Huit chefs d'oeuvre de Martin Scorsese dont on ne se lasse pas !
On l'attendait, et elle est enfin sortie : la bande-annonce de The Irishman, le nouveau film de Martin Scorsese, est impressionnante. En même temps, pouvait-il en être autrement avec les retrouvailles de Marty avec Robert De Niro (son acteur fétiche), Joe Pesci et Harvey Keitel, rejoints par le grand Al Pacino. Face à ce rendez-vous des légendes du cinéma, comment ne pas être soufflé ? Alors, pour être à la hauteur de cet événement quasi-historique, rendons hommage à la filmographie de Martin Scorsese, ce cinéma légendaire à qui l'on doit quelques-uns des plus grands chefs d'oeuvre du Septième Art, par le biais de huit de ses plus grands films.
1 - Taxi Driver
Si Taxi Driver (1976) n'est bien évidemment pas le premier film de Martin Scorsese ni même son premier succès - Meen Streets, son premier film de gangsters avec Robert De Niro, sorti en 1973, ainsi que Alice n'est plus ici, sorti en 1974 avaient déjà connu un certain succès -, Taxi Driver demeure pour certains le premier film de Scorsese portant la marque d'un très grand réalisateur. Taxi Driver raconte les aventures de Travis Bickle (magistralement interprété par Robert De Niro), ancien marine reconverti en chauffeur de taxi roulant dans la nuit new-yorkaise, afin d'occuper ses insomnies. Toujours au bord de sombrer dans la folie, toujours à la limite de la morale, Travis erre dans New York. De sa relation amoureuse avortée avec Betsy (faut dire que l'invité dans un cinéma porno n'était peut-être pas la chose à faire) au sauvetage de la jeune prostituée de 12 ans Iris (campée par Jodie Foster), la nuit de Travis se retrouve être à la croisée entre un roman de Don DeLillo et L'Attrape-coeur de Salinger. Cette dichotomie magistrale, à la base même des plus grands films de Scorsese, est l'une des raisons pour lesquelles ce film est impérissable, et s'avère être encore, plus de quarante ans après, un film culte. Sans compter son lot de scènes cultes, dont celle où, Travis s'entraîne avec son pistolet devant son miroir, et lâche un "You talkin' to me ?", qui allait être gravé au fer rouge dans la Pop Culture. Couronné de la Palme d'Or, Taxi Driver ne se contente pas d'annoncer toute la filmographie future de Scorsese : c'est avant tout un grand film.
2 - Raging Bull
Raging Bull (1980) est un film profondément paradoxal. Parce qu'il s'agit d'un des plus beaux films du Nouvel Hollywood (ce groupe de réalisateurs composés par Steven Spielberg, George Lucas, Brian De Palma, Francis Ford Coppola et Martin Scorsese, et qui ont changé à jamais la face du cinéma américain), tout en précipitant la fin par son ambition folle. Parce qu'il s'agit d'un film aujourd'hui adulé, alors qu'il n'eut qu'un succès d'estime à sa sortie, remboursant à peine les frais engendrés par la production. Parce que c'est Robert De Niro qui a fait des pieds et des mains pour que Martin Scorsese réalise ce film, qui s'y refusait au début, c'est avant tout l'histoire du Scorsese de la fin des années 70 qui se cache derrière cette adaptation en noir et blanc de l'autobiographie du boxe Jake LaMotta. Parce que si on associe souvent en tout premier lieu le cinéma de Scorsese aux films de gangsters (ignorant au passage de nombreux axes de sa riche filmographie), Raging Bull est très certainement l'un des films les plus scorsesien dans ce qu'il raconte. Raging Bull raconte la Gloire, la Déchéance et la Rédemption du boxeur Jake LaMotta (qu'interprète avec génie Robert De Niro). Et c'est dans cette symphonie en trois mouvements que se révèle le cinéma de Scorsese. La plus grande partie de ses films (ou du moins ses meilleurs), de Raging Bull au Loup de Wall Street, en passant par Les Affranchis et Aviator, raconte la même chose : l'incroyable montée en puissance d'un homme, aussitôt suivie par sa chute encore plus fracassante, suivie d'une quête de rédemption qui sonne comme l'achèvement d'un chemin de croix existentiel. Comme nous l'avons dit plut tôt, c'est plus l'histoire de Scorsese que celle de De Niro qui se cache derrière ce film magnifique. Scorsese venait se sortir exsangue du tournage de sa comédie musicale New York New York, qui n'eût pas le succès qu'il méritait (alors qu'il annonçait les grands succès musicaux des années 2010, de La La Land à A Star is Born), et d'une overdose quand il pris la décision de tourner finalement Raging Bull. Courez voir ce film si ce n'est pas déjà fait ! Il s'agit par ailleurs d'un des meilleurs films de De Niro, pour lequel il gagna un Oscar du Meilleur Acteur.
