Le dernier repas d'un énorme trou noir a permis d'en calculer la vitesse de rotation : 50% de la vitesse de la lumière
Les yeux constamment tournés vers le ciel, les astronomes ne cessent d'émettre de nouvelles théories, tout en cherchant à mieux connaître notre univers et éventuellement, un jour, en percer les secrets. Et même si certains éléments de notre système solaire restent entourés de mystères, certains appareils scrutent les confins de l'espace à la recherche d'intrigantes découvertes. Et après avoir mis le doigt sur un trou noir en 2014, l'Observatoire de rayons X Chandra en connait enfin la vitesse de rotation.
Des informations qui pourraient nous permettre de mieux connaître les trous noirs
Situé au cœur d'une galaxie, à environ 290 millions d'années-lumières de la Terre, ASASSN-14li est un trou noir supermassif possédant une masse réduite à une fourchette d'une à dix millions de fois la masse de notre Soleil, soit la masse approximative de Sagittarius A* (environ 4 millions de masses solaires), le trou noir situé au centre la voie lactée, notre galaxie. ASASSN-14li a été découvert en 2014 par le All-Sky Automated Survey for SuperNovae, ou ASASSN, un programme automatisé qui recherche de nouvelles supernovas, après avoir englouti une malheureuse étoile passée un peu trop près.
Dans une nouvelle étude sur ce trou noir, une équipe, menée par Dheeraj Pasham du MIT, s'est penchée sur les rayons X émanant du système de ASASSN-14li. Les scientifiques ont alors découvert que ces émissions suivaient un cycle de 131 secondes. Un signal certainement causé par un amas créé par l'étoile déchirée tournant autour de l'horizon, la partie d'un trou noir à partir de laquelle rien, ni même la lumière, ne peut échapper à ses ondes gravitationnelles.
"Le fait que nous puissions suivre cette émission de rayons-X à mesure qu'elle tourne autour du trou noir nous permet de suivre à quel point la trainée tourne rapidement dans le disque. Ça révèle des informations sur la vitesse de rotation du trou noir supermassif lui-même." indique Pasham dans un communiqué.
Si l'on en croit l'équipe de Dheeraj Pasham, ce trou noir possèderait une vitesse de rotation équivalente à 50% de la vitesse de la lumière, qui est d'environ 300 000 km/s. Toutefois, cette vitesse, bien qu'impressionnante pour nous autres humains, n'est pas hors du commun pour un trou noir. En effet, d'autres trous noirs supermassifs situés dans le même coin de l'univers, possèdent des vitesses de rotation estimées allant de 33% à 84% la vitesse de la lumière. Mais alors, que révèle concrètement cette nouvelle étude ?
Eh bien comme l'a indiqué mercredi Pasham au cours de la 233ème réunion de l'American Astronomical Society à Seattle, ces monstres peuvent principalement grandir en suivant deux manières distinctes : via des fusions à l'échelle d'une galaxie ou en récoltant régulièrement des matériaux environnants, comme la pauvre étoile suscitée. Une rotation relativement faible impliquerait que la fusion soit un facteur principal, la rencontre entre ces deux entités gigantesques ne permettant pas au trou noir en pleine expansion de pouvoir continuer à tourner dans une même direction aussi librement.
"L'horizon de ce trou noir est environ 300 fois plus gros que la Terre. Pourtant, le trou noir tourne si rapidement qu'il complète une rotation en environ deux minutes, là où la Terre met 24h pour tourner sur elle-même" assure Ron Remillard, co-auteur de l'étude et également membre du MIT.
"Ainsi, si un trou noir dont la vitesse de rotation est très élevée, un trou noir supermassif, ça nous apprend que peut-être, l'accrétion régulière était dominante" conclu Pasham. DJ est catégorique, ces nouveaux résultats pourront éventuellement permettre aux astronomes de comprendre davantage la manière dont fonctionnent les trous noirs. Un domaine qui tient particulièrement à cœur à Hollywood, qui ne manque pas de l'inclure dans bon nombre de blockbusters, comme Star Trek ou encore Interstellar, réalisé par Christopher Nolan.