Lorsque l'érotisme doit se dégoter un penchant jugé comme absurde, c'est généralement vers le Japon qu'il se tourne. Cette société conservatrice, bien que très ouverte dans le domaine artistique, reste ancrée dans une pudeur maladive. Un mouvement artistique y est né, l'Ero guro (érotico-gore), qui mélange érotisme et macabre, avec une pointe d'absurde et de monstruosité.
L'Ero guro, quand le macabre rencontre l'érotisme
Pieuvre s'exerçant à l'art du cunilingus sur une femme, samouraï découpant une adepte du bondage ou encore un homme-tronc sujet aux désirs sexuels de sa femme, l'Ero guro n'a pour limite que l'imagination de ses adeptes. Mouvement né aux alentours de 1930 et attribué à Edogawa Ranpo, l'Ero guro s'incruste aussi bien dans le domaine de la littérature que du cinéma. De nombreuses œuvres en découlent et l'adaptation sur grand écran résulte de trois noms : Noboru Tanaka, Shūji Terayama et Teruo Ishii. L'Ero guro orbite autour de plusieurs domaines : l'érotisme, le macabre ou encore le grotesque. Le tout est alors réuni et mélangé avec une bonne dose de farfelu. De manière à vous faire une idée du rendu cinématographique de l'Ero guro, découvrez la bande-annonce de Horrors Of Malformed Men réalisé par Teruo Ishii et sorti en salles en 1969.
L'Ero guro ne fait toutefois pas partie du domaine de la pornographie puisque ce mouvement se rapproche davantage de l'érotisme, avec l'incrustation d'actes horribles, comme la décapitation ou la torture. L'Ero guro plonge ses racines dans des œuvres plus anciennes comme les shunga, le nom attribué aux gravures érotiques japonaises. Outre les shunga classiques, représentant deux humains de bonne facture, certaines estampes mêlent humains et règne animal comme "Le Rêve de la femme du pêcheur" d'Hokusai, où une pieuvre exécute un cunilingus à une femme. Un style qui a, plus tard, inspiré le très connu genre du Hentai, qui s'est lui-même divisé dans tous les sens.
Le Rêve de la femme du pêcheur, Katsushika Hokusai, 1814
La faune, majoritairement représentée par des insectes d'une taille prédominante, est très présente dans le milieu de l'Ero guro. Cette préférence artistique ne se détache pas pour autant de ses mantras originaux que sont le macabre et l'érotisme. Comme le rappelle Vice, "dans les années 1930, cet univers visuel était pensé comme une réponse aux pressions économiques et politiques qui tenaillaient le Japon". Des créations qui ne sont pas forcément gores, mais découlent de ce mouvement artistique qui multiplie les thèmes. De l'acte sexuel standard à ses dérives scatophiles, le sexe y est omniprésent, sous des formes diverses, tout en épousant ses origines, l'érotisme et le macabre. Des œuvres parfois dérangeantes qui ont inspiré des genres nouveaux à travers les âges, aussi bien du côté artistique, que du côté littéraire.
Shintaro Kago
Suehiro Maruo
Meutre d'Ohagi par Saisaburô, Tsukioka Yoshitoshi, 1866/1867
Par Billy, il y a 6 ans :
Sont bizarres ces japonais....
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