3 - Les Affranchis
En 1990, Martin Scorsese sort l'un de ses films les plus adulés à travers le monde : Les Affranchis. Comme pour Raging Bull, Scorsese sort exsangue d'un tournage difficile pour un film qui n'eût pas le succès mérité (La Dernière Tentation du Christ, très bon film sorti en 1988, et dont la sortie fut suivie de vives polémiques et de violentes réactions de la part de quelles croyants de confession chrétienne, dont des salles de cinéma brûlées). Les Affranchis est sans aucun doute une bouffée d'air frais pour le réalisateur, qui semble une fois encore décidé à parler de lui. Comme tous les fans de Scorsese le savent, quand il était plus jeune, le jeune réalisateur voulait devenir soit prêtre, soit gangster. Et, en un sens, les aventures du jeune Henry Hill, citoyen américain issue de l'immigration italienne et irlandaise, et qui fait tout pour devenir un gangster reconnu, Les Affranchis semble être, pour le réalisateur de Taxi Driver, à une uchronie : que se serait-il passé s'il était devenu gangster ? Dès la première phrase du film, on comprend l'objectif du réalisateur : "Autant que je me souvienne, j'ai toujours rêvé d'être un gangster." Les Affranchis ressemble, par certains aspect, à un documentaire, tant le réalisateur s'attache à nous montrer, dans les moindres détails, le fonctionnement, les us et les coutumes, les codes de conduite, des gangs américains. Mais si ce film est un chef d'oeuvre, c'est avant tout dans sa façon de réinterpréter le mythe du gangster qu'avait cristallisé Coppola dans la trilogie Le Parrain. De figure quasi-aristocratique chez Coppola, le gangster scorsesien devient à hauteur d'homme, fringué en jogging. Ce qui n'enlève rien à la toute-puissance de ces malfrats qu'on aime tellement. Cette déconstruction du mythe du gangster a profondément inspiré Terrence Winter pour sa série Les Soprano, qui est un véritable hommage au chef d'oeuvre de Scorsese. On admire également ce film pour la position qu'il occupe dans la filmographie de Scorsese. Raging Bull avait révolutionné en 1980 le cinéma scorsesien en lui apportant le fameux schéma "rise and fall" (gloire et rédemption), Les Affranchis révolutionne le cinéma de Marty en lui octroyant une dimension de fresque. Avec Les Affranchis, le cinéma de Scorsese ressemble de plus en plus, par sa démesure, à une succession d'opéras violents, avec comme bande-son un rock tantôt fiévreux, tantôt nerveux. Et tous les moyens sont bons pour que Scorsese forge un cinéma à la hauteur de sa démesure, le réalisateur perfectionnant dans Les Affranchis son sens du travelling, devenu si caractéristique par la suite de son cinéma. Mention spéciale également à l'acteur Joe Pesci, qui joue ici Tommy DeVitto, un gangster psychopathe impulsif, ce qui lui valu l'Oscar du Meilleur Acteur dans un Second Rôle. Si les autres acteurs (Robert De Niro et Ray Liotta) sont excellents, Pesci crève l'écran ! On se fait une joie de le revoir prochainement dans The Irishman !
4 - Casino
Avec Casino, sorti en 1995, Martin Scorsese revient pour la troisième fois au film de gangsters, avec (à mon sens) son meilleur film. Casino raconte la montée en puissance du gangster Sam "Ace" Rothstein (magistralement interprété, comme d'habitude, par Robert De Niro), qui règne en maître sur Las Vegas, depuis le Casino-Hotel Le Tangiers. Il tombera amoureux d'une prostituée, Ginger McKenna (magnifique Sharon Stone), avec qui il fera un enfant. Mais alors qu'il veut la posséder, elle, trop sublime, ne fait que lui fait que lui échapper. La déchéance amoureuse de Rothstein aura des conséquences non négligeables sur la mécanique bien huilée du Casino. En un sens, Casino est l'anti-Les Affranchis. Dans Les Affranchis, les gangsters, bien que tout-puissants, sont à hauteur d'hommes : ils portent des jogging, vivent dans des maisons de banlieue criardes, leurs femmes sont trop maquillées. Dans Casino, les gangsters sont des demi-dieux, transcendant par leur splendeur le gangster aristocratique de Coppola. En un sens, si Les Affranchis a inspiré Les Soprano, Casino a inspiré Boardwalk Empire (la série que Terrence Winter et Scorsese ont créée pour HBO) et Peaky Blinders (le chef d'oeuvre de la BBC). Pour Scorsese, ce catholique passionné par le crime organisé, rien n'est plus beau que de voir un Dieu chuter. En un sens, bien qu'ils appartiennent à deux genres différents (la fresque de gangsters et la fresque historique sur fond théologique), Casino annonce Silence, un autre grand film Scorsesien.
