Le projet de résurrection de cette espèce disparue est très sérieux, et pourrait bien avoir un gros impact écologique

Une société américaine dirigée par deux chercheurs envisage de ressusciter une espèce de mammouth disparue il y a très longtemps afin de lutter contre le réchauffement climatique. Un projet qui dépasse le stade du pari puisqu'il est en bonne voie.

Un projet très sérieux

Il y a plusieurs mois de cela, nous vous parlions de ce projet fou d'Elon Musk à travers sa société Neuralink de créer un véritable Jurassic Park, avec de vrais dinosaures génétiquement modifiés. Pari qui avait généré les railleries de la part de la communauté scientifique.

Aujourd'hui, une société privé américaine spécialisée dans les biosciences, du nom de Colossal, planche sur la restructuration d'une autre espèce disparue depuis 4000 ans : le Mammouth Laineux. Il s'agit d'une espèce de Mammouth vivant principalement en Arctique. Un pari fou, mais sérieux puisque Colossal a réussi une levée de fond de 15 millions de dollars pour financer son projet intitulé "Désextinction". Il y a plusieurs mois de cela, nous avions évoqué le sujet. Toutefois, il semble davantage concret aujourd'hui, et pourrait même devenir une réalité.

Avec ce financement, la société envisage de développer une espèce hybride à partir de l'ADN d'un éléphant d'Asie prélevé à partir de cellules de sa peau. Celui-ci partageant 99,6 % de son ADN avec l'espèce originale de mammouth. Après avoir synthétisé les gènes, les placer dans l'embryon d'un éléphant d'Asie et de le remettre dans le ventre de la génitrice, l'objectif est d'obtenir un premier bébé dans moins de trois ans.

Une cause environnementale

Derrière cela, il s'agirait non pas d'un caprice de mégalomane, mais d'une cause environnementale. Le but est de ralentir la fonte du permafrost grâce à leur activité naturelle dans les steppes de la région de l'arctique. En effet, les mammouths laineux sont capables d'abattre des arbres et de redonner vie à ces prairies. Celles-ci permettent de capter le dioxyde de carbone et de supprimer le méthane, deux gaz à effet de serre.

Le projet "Désextinction" de Colossal concerne la résurrection du mammouth laineux - ou plus particulièrement d'un éléphant résistant au froid avec tous les traits biologiques essentiels du mammouth laineux", explique la société du son site web. "Il se déplacera comme un mammouth laineux, il lui ressemblera, mais surtout, il sera en mesure d'habiter au sein du même écosystème précédemment abandonné par l'extinction du mammouth".

Le professeur Love Dalen, du centre paléogénétique de Stockholm s'est exprimé sur le sujet, et ne semble pas enthousiaste.

Personnellement, je ne pense pas que cela aura un impact sur le changement climatique à l'avenir (...) Il n'y a pratiquement aucune preuve à l'appui de l'hypothèse selon laquelle le piétinement d'un très grand nombre d'arbres par ces mammouths aurait un impact sur le changement climatique, et à mon avis, il pourrait même avoir un effet négatif sur les températures".

Georges Church, pionnier du séquençage génétique

Pourtant, Georges Church, co-fondateur de la société, est Professeur à Harvard et au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Cambridge (Massachusetts), il est l’un des pionniers du séquençage génétique, et est connu pour avoir inventé des moyens de lire et éditer l’ADN.

Déjà en 2013, il avait donné une conférence TEDx, où il expliquait se pencher sur la création d'espèces hybrides. En 2017, il annonçait avoir déjà introduit quelques éléments d’ADN de mammouth dans des cellules d’éléphant d’Asie. Puis, l'année suivante, il s’est rendu au Musée des mammouths à Yakoutsk, en Sibérie afin de prélever des échantillons de tissus de ces mammouths en question.

 Si vous prenez cette boîte à outils [l’édition des génomes, pour modifier des cellules souches], vous avez tous les instruments à votre disposition pour empêcher l’extinction ou pour sauvegarder des espèces en danger critique de disparition » a précisé Ben Lamm, l’autre co-fondateur de Colossal, au site TechCrunch.

Si d'autres experts dans le domaine ont fait part de leurs vives inquiétudes, notamment sur la sociabilisation de ces "hybrides" face aux éléphants, le projet est en bonne voie. Mais les travaux de Church et Ben Lamm n'en sont qu'à leurs débuts. Et il faudra probablement attendre de nombreuses années avant de voir ces pachydermes piétiner leurs premiers arbres.