu'il y a un démon dans la tête de sa femme. Ils sont dans leur maison de Kawasaki, près de Tokyo"
Et c'est dans la première partie de l'article.
Lire avant d’émettre une critique c'est pas mal :)
"Le Japon a géré son système d'assistance sociale sur l'hypothèse que les membres de la famille prendraient les choses en main."
Donc il faudrait créer de nouvelles infrastructures. Et ça reviendrait cher aux personnes qui placeraient un membre de leur famille dans ce genre d'endroit (bah ouais, le gouvernement va pas dire : "c'est bon les gars, venez les déposer c'est gratuit")
Rien que le prix des maisons de retraites sans assistance médicale (juste la chambre et le personnel basique: nettoyage + cantine) est entre 1'500 et 2'000 €/mois en France.
Donc les gens qui arrêtent de travailler pour s'occuper de leur malades devront encore plus travailler juste pour payer une place dans ce genre de centre.
Ne soyons pas naifs, grace a toutes ces annees de droitisation de la politique, notre systeme francais est appelé a disparaitre et les problemes ne vont faire que s'aggraver, surtout chez ceux qui ne font pas partie de la frange bourgeoise de la société.
Je suis professionnel de sante et j'assiste au quotidien a la degringolade dangereuse de notre Sécurité Sociale, en quelques annees de profession (diplômé de 2007) je n'ai vu aucune mais aucune avancee positive significative pour la sante des gens. Il y a tres peu despoir que les choses changent malheureusement
C'est vraiment quelque chose que je ne souhaite à personne