5 - Les Infiltrés
La présence dans cette sélection des Infiltrés des meilleurs films de Martin Scorsese fera peut-être polémique dans les commentaires. Toutefois, il nous était impossible de ne pas inclure ce film dans cet article, et ce pour plusieurs raisons. Bien qu'il s'agisse d'un remake de l'excellente trilogie hongkongaise Infernal Affairs, et que cette propension des grands studios hollywoodiens à produire des remakes des films étrangers qui marchent à l'international, comme pour mieux asseoir l'hégémonique culture américaine, a tendance à nous agacer, la place des Infiltrés coule de source. Tout d'abord, parce que nous avons écrit cet article suite à la sortie de la bande-annonce de The Irishman, qui sonne comme le retour de Scorsese au film de gangsters - genre qu'il a sublimé. Et Les Infiltrés est, à ce jour, le dernier film de gangsters réalisé par Scorsese. Ensuite, parce qu'il s'agit du seul film pour lequel Martin Scorsese a gagné l'Oscar du Meilleur Réalisateur (ce qui est en soi un véritable scandale, puisqu'il aurait mérité cette récompense pour de nombreux autres films). Enfin, parce que quoiqu'on en dise, Les Infiltrés reste un bon film et un bon Scorsese. Cette histoire de jeu du chat et de la souris, entre un flic infiltré chez les gangsters (qu'interprète tout en subtilités la nouvelle coqueluche de Scorsese, un certain Leonardo DiCaprio) et d'un gangster infiltré chez les flics (joué par Matt Damon a top de sa forme) est passionnante. Le jeu d'acteur est très bon (avec une mention spéciale au gigantesque Jack Nicholson et à Mark Wahlberg, dont c'est l'un des meilleurs rôles). La musique très rock est on ne peut plus scorsesienne, et l'histoire de Colin Sullivan (Matt Damon) est on ne peut plus symbolique du leitmotif du rise and fall auquel Scorsese est si profondément attaché. Le rythme est mené tambours-battants, servi par une réalisation de haut niveau, comme d'habitude chez Marty. S'il ne s'agit pas de son meilleur film, il n'en demeure pas moins qu'on passe un excellent moment devant Les Infiltrés, et que nous le revoyons avec un plaisir jamais dissimulé !
6 - No Direction Home : Bob Dylan
Et oui, si Martin Scorsese compte parmi nos meilleurs réalisateurs de cinéma, il est aussi un grand réalisateur de séries (Boardwalk Empire et Vinyl) et un très très très grand réalisateur de documentaires musicaux. On ne le sait pas toujours, mais Martin Scorsese est un grand fan de musiques. Non content d'avoir créé une série de documentaires appelée Martin Scorsese présente le blues, il a aussi réalisé l'excellent concert The Last Waltz du groupe The Band (un des plus grands concerts de rock de l'Histoire, avec en guest Bob Dylan, Eric Clapton, Van Morrison, Neil Young, Neil Diamond, Ringo Starr, et plein d'autres artistes époustouflants), le concert Shine a Light des Rolling Stones et le documentaire George Harrison : Living in the Material World, sur le plus mystique des quatre Beatles. Mais son plus gros coup de maître reste No Direction Home : Bob Dylan, un documentaire sur ce chanteur et poète révolutionnaire qui a gagné en 2016 le Prix Nobel de Littérature. Sorti en 2005, No Direction Home (qui fait explicitement référence à la chanson Like a Rolling Stone) est sans aucun doute le meilleur documentaire musical que vous verrez. Scorsese, plus discret que jamais, laisse parler Bob Dylan (ce qui, avouons-le, est une rareté !), qui évoque son passé, ses souvenirs, son amour pour le folk, pour Kerouac, pour Ginsberg. No Direction Home est un documentaire unique, et pas uniquement parce que Dylan se confie comme rarement. Mais aussi, et surtout, par sa construction (avec un début et une fin qui se répondent), et qui épouse au mieux la poésie extraordinaire de Dylan. Cette construction circulaire qui semble pouvoir contenir le monde permet à Scorsese d'appréhender le génie de Dylan, de rentrer dans le mystère ineffable de ce poète hors-pair sans jamais le mystifier. S'il y a des zones d'ombre, si les paroles de Dylan apporte parfois plus de questions que de réponses, Scorsese s'en satisfait, parce que c'est dans cette épaisseur du mystère que se révèle véritable Bob Dylan. Mais plus qu'une déclaration d'amour muette à Dylan, No Direction Home est également un film profondément scorsesien : comme Jake LaMotta dans Raging Bull, comme Ace Rothstein dans Casino, comme Howard Hughes dans Aviator, Bob Dylan est un Dieu scorsesien. Un dieu qui connut gloire (dans sa période accoustique et contestaire, de The Freewheelin' Bob Dylan à Another Side of Bob Dylan) et déchéance (sa période électrique et surréaliste, de Bringing All Back Home à Blonde on Blonde). Mais là où Dylan est un dieu Scorsesien bien particulier, c'est qu'il n'a jamais été aussi génial que dans sa période de déchéance, quand il se faisait insulter de judas par le public, parce qu'il avait osé utiliser une guitare électrique. Avant-gardiste tant dans son approche musicale que dans son approche poétique, il a écrit la majorité de ses plus grands textes à cette époque où le public lui tournait le dos, parmi lesquels Desolation Row, Visions of Johanna ou Mr. Tambourine Man. Comme d'habitude chez Scorsese, la Gloire et la Déchéance se doivent d'être suivie d'une rédemption, même fugace. Chez Dylan, sa (fausse) rédemption prendra la forme d'un accident de moto. Si nous avons mis No Direction Home : Bob Dylan dans cette sélection, c'est non seulement parce qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre (de plus de trois heures !), mais aussi parce qu'il nous permet de rappeler un fait essentiel : on ne peut résumer la filmographie de Scorsese aux seuls films de gangsters qu'il a réalisés (Mean Streets, Les Affranchis, Casino, Gangs of New York, Les Infiltrés et Boardwalk Empire). La filmographie de Scorsese contient de nombreux axes : son amour pour le crime, son amour pour la religion (La Dernière Tentation du Christ, Kundun, Silence), son amour pour le cinéma (Aviator, Hugo Cabret), son amour pour la musique (ses documentaires, ses concerts, la série Vinyl). La musique est si importante pour Scorsese qu'il a été le premier à inclure des morceaux de rock au cinéma, dans Mean Streets, en 1973, ouvrant la voie à Quentin Tarantino dès Reservoir Dogs. Donc courrez voir No Direction Home ! A noter par ailleurs que Martin Scorsese a réalisé un nouveau documentaire inédit sur Netflix, sorti en 2019, intitulé Rolling Thunder Revue : a Bob Dylan story. Là encore, il s'agit d'un très grand film !
7 - Le Loup de Wall Street
Très grand succès critique et publique, Le Loup de Wall Street (2013) sonne comme l'apothéose de la collaboration de Martin Scorsese et son nouvel acteur fétiche, Leonardo DiCaprio, alors au sommet de sa gloire. Rien que pour la performance d'acteur de DiCaprio, véritable génie charismatique, ce film est à voir. (DiCaprio aurait mérité un Oscar pour son jeu d'acteur dans ce film !) Profondément scorsesien dans sa construction (le fameux rise and fall), l'histoire de Jordan Belfort, ce courtier en bourse devenu milliardaire suite à des arnaques et autres malversations, est l'occasion pour Scorsese de réitérer sa construction et la destruction d'un Dieu. Comme souvent chez Scorsese, un dieu se construit par le vice, et se détruit par la légalité. Le Loup de Wall Street, c'est une avalanche de sexe, de drogues, de bling-bling. Mais le génie de Scorsese est là : parvenir à ne pas ennuyer le spectateur avec ces trois heures de vices en tout genre. Pour cela, il utilise avec brio toutes ses techniques de réalisateur surdoué, ainsi qu'un don pour inné pour l'ironie. Car, avouons-le, Le Loup de Wall Street est très certainement le film le plus drôle de Martin Scorsese. Et c'est là encore une contradiction d'un réalisateur fasciné par les paradoxes et les dichotomies. En un sens, Le Loup de Wall Street peut sonner comme l'anti-Valse des Pantins, qui racontait l'histoire d'un comique raté interprété par Robert De Niro, et qui n'était pas forcément drôle (bien qu'il s'agissait d'un très bon film). Le sujet du Loup de Wall Street n'est pas foncièrement drôle, mais comment garder son sérieux devant tant de démesures ?
8 - Silence
Dernier en film en date de Martin Scorsese, Silence (2016) ne plaira pas forcément à tout le monde. Par exemple, le vidéaste Durendal a particulièrement vilipendé le film dans l'une de ses vidéos (bien que je sois convaincu qu'il soit passé à côté du film et de son propos). Néanmoins, quand on connait bien la filmographie de Martin Scorsese, on ne peut qu'être passionné par cette fresque monumentale de deux heures quarante, sur fond d'inquisition contre le christianisme dans le Japon féodal. L'Histoire se passe au XVIIème siècle. Deux jésuites magistralement interprétés par Andrew Garfield (The Amazing Spiderman) et Adam Driver (Star Wars, BlackKklansman, The Dead Don't Die) voyagent au Japon pour retrouver leur mentor, le Père Ferreira, interprété par Liam Neeson (Star War : La Menace Fantôme, Kingdom of Heaven, Gangs of New York). Mais leur voyage au Pays du Soleil Levant, qui vit au rythme d'une inquisition impitoyable contre les chrétiens, ne sera pas de tout repos, et mettra en danger leur foi. Ne vous méprenez pas : ce film n'est aucunement un film raciste, anti-japonais. Bien au contraire. Il s'agit plutôt d'un film qui tente d'expliquer pour quelles raisons l'implantation de la religion chrétienne était par essence impossible dans le Japon féodal, car elle ne pouvait se faire que par le biais d'un travestissement. Scorsese pose également la question : l'inquisition japonaise aurait-elle été si violente si la christianisation du Japon les portugais s'était faite moins violemment ? En soi, c'est tout une réflexion sur la religion, le lien entre l'individu, le politique et le sacré, et sur la culture que dresse avec brio Martin Scorsese dans ce film époustouflant de beauté. Si certains trouveront peut-être quelques longueurs, il s'agit très certainement d'un des films de Scorsese le plus beau d'un point de vue formel, et le plus riche d'un point de vue philosophico-politique. Sans toutefois oublié d'être habité par une force personnelle qu'on ne retrouve que chez les plus grands réalisateurs. Un chef d'oeuvre !
Nous n'avons pas pu mettre tous les films de Martin Scorsese, et nous avons dû faire des choix cornéliens. Malheureusement, choisir c'est renoncer, et en choisissant ces huit films, nous avons donc dû renoncer à d'autres films que nous adorons, et qui aurait amplement mérité que nous les traitions dans cette sélection, comme La Valse des Pantins, New York New York, Le Temps de l'Innocence, Les Nerfs à vif, Gangs of New York, Aviator, Shutter Island et Hugo Cabret. Nous aurions aussi pouvoir traiter des deux séries HBO qu'il a produites, et dont il a réalisé les pilotes, Boardwalk Empire ( un chef d'oeuvre) et Vinyl.
Mais bon, on se console en se disant qu'arrive bientôt The Irishman (voir image ci-dessus), un nouveau grand film de gangsters avec Bob De Niro (qui signera sa neuvième collaboration avec Marty, qu'il n'avait plus croisé sur un plateau depuis Casino en 1995), Harvey Keitel (autre grand habitué du cinéma Scorsesien, avec qui il a tourné cinq films, dont Mean Streets, Taxi Driver et La Dernière Tentation du Christ, en 1989, et qui fut leur dernière collaboration), Joe Pesci (qui s'est magistralement illustré dans les trois chefs d'oeuvre Raging Bull, Les Affranchis et Casino, avant de s'éloigner du cinéma) et Al Pacino (l'autre grand acteur avec De Niro des films de gangsters, qu'il a participé avec rendre populaires avec des films comme Scarface, Le Parrain 2 et Heat, et qui signera sa première collaboration avec Scorsese). Autre grande nouvelle, sortira en 2020 un nouveau film de Martin Scorsese, qui réunira pour la première fois sous son égide ses deux acteurs fétiches, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio, dans le film Killers of the Flower Moon, qui racontera les meurtres dans la tribu amérindienne Osage au début du XXème siècle, et qui conduira à la création du FBI ! On a hâte !
Pour ma part j'ai toujours été un fervent défenseur des Infiltrés et il a pour moi toute sa place dans le top 8